Saori est une escort girl qui débute dans une agence particulière, la « Honey Lips ». Son rôle : elle doit se rendre au domicile de clients pour leur proposer un vaste éventail de petites gâteries moyennant finance. Rien de particulier en apparence si ce n’est que ses clients sont exclusivement des handicapés moteurs…
暗闇から手をのばせ (Kurayami kara te wo nobase)
A vue de nez on se dit que ça pourrait être un pinku dérangeant de l’horrible Hisuyasu Sato mais ne zappez pas ! Ce serait faire une erreur tant There is light est une petite merveille touchant avec justesse à la fois au documentaire et à la fiction. A l’origine, je vais être honnête, ce n’est pas le sujet qui m’a incité à jeter un œil à ce film mais la présence d’une certaine personne. A BdJ, vous le savez, quand on découvre un nouveau minois, on ne le lâche pas et on suit de près la carrière de la donzelle à qui il appartient de près. Aussi, quelle n’a pas été ma surprise hier à la salle de rédaction lorsqu’un de mes indics me tuyauta au bigophone d’une incroyable information :
« Quoi ? Maya Koizumi joue le rôle d’une escort girl dans un film où elle fait des trucs avec des handicapés ? Donne-moi le titre, je fais un papier tout de suite ! »
Maya Koizumi, souvenez-vous, est la sémillante gravure idol qui faisait la secrétaire pulmonée dans Rivers Edge Okawabata Detective Agency, excellent drama de l’année 2014. Comment ? Vous avez oublié ? Enfin, voyons !
Et là, vous vous souvenez ?
Bref, parmi l’excellent trio d’acteurs qui jouaient dans ce drama, cette grande bringue de Maya était tout particulièrement attachante dans sa manière de jouer ce personnage sexy et déluré. Depuis, je l’ai vue jouer dans un rôle secondaire lors d’un épisode de Suteki na sen TAXI et depuis, plus rien. Arrive donc ce There is light et là, j’avoue avoir été très curieux de vérifier si Koizumi avait les aptitudes pour jouer autre chose que de la comédie. Après visionnage, le constat est sans appel : elle les a.
Oups ! Excusez, ma souris a ripé, l’image est partie toute seule.
Oui, Koizumi parvient à merveille à jouer ce personnage particulier d’escort girl et à rendre compte de son évolution au fur et à mesure qu’elle découvre les différents aspects de son métier. D’abord très pro avec son premier client, un jeune homme victime d’une importante dégénérescence musculaire :
On ne le dira jamais assez, mais le professionnalisme à la japonaise, c’est quand même quelque chose.
Puis légèrement plus chaleureuse avec son deuxième client atteint depuis la naissance d’une arthrogrypose :
Evidemment la scène la plus forte du fait que l’acteur est réellement handicapé.
Personnage étonnant qui par son franc parler et son obsession à vraiment faire l’amour avec Saori (son métier interdit un service avec pénétration), insuffle une note comique jamais déplacée, splendidement humaine.
Le troisième est plus délicat, il s’agit d’un jeune rendu paraplégique après un accident de moto. Sa mère, vivant dans le déni de la situation, croyant que les services d’une jeune femme parviendront à la guérir, le rend malheureux par un excès d’attention qui l’assimile plus à un animal de compagnie qu’à un simple être humain. Avec ce personnage, Saori commettra une faute professionnelle et comprendra à la fois ce que peut avoir de délicat la situation d’un handicapé de cet âge au Japon mais aussi toute la difficulté de son métier, qui doit faire la part entre ses affects et une neutralité nécessaire.
Filmé caméra à l’épaule lors des scènes intimes, le film vise à un aspect documentaire mais tout en gardant une grande pudicité. Encore une fois, ceci n’est pas un pinku ! Et si vous attendez des scènes de nu intégral avec Maya chan vous en serez pour vos frais car il apparaît très clair que son contrat devait stipuler qu’on ne la verrait seins nus à aucun moment. Reste que le réalisateur ne cherche pas à fuir les scènes de sexe en usant d’ellipses qui auraient été d’une pudicité malhonnête car suggérant qu’il est dérangeant de voir une splendide jeune femme en compagnie intime avec des handicapés. On a ainsi une scène de fellation avec le deuxième client. Evidemment pas de gros plans, on n’est pas non plus chez Gaspar Noé, mais avec un cadrage ne laissant aucune ambiguité. Il en ressort une certaine justesse dans l’approche de cette sexualité atypique, sexualité aussi belle qu’inscrite dans une nécessaire normalité. Film sombre en apparence, There is light, comme son titre l’indique, trouve en réalité un dénouement lumineux fait pour donner de l’espoir à ces handicapés qui, à ce qu’explique un des personnages, sont plusieurs millions et accablés par un Japon qui ne tient pas vraiment compte de leur malheur. Vraiment un premier film intéressant de la part de ce Yukihiro Toda.
7,5/10
+
– Maya Koizumi, belle et donc capable de jouer un rôle sérieux.
– La démarche semi-documentaire, qui trouve un juste milieu entre représentation réaliste et mise en scène qui ne cherche pas non plus la crudité à tout prix.
– L’étonnant acteur jouant son propre rôle de malade atteint d’arthrogrypose. Touche humoristique emplie d’espoir.
–
– Pas trop compris l’intérêt de la scène avec le stalker.
– Un poil court peut-être.
– Maya, fais donc sauter la clause de ton contrat interdisant de te montrer seins nus !
Terminons avec une intervention de l’abbé Bethléem. J’ai beau lui avoir expliqué que le film n’est pas un pinku, il est une nouvelle fois monté sur ses grands chevaux et a tenu à vous mettre en garde. Diable d’homme !
Pas mal du tout ! Belle idée pour une plongée dans l’obscurité de nos sociétés, dont témoigne-là la japonaise, bel angle – ange – de lumière 🙂
C’est clair que je ne risque pas de l’oublier non plus,
après son rôle dans la série.
Elle a un sourire qui pourrait presque faire peur.
L’acteur handicapé je l’ai déjà vu dans le « Doll » de Kitano.
@ Galien : la prochaine fois que l’on se voit, il faudra que je songe à te prêter tous ces films beaux et sérieux qui jonchent ce site comme de précieuses pépites. Si madame Sarde t’embête avec ça, évoque bien sûr la portée sociologique inattaquable des histoires.Tu as bien compris que le racolage ici n’est qu’un moyen pour harponner le lecteur, hein (enfin, je crois…)!
Sinon bonne finale 😉 Dommage pour Nishikori hier, il y a eu de merveilleux points.
@ Pasabre :
Non, ça te fait peur ça ?
Remarque, je la croiserais dans la rue que je serais volontiers impressionné. Et son sourire dans le drama était un peu extrême, c’est vrai.Rien de tel dans ce rôle plus sérieux et j’ai vraiment hâte de la suivre dans d’autres films.
Sinon bien vu pour l’acteur handicapé. J’avais vaguement l’impression de l’avoir déjà vu mais je ne savais plus où. Il s’agit effectivement de Dolls. Il s’appelle d’ailleurs Hawking Aoyama, rien que le nom d’artiste donne un indice sur l’humour du personnage.