Girl Boss Guerilla (Norifumi Suzuki – 1972)

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La belle et farouche Sachiko (Miki Sugimoto) est la chef du « gang des casques rouges », groupe de motardes qui ont décidé de quitter leur base, Shinjuku, pour aller se faire de l’argent facile du côté de Kyoto. Problème : elles doivent d’abord affronter la boss locale, Rika, qui ne voit pas d’un bon œil l’arrivée de ce gang rival, puis apprendre à faire gaffe aux yakuzas du coin mené par Takahara, frère d’une ancienne chef de bande, Nami (Reiko Ike). Nami justement, qui revient à Kyoto simplement pour retrouver ses racines et profiter du Gion matsuri. Elle sympathisera avec Sachiko et son aide sera bien utile car les frictions avec Rika et Takahara vont rapidement s’amplifier. Si vous êtes arrivés à ce point du résumé et que vous avez tout compris, j’ajouterai seulement qu’un boxeur, Ichiro Miyazaki, fera dans ce petit monde une tonitruante irruption : quand ses pognes ne seront pas occupées à malaxer les Seins de Sachiko, elles iront joyeusement broyer les maxillaires des hommes de Takahara, jusqu’à ce que la situation dégénère sérieusement…

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Sukeban Gerira (女番長ゲリ)

Au moment où Arte diffuse le Couvent de la Bête sacrée, rendons gloire au genre du pinky violence avec un de ses tout meilleurs titres, Girl boss Guerilla, 3ème opus de la série des Sukeban. Rappelons que l’expression « pinky violence » désigne la tentative par la Toei de s’implanter dans le marché de l’érotisme en produisant des films mettant souvent en scène des personnages féminins sexy et forts.

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Des garces dans un univers d’hommes

Le prototype en est le « film de loubardes », genre décliné sur plusieurs séries de films (Girl Boss, Delinquent Girl Boss, Bad Girl Mako, etc.), et dont Girl Boss Guerilla constitue une entrée en matière recommandable pour le spectateur étranger au genre. Pas d’inquiétude à avoir pour les âmes sensibles : GBG est du pur fun, pur produit du maître ès divertissement qu’était Norifumi Suzuki. On commence avec une Miki Sugimoto qui nous dévoile un sein tatoué dès la 3ème minute :

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Pan dans la gueule !

Puis, le temps de mettre une dérouillée à une bande de motards qui pensaient que Sachiko et ses fidèles lieutenantes allaient facilement passer à la casserole, on la trouve une minute plus tard dans un cimetière sur le point de faire tomber le bas pour aguicher (ou plutôt extorquer) un veuf venu se recueillir sur la tombe de sa femme.

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Norifumi Suzuki ou l’art de capter la bienveillance du spectateur dès la première minute.

Et je passe sur une de ses filles qui puise éhontement dans une urne recueillant des dons pour des victimes du nucléaire ou sur une autre qui fait venir un pigeon dans un love hotel pour lui siffler son portefeuille mais qui, le moment venu, ne résiste pas à ses pulsions et finit par faire l’amour gratis. Que dire encore de cette arnaque qui consistera à prendre des photos compromettantes d’un bonze en train de passer du temps auprès d’une complice puis d’aller chercher nuitamment dans les gogues à l’extérieur…

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Avec un petit inconvénient

… le résultat de sa faute qui va permettre de lui faire cracher son pognon :

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Sa capote remplie de foutre.

Oui, le ton est donné dès ces premières minutes et sera amplifié tout le long du film : ce sera sexy, violent, malpoli, vulgaire et irrévérencieux. Les lois, les codes de bonnes conduites n’existent pas. Evidemment, comme les héroïnes du film sont ces casques rouges, on suppose tout de même qu’il y a chez elles un respect des règles à respecter entre les différentes bandes. A partir du moment où Sachiko a mis une peignée à Rika, celle-ci se doit de lui laisser sa position de chef. Malheureusement, il en est de Girl boss Guerilla comme des films de Fukasaku de l’époque : des voyous avec un restant de code de l’honneur, c’est bien difficile à trouver. Les chevaliers blancs, on ne les aura évidemment pas chez Rika ou Takahara and co mais chez un boxeur :

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Amusant ici de voir que le gars est flanqué d’un ami :

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Morio Ogata

LE Morio Ogata, folkeux chevelu célèbre de l’époque qui va accompagner de ses chansons les exploits de son chevalier ainsi que la cour assidue qu’il mène auprès de sa dame :

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Cour plus qu’assidue d’ailleurs. En tout cas enfoncée la fameuse scène de Tant qu’il y aura des Hommes.

