Un Doraemon pour les adultes

ELLE – Tu connais Warau Salesman ?

MOI – Nan, c’est quoi ?

ELLE – C’est l’anime d’un manga de celui qui a fait Doraemon.

MOI (pas intéressé) – Ah…

ELLE – On a l’habitude de dire que c’est un Doraemon pour adultes.

MOI (dressant l’oreille) – Ah ? Et pourquoi ?

ELLE – C’est très sombre, ça finit toujours mal. Je crois que j’ai un peu regardé quand j’étais au lycée, je n’aimais pas tellement. (goguenarde) Mais toi, je pense que ça peut te plaire…

Une des utilités de douze années de mariage est qu’à la longue, on finit par bien connaître les goûts du conjoint. Et quand Madame se met à évoquer un manga, un anime ou un drama, je sais que c’est toujours en parfaite connaissance de mes goûts plus ou moins déviants. Aussi, son « je pense que ça peut te plaire » à peine achevé, ai-je filé dare-dare à mon burlingue pour faire quelques recherches sur l’anime en question. Trente minutes plus tard, je zyeutais un épisode, et je n’ai pas mis longtemps à comprendre que cette série était une petite perle de noirceur, évoquant effectivement Doraemon mais dans une perspective plus satirique et oui, d’une certaine manière plus adulte. Le personnage principal est cet homme, Moguro Fukuzo :

Etonnant, non ?

Il s’agit d’un vendeur mais attention ! pas n’importe quel vendeur. Dans une société chaotique truffée d’âmes peinant à atteindre leurs rêves, il offre ses services à des quidams rencontrés au hasard pour leur permettre d’enfin concrétiser ce qui manque à leur bonheur. Cela peut-être rencontrer l’âme sœur, devenir quelqu’un de célèbre, savoir conduire une voiture, juste être tranquille et plein d’autres de doux rêves encore.

Mélancolie d’un no life. Attends mon petit, Fukuzo san va bientôt t’aider.

On retrouve donc un peu de Doraemon lorsque l’on a en tête que les actions du chat robot sont là pour permettre à Nobita de devenir quelqu’un de bien. Mais comme les histoires de Doraemon se terminent parfois en catastrophe du fait de la bêtise de Nobita, on devine qu’avec ce personnage très génie du mal de Moguro Fukuzo, les histoires de Warau Salesman (« le Vendeur qui ricane ») vont à chaque fois nous faire assister à la chute d’une victime dont le rêve va très vite se transformer en cauchemar. Que cette victime décide d’écouter ou non les conseils de Fukuzo, le résultat est le même : s’il bouffait de la vache enragée au début de l’épisode, ce n’était rien en comparaison de ce qui l’attend à la fin. Et le malin génie qu’est Fukuzo, qui n’a d’autre but que de perdre les brebis égarées dans la société tokyoïte, pourra reprendre placidement son chemin, poussant son lugubre rire évoqué dans le titre.

Et pourtant, au sento, le bougre a presque l’air sympathique.

Warau Salesman est le seul titre sombre dans la production de Fujiko Fujio. La satire sociétale n’est pas très profonde mais conjuguée au graphisme simple de l’auteur, elle devient au fil des histoires assez réjouissante, la série devenant un vaste catalogue des tares et des ridicules des contemporains de l’auteur, avec parfois la jubilation d’assister à une déchéance délicieusement WTF :

?!

Et bonne nouvelle : Warau Salesman va bientôt de nouveau débarquer au Japon pour une nouvelle série et à voir le site dédié, ça laisse augurer d’une excellente reprise. En attendant de la découvrir, on peut se mater une pléthore d’épisodes de la série originale sous-titrés anglais sur Daily. Comme dirait Fukuzo : WOUHOUHOUHOU !

Lien pour marque-pages : Permaliens.

10 Commentaires

  1. Merci pour cette découverte. On peut voir comment le personnage du Salesman a pu inspirer le Comte du shonen D-Grey Man

  2. Je valide l’article…et la référence à D.Gray-Man… Excellente série…

    A.rnaud. D.Va player against all odds…

  3. Oui, c’est génial, Warau Salesman.
    Le mythe de Faust version goguenarde.

    En fait, Warau Salesman n’est pas de Fujiko Fujio mais de l’un des deux du duo, Fujiko Fujio (A).
    Et ce n’est pas le seul travail à l’humour (très) noir de ce dernier, il a sorti pas mal de titres ciblés ‘burakku yumo-a’ dont un one shot appelé ‘Hitler ojisan’.
    (J’en causais vite fait par là : http://thefunkyronin.blogspot.fr/2014/01/vous-reprendrez-bien-un-peu-de.html )

  4. @ Manko et A.rnaud : Effectivement, je ne connais pas mais la référence semble assez claire.

    @Mecha T : « Warau Salesman n’est pas de Fujiko Fujio mais de l’un des deux du duo, Fujiko Fujio (A). »
    En fait le clavier m’a fourché, j’ai juste oublié cette foutue lettre A. Je m’en voudrais que l’article ait pu donner l’impression que j’ignorais que Fukiko Fujio était en fait un duo. ^^
    Par contre j’ai l’air de m’être avancé un peu en écrivant qu’il s’agissait de son seul titre sombre. M’en vais quérir ce « Hitler ojisan »…

  5. Mais c’est criminel de ne pas connaître D.Gray-Man, monsieur Olrik… Permettez moi de vous le dire… Mais ça se comprend aussi, il n’y a pas de pulpeuse héroïne courte vêtue…

    A.rnaud. Il irait bien faire son Drifters pour Olminu

    • « il n’y a pas de pulpeuse héroïne courte vêtue… »
      J’essaye de me soigner, mais c’est encore dur de résister.
      Cela dit je suis parvenu à ne pas regarder (ou plutôt mater) un seul épisode de Keijo, ce qui tient de la performance.

Répondre à Mecha T.Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.