Toujours frustrant de visionner ces films de fin d’études à l’université des Beaux Arts de Tokyo, section cinéma et nouveaux médias. Le résultat est toujours très correct, parfois très original, indiquant une réelle personnalité derrière la caméra. On se dit souvent qu’il va être intéressant de suivre la carrière de tel ou tel réalisateur. Et puis, lorsqu’on se penche sur ce qu’a fait l’un d’eux, on s’aperçoit trois fois sur quatre que cette personne qui a su livrer un film prometteur s’est comme volatilisé dans la nature.
On ne doute pas que tous ces noms ont su d’une manière ou d’une autre mettre à profit leur passage à l’université (dont la section cinéma est dirigée par un certain Kiyoshi Kurosawa, de quoi motiver les étudiants pour faire feu de tout bois) mais on reste sur notre faim tant on aimerait en découvrir plus. A ce titre More porte bien son nom. Élégamment tourné en numérique, il propulse dès les premières minutes le spectateur dans un univers cotonneux alternant couleurs chaudes et froides.
Un charme indéniable se dégage des choix plastiques d’Ito et c’est finalement tout naturellement que l’on suit cette histoire d’amitié entre trois femmes (Yuri, Moeko et Ai), amitié qui va se détériorer après la trahison de l’une d’elle (l’homme avec qui vit Yuri va la quitter pour aller avec Moeko) puis se reconstituer après que chacune des jeunes femmes a connu un tournant dans sa vie.
Moeko, Yuri et Ai
L’histoire en elle-même n’a rien de révolutionnaire mais Ito, en passant des affres de l’une à l’autre (Ai notamment, dont on découvre qu’elle se prostitue le plus innocemment du monde mais qui va offrir des «services » bien particuliers à un écrivain en mal d’inspiration) puis en développant cette étude de caractères sur les protagonistes masculins (qui ne sont pas inintéressants non plus), Ito achève donc de susciter l’attention de son spectateur, aidé en cela il est vrai par des comédiens que j’ai trouvé vraiment bons et des actrices emplies de grâce.
Sur ce dernier point, j’ai pensé à Hiroshi Ishikawa et ses délicats personnages féminins. Il y aurait un peu de cela chez Ito : une sorte d’Ishikawa en moins éthéré, moins dépouillé mais tout aussi réconfortant.
6.5/10
Mis à part un Zero Noir réalisé en 2010 et sur lequel je suis bien en peine d’obtenir la moindre information, Ito n’a rien réalisé depuis More.
Takehiro Ito