Une dame bijin, un chevalier boxeur, un baladin folkeux, des yakuzas félons, le tableau est complet pour donner l’impression que Norifumi Suzuki, bin c’est un peu Chrétien de Troyes mais avec des nichons tatoués et des motos en plus. Et des scènes de torture aussi, Sachiko passant un bien mauvais quart d’heure dans le dernier tiers du film :

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Epreuve du pilori ?

Evidemment se pose la question de l’artifice, suffit-il de bourrer le film comme une baudruche de personnages truculents, de scènes de violence, de sexe, de pipi caca…

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« Je crois que cette garce nous a refilé la chaude-pisse »

… pour que le film tienne la route ? Quel intérêt apporte surtout ce film dans une série de sept ? A la première question je dirais que si l’on part du principe du rebondissement feuilletonnesque (on dirait plutôt ici « mangaesque ») pour articuler l’histoire et que l’on est prêt à l’accepter, le film passe bien et procure même une certaine jubilation, porté qu’il est par deux splendides actrices…

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Avec une Reiko Ike au visage pour une fois doux et souriant.

… mais aussi par une caméra qui, sans être aussi frénétique que celle d’un Fukasaku, va au plus court et relance sans cesse l’attention du spectateur de par une image pop colorée, des actrices forcément girondes et des scènes qui surtout ne s’éternisent pas. Si Girl Boss Guerilla n’est pas le meilleur film de Suzuki, il n’en reste pas moins un exemple très dynamique de ses thèmes privilégiés et de ses tics de mise en scène.

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Le zoom pour faire sentir que ça va déchirer.

Pour ce qui est de l’apport au sein de la série des Sukeban, impossible d’y répondre formellement tant les sept opus présentent des dosages différents des ingrédients (gravité, sexe, violence, humour…), dosages qui pourront plaire aux uns et déplaire aux autres. A mon sens, GBG reste au-dessus d’autres films plus mous de la pellicule (d’ailleurs pas réalisés par Suzuki). Une chose à éviter en tout cas : se faire un marathon en s’enquillant l’intégralité. Trop de seins tatoués tuent les seins tatoués, et ce serait bien dommage.

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Oh yeah !

+

– La voix un peu garçonne de Miki Sugimoto.Girl-Boss-Guerilla-poster-2

– Le corps de Miki Sugimoto.

– Une Reiko Ike qui se la joue jeune fille sensible nostalgique de ses racines, ça change.

– Morio Ogata qui envoie ses chansons.

– Suzuki at his best : des coups de poings, des coups de couteau, des coups de b…, de la bijin dénudée et du coussin péteur.

– De la variété en veux-tu en voilà, pas le temps de s’endormir.

Beaucoup des éléments ci-dessus pourraient être inversés en fonction des goûts. Cela donnerait :

– Miki Sugimoto, aussi expressive et formée qu’une limande.

– Non Reiko, n’essaye pas de faire l’actrice.

– Remballe tes chansons Morio, elles puent !

– Suzuki qui multiplie les scènes chocs pour compenser le vide et l’ennui de son film.

Vous l’aurez compris, je me range du côté du positif :

7/10

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2 Commentaires

  1. « Une chose à éviter en tout cas : se faire un marathon en s’enquillant l’intégralité. »

    Je confirme… et parle hélas en connaissance de cause. Mon amour pour Miki n’a pas suffi face au radotage et épisodes faiblards de la franchise.

    Le 4 (« Girl Boss Revenge ») reste le meilleur à mon sens.

  2. J’avoue être tombé sur un certain fil de discussion sur BKR qui m’a incité à ne pas faire la même chose 😉 . Un épisode par mois me paraît plus sage.

    Pas certain d’avoir vu le 4. D’ailleurs ce serait pas plutôt « Worthless to confess » ? Ah non, sorry, c’est pour « Delinquent Girl Boss » (quel bordel). Quoi qu’il en soit je le note pour un (re)visionnage futur.

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