Le Minna no nihongo, c’est bien, mais bordel ! que les saynètes sont inintéressantes à suivre ! Il faut dire que les personnages n’aident pas : un américain du nom de Mike Miller, un médecin chinois, une étudiante indonésienne, un salary man, une O.L… on a même un certain José Santos, Brésilien employé de Brazil Air, un écolier thaïlandais et un ingénieur allemand (Schmidt !). Je ne sais pas quel était le but de cette faune United Colors of Benetton, sans doute d’augmenter l’intérêt en s’identifiant aux différents gaijins. Peut-être que ça a marché pour certains, mais pour moi, nada ! Pas assez fun, pas assez sexy, les personnages.
D’où cette idée de proposer des saynètes qui, tout en se limitant aux points de grammaire du premier tome du Minna no Nihongo, permettront de se replonger dans la langue avec des individus et des situations un peu plus fun. Laissez-moi vous présenter les deux premiers personnages :
Takeshi, enseignant en littérature dans un lycée. 34 ans et déjà des bourrelets au niveau du bide. Il aime le nattô et la junk food déshydratée. Sa passion : le cinéma, quels que soient l’époque, le genre ou le pays d’origine. Bon, il a aussi une connaissance solide des roman porno de la Nikkatsu mais de cela, il ne s’en vante pas (tout comme de ses troubles de l’érection). Sinon célibataire, et c’est bien normal: quelle bijin voudrait sortir avec un tocard pareil ?
And now… Miyuki. Ah ! Vous sentez maintenant comme mon Minna no Nihongo va être plus intéressant que l’original ? La donzelle a vingt piges et est propriétaire d’une petite librairie à Jinbōchō. Plutôt calme, elle aime le cinéma et la littérature (roman préféré : Les Hauts de Hurlevent). Sinon les chiffres magiques : 1m54, 45 kg, et un exaltant 93 – 59 – 80 cm. À part ça elle cache un terrible secret que Takeshi finira un jour par découvrir.
La série d’articles proposera donc des 会話(かいわ), des conversations ou bien des passages narratifs, voire descriptifs. Avec à chaque fois la transcription en rōmaji et la traduction. Certains disent qu’il faut très vite se débarrasser du rōmaji. Personnellement, pour une remise en route, j’aime bien ces lignes qui permettent de mieux identifier la structure grammaticale. Et puis comme wordpress ne prend pas en charge les furiganas, ça permet de compenser leur absence.
Par contre, points d’éclaircissements grammaticaux. Pour cela, à vous de mettre le nez dans le Minna no Nihongo. Avec un peu de méthode et d’outils complémentaires (pour ma part je réutilise Anki), il y a espoir de progresser un peu. Pour vous motiver, gardez en tête ceci : le « terrible secret » de Miyuki !
Sur ce, commençons :
神保町(じんぼちょう)の出会(であ)い
Rencontre à Jimbochō
本をいくつか手に、タケシはいつものようにリブロ書店のレジに並んだ。
Hon o ikutsuka te ni, Takeshi wa itsumo no yō ni Riburo shoten no reji ni naranda.
Takeshi, quelques livres à la main, fit la queue à la caisse de la librairie Riburo, comme d’habitude.
少し疲れた顔だったが、目は静かに輝いていた。
Sukoshi tsukareta kao datta ga, me wa shizuka ni kagayaite ita.
Son visage paraissait un peu fatigué, mais ses yeux brillaient paisiblement.
「これ、面白そうですね。」とレジの女性が言った。
“Kore, omoshirosō desu ne.” to reji no josei ga itta.
« Ça a l’air intéressant », dit la jeune femme à la caisse.
タケシはその声に顔を上げた。
Takeshi wa sono koe ni kao o ageta.
Takeshi leva les yeux vers cette voix.
(よし!言わなきゃ…)と思いながら、タケシは会計を済ませた。
(Yoshi! Iwanakya…) to omoi nagara, Takeshi wa kaikei o sumaseta.
Allez ! Il faut le lui demander !… pensa-t-il, tout en réglant ses achats.
そして、勇気を出して言った。
Soshite, yūki o dashite itta.
Puis, prenant son courage à deux mains, il dit :
「あの…寺山修司の映画、観たことありますか?」
(Ano… Terayama Shūji no eiga, mita koto arimasu ka?)
« Euh… vous avez déjà vu les films de Shūji Terayama ? »
「この前、特集をやっている映画館を見つけて…」
(Kono mae, tokushū o yatte iru eigakan o mitsukete…)
« L’autre jour, je suis tombé sur un cinéma qui fait une rétrospective… »
「もしよかったら、今度…一緒にどうですか?」
(Moshi yokattara, kondo… issho ni dō desu ka?)
« Si ça vous dit… on pourrait peut-être y aller ensemble, un de ces jours ? »
彼女は一瞬驚いたが、すぐに笑った。
Kanojo wa isshun odoroita ga, sugu ni waratta.
Elle parut surprise un instant, puis sourit aussitôt.
「でも、お客さんとデートするのはルール違反ですよ?」
“Demo, okyakusan to dēto suru no wa rūru ihan desu yo?”
« Mais sortir avec un client, c’est contre les règles, vous savez ? »
目配せして 、彼女は続けた。
Mekubise shite, kanojo wa tsudzuketa.
Elle lui fit un clin d’œil, puis ajouta :
「でも、寺山修司の本を全部買ったお客さんには、特別にしましょうか。」
“Demo, Terayama Shūji no hon o zenbu katta okyakusan ni wa, tokubetsu ni shimashō ka.”
« Mais allez, comme vous avez bon goût et que vous avez acheté toutes les œuvres de Shūji Terayama, je vais faire une exception. »
À suivre…
Cliffhanger sur décolleté : imparable.