The DC Archives : Toi aussi, fais un carton comme Golgo 13 !



J’ai toujours trouvé rigolo de tirer sur les gens. Enfin, dans les jeux vidéo s’entend. Déjà, du temps d’Operation Wolf sur mon vieil Amstrad CPC 464, quel subtil plaisir j’éprouvais à dézinguer des mercenaires bodybuildés par centaines!

 Meurs, pourriture de communiste !

Une bastos entre les yeux par ci, une rafale dans le bide par là, toutes mes frustrations, à l’image de ces bonshommes à l’écran, disparaissaient comme par enchantement.  C’était drôle. C’était bon. Et je me disais presque la larme à l’œil que, finalement, faire carrière chez les paras ne devait pas être si mal.

Votre serviteur à 12 ans, sur le chemin de son école primaire (ouais, j’ai pas mal redoublé). La photo a été prise peu avant mon séjour d’un an dans un hôpital psychiatrique du Limousin, séjour qui m’a d’ailleurs fait beaucoup de bien.


Et puis, voilà, on prend de la bouteille, les jeux évoluent et on finit par décrocher – en tout cas en ce qui me concerne. J’ai du mal maintenant à me retrouver dans ces jeux où l’on doit exceller simultanément au clavier et à la souris . Heureusement, on peut toujours compter sur nos bienaimés Japanisthanais pour nous procurer du plaisir vidéoludique original, accessible et absolument jouissif. Et ancré dans le monde des manga par-dessus le marché !


Été 2004, Tokyo :

j’entre dans une obscure salle de jeu et je tombe sur ça :

Imaginez mon émoi ! Aussitôt une violente érection s’empara de mon short et je dus aussitôt sortir de la salle pour me calmer. Trois cannettes d’Aquarius glacé plus tard, je fis une nouvelle tentative, bien décidé à prendre fébrilement l’engin entre mes mains et à lui faire cracher sa semence (note : euh… penser à changer cette phrase avant de publier l’article).

On pouvait avoir quelques craintes, le risque était de se retrouver devant un Operation Wolf plus perfectionné mais qui n’aurait pas collé au manga. Mais passées les premières minutes de jeu, je fus pleinement rassuré. Golgo 13, pour ceux qui ne connaitraient pas, est le tueur professionnel ultime. Plus précisément, un sniper diabolique qui peut envoyer vite fait bien fait une balle dans la cafetière d’un type situé à plusieurs centaines de mètres. Dans les 20 missions qui sont proposées, vous devez donc exécuter un contrat en une poignée de secondes et souvent en une seule tentative. Votre balle frôle les moustaches de votre cible, ben c’est ballot, inutile d’appuyer frénétiquement sur la gâchette, vous devez recommencer la partie.

Un exemple ? voici :

Un peu glaçant hein ? Est-ce bien raisonnable tout cela ? Eh bien, en un mot comme en cent : OUI ! trois fois oui ! Car au-delà de la noirceur de l’œuvre et du personnage, Golgo a un côté Black Jack. Son immoralité apparente ne l’amène jamais à s’en prendre à la veuve et l’orphelin. Son métier apparaît parfois comme un moyen de mettre à l’épreuve l’humanité, de voir où se trouve l’ivraie, parfois pas toujours évidente à cerner. Et de l’ivraie, il y en a, ça oui. Les  142  volumes qui composent la série (toujours en cours!) s’attardent dans tous les milieux : politiques, militaires, médiatiques, mafieux, sportifs, etc. Autant dire que Golgo a fort à faire avec son légendaire M-16 A2 modifié face à tous les fâcheux qui gangrène la planète. Ça grouille tellement que finalement, on pourrait dire qu’un peu comme Frédéric Dard, il fait « la chasse aux cons, safari sans espoir ». Il préfère juste la faire d’une manière plus littérale, avec son fusil plutôt qu’avec des phrases (parler n’est d’ailleurs pas son truc).

Tenez, un exemple de fâcheux :

Il s’agit d’un narcotrafiquant  violeur pédophile parricide partouzeur de droite. Ajoutons à ce triste tableau qu’il n’a jamais payé sa redevance audiovisuelle, qu’il roule avec un faux permis et qu’il a sa carte à l’UMP.  À la rigueur, toutes ces tares pourraient passer n’eût été ce détestable goût vestimentaire. Un maillot moule-bite rose bonbon, non, voilà le genre de truc qui ne pardonne pas pour quelqu’un de classieux comme Golgo. Ça ne devrait pas exister ces choses-là. Ici, le tarif est sans appel : 8 secondes pour placer une balle dans le ciboulot de ce triste sire.

