En boucle (Ribā, nagarenaide yo)
Junta Yamaguchi – 2023
Je crois que j’ai un problème avec les histoires de boucle temporelle. Le temps d’un épisode de La Quatrième Dimension, c’est le genre de sujet qui peut passer. Mais le temps d’un long métrage d’une heure et demie, c’est là que ça coince.
Ça avait déjà été le cas avec le récent Comme un lundi, et ça a de nouveau été le constat avec ce En boucle. Pourtant, je partais optimiste à la découverte de la structure. Optant pour une boucle temporelle de deux minutes seulement, le film déroule une succession de plans séquence de la même durée, avec des personnages qui gardaient la mémoire des événement malgré le retour en arrière. Dès lors, dès qu’une nouvelle séquence commence, c’est le début d’une recherche frénétique pour trouver le moyen de sortir la boucle, mais aussi régler les problèmes liés au clients du ryôkan qui commencent à paniquer. Pour éviter tout sentiment de redite, le script optimise l’utilisation du lieu et intègre au fur et à mesure les personnages secondaires (le romancier en panne d’inspiration, le tantô, le chasseur, etc.). C’est frénétique, et efficace : le sentiment du spectateur d’être lui aussi prisonnier de la boucle est plus sensible que dans Comme un lundi.
Seulement, voilà : c’est un renouvellement permanent que j’ai trouvé en trompe-l’œil car au bout du compte, une certaine lassitude s’est installée. En voyant En boucle, j’ai songé à un autre film malin jouant sur un savant effet de répétitions/variations : One Cut of the dead. Là aussi, on « rembobinait », mais moins souvent et avec une surprise à chaque fois plus vive, avec un véritable climax lors de la dernière demi-heure. Dans En boucle, peut-on qualifier de « climax » la scène qui va permettre aux personnages de sortir de la boucle ? En fait, on se dit tellement que cette sortie va être liée à un personnage sur lequel on insiste lors des premières scènes, que l’on n’est pas plus surpris que cela. A la rigueur, j’aurais préféré que Yamaguchi exploite davantage le chaos qui s’installe dans l’auberge. Malheureusement, le feu est éteint très rapidement, dès le « tour de boucle » suivant. Quant à recommencer à chaque fois du point de vue de la servante, si je vois l’aspect ludique et pratique de la chose, je me dis aussi qu’explorer d’autres points de vue auraient peut-être pu donner davantage de profondeur.
En boucle est donc un film malin à voir surtout pour l’approche ingénieuse de son mécanisme scénaristique. Mais pour ce qui est de le revoir et de subir de nouveau ses vingt et quelques rembobinages, je passe mon tour.
5,5/10