Tora-san 27
Tora san et la Geisha (Otoko wa tsurai yo: Naniwa no koino Torajirō)
Yôji Yamada – 1981
Hier, je me matais le premier épisode d’Asura, le dernier drama de Kore-eda, et je me disais que j’allais en baver pour aller au bout (pourtant que sept épisodes). Mais aujourd’hui, je visionne le 27e opus de Tora-san et j’ai l’absolue certitude qu’aller jusqu’au cinquantième épisode se fera sans douleur.
Pourtant, dans les deux cas, que ce soit Kore-eda ou Yamada, on est face à des magiciens pour ce qui est de restituer l’humain à travers les liens familiaux. Mais il faut croire que le rythme, la structure narrative imposés par des épisodes à suivre de 55 minutes n’a pas la même force qu’une histoire complète d’une heure quarante-cinq.
Tora-san et la geisha est peut-être un cran en-dessous des précédents opus. On revient à une formule classique, avec un accent mis sur la relation entre Tora et la madone, avec à la fin, comme il se doit, un nouvel échec sentimental pour Torajirô. Mais pour le spectateur arrivé à ce stade de la saga, c’est-à-dire un spectateur forcément conquis (car le contraire signifierait un masochisme touchant à la stupidité), l’intérêt est de faire son miel des petites variations et nouveautés. Ici, même s’il n’apparaît que peu de temps, j’ai été intrigué Hidetaka Yoshioka, le jeune acteur qui va désormais incarner Mitsuo. C’est un gamin qui avait joué l’année précédente dans l’Echo de la montagne, de Yamada, et il n’est pas impossible que ce dernier ait pigé que l’enfant offrait plus de possibilités dans le rôle de Mitsuo par rapport à son prédécesseur. Et effectivement, ses quelques répliques m’ont laissé une bonne impression.
Sinon évoquons une madone extraordinaire de beauté avec Keiko Matsuzaka. C’est bien simple, quand elle apparaissait, j’en oubliais les sous-titres. Dans son amitié avec Tora, elle permet de former un duo assez proche de celui formé avec le personnage de Lily, d’autant que l’écrin que pour accueillir cet amour-amitié n’est rien moins qu’Osaka et ses quartiers de plaisirs. Je ne me souviens plus trop si la ville avait déjà servi de décor, mais là, il est très agréable d’être plongé dans le quartier de Shinsekai.
Citons enfin un clin d’œil à Elephant Man, sorti un an plus tôt, et une scène finale de nouveau réussie. Si j’ai toujours un peu de mal avec les séquences oniriques inaugurales, je n’ai en revanche aucune réserve envers le talent de Yamada pour rendre ses fins irrésistibles. Ça commence avec la scène de déception amoureuse (on a l’habitude mais parfois, on tombe sur une scène plus poignantes que les autres, c’est le cas ici) avant d’enchaîner avec l’habituelle conclusion lumineuse. Se passant sur l’île de Tsushima, la bonne humeur de la scène, alliée au thème de Naozumi Yamamoto et à un sublime paysage, donne envie d’être déjà au dimanche prochain pour me mater le 28e opus.
7/10