[SHINBUN] Olrik’s Fabulous Weekly Shinbun #4 : Angoulême, Atom, Scorsese, Bonten Taro et Kisenosato tient son Graal !

ANGOULÊME

J-1 avant d’aller au festival d’angoulême avec un Olrik jr et un Olrik the 3rd déjà passablement excités. Au programme : se rendre en priorité aux expositions consacrés à Herman et Will Eisner. Pour ce qui est du Japon, il faut bien reconnaître qu’après l’événement Otomo de l’édition 2016, on est redescendu d’un cran. Cela dit, on ne fera certainement pas l’impasse sur l’exposition consacrée à Kazuo Kamimura, stakhanoviste du manga, un des maîtres du gekiga et père de la magnifique et dangereuse Lady snowblood. L’expo a lieu dans le musée d’Angoulême et sera visible jusqu’au 12 mars.

Et on essaiera sinon d’obtenir une dédicace d’un ou plusieurs mangakas ayant fait le déplacement. Chez Casterman, on aura par exemple Miki Tori ou Mari Yamazaki mais c’est surtout le stand du Lézard Noir dans la bulle du Nouveau Monde qui attirera toute mon attention avec la présence d’Eldo Yoshimizu. Ma dernière dédicace date d’il y a deux ans avec un beau dessin de Suehiro Maruo, il faut que j’en ajoute une coûte que coûte à ma collec’ !

MUSIQUE

Toujours chez le Lézard Noir, signalons sur leur boutique web la présence d’un chouette petit objet :

« Cet album paru à l’origine en 1972 comprend 12 titres chantés par le mangaka/tatoueur Bonten Taro évoluant dans le style Enka. Introuvable depuis plus de 40 ans, l’enregistrement est présenté ici sous la forme d’un digisleeve avec un livret de 24 pages de textes (en français, anglais et japonais) avec de nombreuses photos inédites. »

Bien sûr, l’enka, faut aimer, mais voici tout à fait le type d’objet susceptible de séduire l’amateur de mangas remplis de personnages de yakuzas et de femmes fatales en kimono. Initiative intéressante en tout cas, et on rêve que le Lezard explore un peu plus cette voie, en rééditant certains albums emblématiques d’une certaine pop culture japonaise vintage, pas forcément en rapport avec le manga (comme par exemple le Kokotsu no sekai de Reiko Ike, je dis ça, je dis rien…).

PRESSE

Restons dans les mangas avec la sortie d’un magazine spécialisé. Le dernier en date était le virus Manga, bimensuel éphémère dont la commercialisation fut stoppée en 2005, faute d’un lectorat suffisant. Étonnamment, aucun magazine ne reprit le flambeau durant les dix années qui suivirent, jusqu’à maintenant donc, avec la sortie d’Atom. Derrière le projet, le tatoué Fausto Fazulo de Mad Movies (et voix intéressante dans l’émission Mauvais Genres, compensant un peu la perte de Jean-Baptiste Thoret) qui semble avoir eu à coeur de faire la part belle au manga contemporain et surtout de donner la parole aux mangakas eux-mêmes. N’ayant pas encore un exemplaire entre les mains (au fin fond de ma province, je vais aller chercher cela cette après-midi mais c’est pas gagné ; sinon j’attendrai Angoulême demain), je ne me prononcerai pas sur la qualité mais tout donne à penser, au vu du sommaire, que le magazine va vite devenir un incontournable sur le sujet. On avait Otomo, revue généraliste qui jouait sur la fibre vintage (mais qui avait aussi quelques articles bien troussés sur les mangas), on a maintenant Atom (marrante la proximité phonétique des titres). De quoi se tenir au courant et d’apprendre tout plein de choses intéressante sur l’univers du manga.

CINÉMA

Rappelons que c’est le 8 février que sort Silence de Martin Scorsese. Et rappelons aussi une information plutôt passée sous silence, à savoir qu’il s’agit d’un remake d’un film de Masahiro Shinoda :

La version de Scorsese sera-t-elle meilleure ? A lire les critiques tièdes, on peut en douter, même si d’autres semblent indiquer que le spectacle vaut le détour. Après, comme il s’agit de la première incursion de Scorsese au Japon, le projet est forcément un peu intriguant. Probable qu’on en reparle prochainement.

SUMO

Le suspense n’aura pas duré longtemps. Dès le lendemain de sa victoire au Hatsu Basho, personne n’avait de doute sur la prochaine accession de Kisenosato au rang de yokozuna et le mercredi qui suivait, les Japonais avaient enfin la belle surprise d’apprendre que le 72ème yokozuna était un Japonais, plus de quinze ans après Wakanohana.

