Epoustouflant Tetsuya Chiba. Âgé de 86 ans, il continue d’aligner des planches de manga, et quelles planches ! Souvent l’art du dessinateur s’affaiblit arrivé à un certain âge, le trait devient moins assuré, presque une caricature gênante de ce qu’il a été dans sa période de gloire. Rien de tel chez Chiba, qui bien entendu ne peut plus soutenir le rythme de parution dantesque (et parfois débile, il faut bien l’avouer) d’un manga sérialisé. Ce qui l’intéresse, lui, c’est de faire une modeste autobiographie, à son rythme, avec des chapitrres de quelques pages. Mais ce qui force l’admiration dans cet épisode de Manben (cette excellente émission de la NHK dans laquelle Naoki Urasawa envoie une équipe filmer un prestigieux mangaka et le retrouve ensuite chez lui, pour commenter les vidéos et sa manière de travailler), c’est de voir la vélocité du trait, son arrondi, sa précision et l’expressivité des expressions, toujours diablement efficaces et sympathiques.
Et bien entendu, la vieillard n’est pas d u genre à user d’une tablette graphique. Le G-pen, le G-pen et rien que le G-pen (éventuellement des markers accompagnés de doux crissements sur le papier – crissements qu’Urasawa taxera de « kawaï »). Pour qui aurait vu l’épisode avec Takao Saito (ami de Chiba et décédé en 2021 à l’âge de 84 ans), aucune comparaison possible pour ce qui est de la maestria (clairement, on sentait des moyens devenus faibles chez Saito).
Collector ! Joe dessiné par Urasawa, à l’attention de Chiba.
J’ignore encore combien de temps Chiba va continuer à livrer ses somptueuses planches autobiographiques. Le tome 6 de son Journal d’une vie tranquille vient de paraître chez Vega, allez, Chiba sensei, encore un effort pour atteindre le tome 10, histoire d’avoir un chiffre rond, à l’image de votre trait !
 
			 
			 
			 
			










