La Fille du konbini (Asa ga kuru to munashiku naru)
Yuhi Ishibashi – 2023
Film qui sera visible en France en 2026. Plutôt que de traduire le titre japonais (Asa ga kuru to munashiku naru, soit « Quand le matin arrive, je me sens vide »), le distributeur a préféré reprendre le titre du roman à l’origine (Prix Akutagawa en 2016). Et ce n’est peut-être pas plus mal tant le « je me sens vide » aurait pu être perçu comme le signe d’un personnage seul, dépressif, sans envies. Or, le vide qui atteint le personnage de Nozomi, modeste employée dans un konbini, peut en fait être vu comme le signe d’une légèreté, en opposition au poids aliénant et stressant du temps où elle était une salariée travaillant à plein temps dans une entreprise. Après avoir abandonné son travail, elle s’est condamnée à une vie simple, à un âge où d’autres de ses anciennes camarades sont devenues soit des employées méritantes avec un bon pouvoir d’achat, soit des mères de famillen, sans souci financier non plus.
Nozomi est donc le symbole d’une troisième voie, non celle de la médiocrité mais d’une simplicité se contentant de peu pour se satisfaire. Il lui restera cependant un dernier poids dont il lui faudra se décharger, celui d’avouer à ses parents qu’elle a quitté son précédent travail (elle continue de leur faire croire que tout va bien pour elle, comme si son choix était le signe d’une honteuse anormalité). Finalement elle n’est pas sans faire penser au personnage de Koji Yakusho dans le Perfect Days de Wenders, même si, contrairement à lui, elle parvient à se lier à d’autres en dépit de sa grande réserve, et même à amorcer un semblant d’amourette avec un collègue plus jeune qu’elle.
Le film est très court (1H15), léger, doux et réconfortant comme une portion d’oden acheté dans un konbini l’hiver (dommage d’ailleurs qu’il soit programmé en France pour le mois de mars). Et petit plaisir aussi de retrouver Erika Karata, vue dans Asako I et II de Hamaguchi.
7/10
 
			 
			 
			 
			