Rien de scandaleux à cela. Certes, l’accession au titre ne s’est pas faite par la voix royale des deux victoires consécutives. Certes, Kisenosato est le vainqueur d’une tournoi parasité par de nombreux forfaits (dont ceux de deux yokozunas) pour cause de blessure. Mais à côté de cela, il est au sommet de son expérience et a terminé une remarquable année 2016 (y manquait juste un tournoi remporté). Symboliquement aussi, il a terminé le Hatsu Basho en gagnant contre Hakuho, victoire importante qui a permis de donner à son score de 14-1 encore plus d’allure. Bref, rien de vraiment immérité dans cette promotion. En fait, le drame de Kisenosato est d’avoir pratiqué le sumo en même temps qu’un golgoth s’appelant Hakuho. Un peu comme les tennismen qui maudissent le fait de pratiquer en même temps que le Big Four, plus d’un sumo a du prendre son mal en patience face à un Hakuho emportant tout sur son passage. Si Hakuho n’avait pas existé, il ne fait aucun doute que le compteur de trophées remportés aurait été débloqué depuis belle lurette pour Kisenosato.

Mais maintenant qu’Hakuho approche de la fin de sa carrière, il semblerait que la donne ait quelque peu changé. Exactement comme un Roger Federer bloqué à 17 victoires en grand chelem mais qui reste, malgré son âge, déterminé à en acquérir un 18ème, il y a chez Hakuho cette faim toujours inassouvie de gagner d’autres titres. Hors, ça coince depuis quelque temps. La machine est toujours redoutable et semble parfaitement capable d’empocher une 38ème victoire, mais il y a maintenant ce petit manque de chance qui contrecarre ses plans, manque de chance qui pour l’instant avait été l’apanage de Kisenosato en l’empêchant de remporter des titres sous l’ère de Hakuho. On peut aussi maintenant parier que maintenant qu’il est yokozuna et que le signe indien est vaincu, Kisenosato va peut-être lâcher les chevaux en essayant de rattraper le temps perdu. Il a goûté une fois au plaisir de toucher la coupe de l’empereur et de brandir la daurade géante symbolisant la victoire, on peut croire que ça a dû lui ouvrir l’appétit. Et comme il connaît le prestige d’être l’unique yokozuna japonais après quinze années de disette, on imagine une envie de bien faire et une motivation qui risquent de le rendre redoutable. Bien sûr, je peux me tromper, tout cela pouvant contribuer aussi à le paralyser mais je ne sais pas, s’il ne se blesse pas, je serais fort surpris de ne pas voir un autre tournoi de cette année tomber dans son escarcelle.

En tout cas, ce sera peut-être chaud pour les autres de s’immiscer entre Hakuho et Kisenosato, même si les derniers tournois ont plutôt prouvé le contraire. le sumo connaît en ce moment une transition intéressante. La fin prochaine de quatre grands champions (Kakuryu et Harumafuji n’étant pas non plus des jeunes premiers) et la montée en puissance de jeunes pousses, parmi lesquelles un rikishi comme Mitakeumi me semble promis à un bel avenir. Après le rouleau comrpesseur Hakuho, ça laisse augurer de tournois beaucoup plus ouverts (ils le sont déjà). En attendant, je n’ai qu’une hâte : voir au tournoi d’Osaka ce que va donner Kisenosato dans son costume de yokozuna. Si cela le libère et consolide son assurance, ça va faire mal.

Attention ! Cet homme a faim, il veut d’autres daurades géantes !

Lien pour marque-pages : Permaliens.

15 Commentaires

  1. Si je peux me permettre d’ajouter un (triste) addendum au volet CINEMA de ce « Weekly Shinbun »: la disparition d’Emmanuelle Riva: la si inoubliable interprète d' »Hiroshima mon Amour », d’Alain Resnais – à jamais un de mes films culte.
    Ce week-end, au Japon, nulle mention d’elle dans les radios ou télés (à moins que cela m’ait échappé), mais tout de même une (petite) brève dans l’un ou l’autre grand quotidien: Mainichi ou Yomiuri.

    RIP
    PS: Désormais, et du coup, « il n’y a plus rien à Nevers »?

    • Yep, tu fais bien de te permettre, j’ai vu l’info après avoir publié l’article. Je gage que les médias japonais parleront davantage de la mort de Delon ^^.

  2. Et R.I.P. Hiroki Matsukata.

    • Oui, disparition évoquée sur la page FB du site mais j’aurais pu le faire de nouveau ici, c’est vrai.Merci d’avoir complété avec cette vidéo so 80’s.
      null

  3. Il est classe avec sa tsuna. J’ai longtemps cru qu’il n’y arriverait jamais.

    Du côté de mongols, j’ai peur qu’Harumafuji soit le premier à lâcher la barre, même si j’adore son style. Il est brisé physiquement et avec quatre yokozuna, il y a de quoi assurer la fonction aujourd’hui. Si la pression physique et les blessures deviennent trop dures, je pense qu’il se retirera.