Mais tout ne finit pas avec une balle dans le caisson. C’est tout l’attrait de ce jeu : les concepteurs ont essayé de varier les plaisirs et sont allés piocher du côté d’histoires du manga dans lesquelles où il n’y a pas nécessairement mort d’homme. Dans l’une des missions, vous devez ainsi sauvez un homme  en vous la jouant Clint dans le Bon, le Brute et le Truand, comprenez en sauvant un pauvre Tuco de la pendaison. Dans une autre, vous devez carrément défourailler sur la tête d’un missile parti pour faire exploser un boeing ! Les connaisseurs de l’œuvre de Takao Saito apprécieront cette variété,  tout comme d’ailleurs la présentation de chaque mission à partir des dessins originaux.

Allez, pour vous donner un peu plus une idée de cette variété, voici trois nouveaux exemples :


EXEMPLE n°1 : André Rieux

Cet horrible violoneux, non content d’écorcher la sonate à Kreutzer, écorche les oreilles de Golgo, mélomane averti à ses heures. Ça ne peut plus durer, il faut faire quelque chose. 8 secondes, une balle, c’est plus qu’il n’en faut pour les ridiculiser, lui et son Stradivarius tout pourri :

Le zicos de mes choses est là, attends mon gars, je vais m’occuper de toi…

Argh ! Encore un accord raté !…  mes oreilles saignent, ré mineur bordel !… Retenez-moi ou je lui en balance une dans la rotule !… Non… calmons-nous… il y a mieux à faire… oui, visons une de ses putains de cordes, comme ça il ne nous fera plus chier…

Dzing ! Alors Paganinoche, ça fait quoi d’avoir une corde pétée en plein milieu d’un concert ? Finie ta réputation mon gars ! T’as plus qu’à t’acheter des clebs pour faire maître Vitalis à la fête de la musique ! MOUAHAHAHA!


Exemple n°2 : Zahia Dehar

Cette prostipute exerçant à Pigalle a osé simuler alors que Golgo 13 la besognait ! Cela mérite sanction.

Tiens, elle est là, en compagnie d’un footeux du Bayern de Munich. Et si je visais son talon aiguille pour qu’elle se crêpe la gueule dans l’escalier ? Hé ! Bonne idée ça, allons-y… une… deux…

Trois ! Yosh ! J’ai réussi ! Putain chuis trop balèze ! Ce jeu c’est trop le pied, le pied hu hu ! c’est drôle ça !

La voilà bien ridicule devant son micheton. Ça lui apprendra à simuler quand je lui fais la levrette afghane, non mais !


Exemple n°3 : Clarence B.

Le plus horrible de tous. Un affreux.  Ce magnat de la presse sur internet s’est acheté le Youkounkoun, le plus gros diamant du monde. Notez qu’il pousse l’impudence jusqu’à le filmer pour ensuite balancer des vidéos sur son Nasty Diary, histoire de faire saliver ses lecteurs qui ont parfois du mal, eux, à joindre les deux bouts. Faisons-lui payer son arrogance d’enfoiré de capitaliste, arrogance heureusement fustigée de temps à autre par de sympathiques internautes. Des gens bien, assurément. Bon, comment s’y prendre ? J’ai mon idée, admirez la classe :

BWAHAHAHA ! Eh bien Clarence ? J’espère que t’as pensé à l’assurer ton caillou. Fais pas cette tête, on dirait Bourvil qui vient de se faire emboutir sa doche par de Funès ! MOUAHAHAHA !

Bon, je m’arrête là. Je voulais au début essayer de restituer dans mes commentaires la pensée glacée et sophistiquée de Golgo, je m’aperçois que je me suis un poil emporté et qu’il est tant que je passe à autre chose. Vous aurez toutefois compris que Golgo 13, sorti en 1999 par NAMCO, uniquement pour les salles d’arcade japonaises, est un de ces jeux japonisants qui ne peut qu’emplir d’aise l’amateur de manga et de jeux vidéo old school. Pour la poésie, on repassera, mais pour l’originalité, quelle poilade mes aïeux ! D’ailleurs, c’est bien simple, dès mon retour en France je me suis empressé d’acheté la borne sur ce site. En bonne place entre entre ma bibliothèque de Pléïades et mon petit secrétaire Louis XV, il est mon meilleur atout le matin pour partir du bon pied au boulot, prêt à affronter les turpitudes des fâcheux du quotidien. Il y a des objets qui devraient être remboursés par la Sécu…

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