  4. Tu es dû voir son premier yokozuna dohyo-iri,classe aussi :
    https://www.youtube.com/watch?v=3c4bUgYyukk
    Pas impossible ce que tu dis sur Harumafiji. Après, ils ont tous la trentaine et le quatuor peut assez vite partir en fumée. C’est quoi le grand maximum pour un sumo ? 32 ans ? 35 ans ? Oui, il va vraiment falloir profiter des prochains bashos pour s’en mettre plein les mirettes.

    • Oui, classe ! Je ne sais pas le style qu’il utilise par contre (je n’ai pas assez l’oeil pour ça).

      Oh, un sumo ça peut aller bien plus loin si on évite les blessures. Regarde Takekaze, 37 ans et il se porte toujours hyper bien. Ca dépend des individus je crois. Je pense qu’à partir de 35 ans on entre clairement dans la catégorie « fin de parcours », mais enfin ça peut durer des années. Tiens à propso, j’ai bien peur qu’on ne revoit plus le génial Aminishiki en première division.

      Le truc avec Hakuho, c’est qu’il a très peu de blessure. Partant de là, tant qu’il n’aura pas battu tous les records encore en cours, il n’a aucune raison d’arrêter.

      • « Le truc avec Hakuho, c’est qu’il a très peu de blessure. »
        Oui, je crois me souvenir que son corps était vierge de tout bandage (comme Kisenosato aussi) au dernier basho. Clairement, on ne le sens pas près de s’arrêter. Et c’est tant mieux, moi qui ai zappé le sumo durant pas mal d’années, bien content d’admirer un tel monstre.
        Je ne savais pas que Takekakaze était aussi âgé. J’avoue que j’ai un petit délire avec lui à chacune de ses apparitions car ses paupières gonflées me rappellent le visage d’un prof que j’ai eu à la fac. ^^

        • J’aime bien les vétérans en général simplement parce que je suis habitués à eux et c’est cool de les voir donner des leçons à des petits jeunes de 10 ans de moins. Il était royal sur le dernier basho. Son comparse Yoshikaze, un autre vieux favori à moi, doit bien avoir pas loin de 35 ans aussi. Evidemment le plus incroyable c’était Kyokutenho qui est resté en makuushi jusqu’à 40 ans !

          • Sinon, tu penses quoi des gaijins golgoths genre Gagamaru, Aoiyama et Kaisei ? Très poussifs mais mine de rien, avec leurs moyens limités ils parviennent à mettre dans la difficulté certains adversaires, voire à les battre. Le spectacle est parfois affligeant mais j’ai appris à les considérer sérieusement.

            • J’ai jamais été très fan d’Aoiyama et Lady Gaga. Comme j’étais pas très fan de Musashimaru à l’époque (même si il était d’un autre niveau évidemment). Trop limité comme style (et puis bon, esthétiquement, faut quand même reconnaitre que… surtout Aoiyama, en HD c’est pas possible !). Ils ont fait grosse impression au début mais on plafonné assez vite. Pour Gaga ça sent la fin de course on dirait bien.

              Par contre j’aime bien Kaisei. Je suis content de le voir à son meilleur niveau depuis quelque temps, il est monté plus haut que j’aurais cru quand il flottait (comme une bouée sur la plage de Copacabana) au milieu des maegashiras.

              • « (et puis bon, esthétiquement, faut quand même reconnaitre que… surtout Aoiyama, en HD c’est pas possible !) »

                J’avoue que je serre les dents quand c’est leur tour de combattre. Niveau grâce et charisme, clair que c’est pas Takanohana ! Et Kaisei, c’est un peu la même chose. Tu évoques ses origines brésiliennes avec Copacabana, on est quand même très loin du sable chaud, de Chico Buarque ou de petits culs rebondis décorés d’un string. Au début, je ne savais pas qu’il était brésilien, je l’imaginais plutôt comme un routier d’Europe de l’est faisant une reconversion dans le sumo.

                Sinon il y a aussi Tochinoshin qui avait vraiment été bon au précédent tournoi. Là aussi, dommage pour cette blessure lors du Hatsu basho.

                • Ah ben Kaisei c’est une autre idée du Brésil. 😉

                  Super fort Tochinoshin. Mais il accumule les blessures hélas.

                  Sinon, je viens d’apprendre le décès de Tokitenku, ex-komosubi mongol et super lutteur, bien piégueux et surprenant, spécialiste des fauchages de jambe. Une saloperie de cancer, à 37 ans. Il s’était retiré l’année dernière à cause de sa maladie, il était encore en Juryo je crois. C’est très triste, je l’aimais beaucoup lui.

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