« Mes chaussures, mon vélo »

行って来ます!

Par la Mordieu ! Cette période de torpeur, de farniente, de loche à l’air n’a que trop duré ! Las d’entendre les râles et les soupirs d’agonie de tous mes lecteurs qui, chaque matin, au sortir du lit et alors que l’érection matinale n’était même pas achevée, s’en allaient fiévreusement voir du côté de la toile afin de vérifier, en vain, si BdJ avait repris du service. Las aussi de recevoir à pleins tombereaux des lettres de mes groupies me demandant si BdJ n’était pas en train de nous faire « une Drink Cold ». ici que tout le monde se rassure : il n’y a nullement de sabotage façon Pont de la Rivière Kwai comme en connut un la buvette il y a quelques mois à cause d’un malheureux article sur la K-Pop.

Clarence Boddicker : « Dieu m’est témoin, je n’ai jamais voulu cela ! »

Non, la cause de ce silence près de quinze après mon retour en France est plus simple mes maîtres. Je glandouillais, me promenais dans ma campagne, mangeais et buvais français, rangeais tranquillou le monceau de photobooks raboullés du Japon, triais la chiée de photos et de vidéos (pas encore fini) sur mes multiples disques durs, relisais mes albums de Buck Danny, m’achetais un lecteur de Blu Ray, lisais quelques Gide, matais en compagnie d’Olrik Jr. de vieux films de S.-F. américains (Ah ! l’Homme qui rétrécit !) bref, tournais mentalement la page de ce séjour de quarante jours. Non qu’il se soit mal passé, au contaire, il fut idyllique en tous points. Mais enfin, après un tel voyage, il peut être un peu rude de reprendre un blog sur le Japon qui vise depuis le début à pallier une absence, un éloignement géographique et temporel. Encore bien présent dans mon esprit, s’agiter du clavier pour pondre des articles me semblait du coup superflu. Deux semaines après mon retour, c’est un peu moins vrai et je sens poindre l’envie de republier des trucs et des machins pour cette cinquième saison, d’ajouter de nouveaux tableaux  à ma collection :

Cela me fait penser que Minami Kojima se doit de figurer dans ma série des « Bijins de la semaine ». Un article touffu en perspective.

J’aimerais bien faire un petit topo sur le voyage, y aller de ma petite analyse sur l’évolution de mon rapport à ce pays. Mais je vais rapidement passer outre tant j’ai l’impression d’être encore convalescent. Pinocchio sortait exténué du bide de la baleine, moi je ressors tout aussi épuisé (mais satisfait) de cette bête maîtresse de tout un pan de mon univers mental et que l’on appelle le Japon. Et comme d’habitude j’ai toujours du mal à me situer face à elle. Les mêmes questions reviennent (en gros pourquoi je l’aime ? Serais-je capable d’y habiter ?) mais aussi, malheureusement les mêmes réponses plus ou moins nébuleuses. A l’image du Mont Fuji qui m’apparut dans l’avion. Réel, bien présent, mais aussi un brin fantômatique. A l’image aussi de mes innombrables promenades à vélo me donnant délicieusement la sensation « d’y être » mais toujours avec une part d’incrédulité plus ou moins prononcée. D’une manière encore plus générale, à l’image aussi de ce voyage encore récent et qui me donne malgré tout l’impression d’être vieux déjà de plusieurs mois. En fait d’impression je me rappelle au passage celle de ma femme, confiée dans la bagnole quelques jours après notre retour. « C’est curieux, j’ai l’impression de n’avoir pas quitté la France ». Remarque qui m’a amusé sur le coup. Comment ! Après un voyage de quarante jours ! Quelle idée ! Et puis, devant le fourbi bien connu de mon burlingue sur lequel j’écris les articles de ce blog, je dois bien reconnaître que je ressens un peu la même chose. Suis-je bien sûr d’y avoir été ? Les ai-je bues, ces dizaines de canettes de bière fraîche au moment du dîner ? Les ai-je parcourus, tous ces kilomètres à vélo dans ces enchevêtrements compliqués de rues ? Les ai-je bien vues, toutes ces jolies filles agrémentant le bitume ? Les ai-je bien prises ces milliers de photos ? Pour cette dernière j’en douterais presque. je sais qu’elles sont là, réparties en vrac sur plusieurs disques durs faute de place, attendant un tri impitoyable (y’a besoin). Mais je n’en fais rien, je vaque pour l’instant à des occupations très éloignées de Japon, sachant que mon bureau reprendra bientôt son rôle de creuset culturel où je pourrais jeter avec plaisir des limailles de souvenirs. En attendant cela, on va reprendre les bonnes vieilles critiques de cinéma mais aussi celles de photobooks. Je terminerai tout de même en évoquant ce fidèle compagnon  :

Laissez-moi ici vous présenter Tornado, le fidèle destrier qui m’accompagna dans mes escapades photographiques. La bête est capable de rouler des heures durant sans éprouver le besoin de s’arrêter au premier convini venu pour demander son picotin d’avoine. Brave Tornado ! Sur la photo on aperçoit aussi un gros sac : c’est mon Lowepro Fastpack 250 dans lequel étaient fourrés mon Canon 600d muni du dernier firmare de chez Magic Lantern, son 18-135mm, un intervallomètre (pas utilisé), un télécommande infrarouge (non plus), un 50mm 1.8 (itou. Ouais, je sais, j’aime balancer l’argent par les fenêtres), une steadycam de poing, mais aussi une serviette de bain pour le sento, quelques canettes d’Aquarius, la 3DS LL, le dernier Young Animaru (histoire de se fouetter le sang quand les batteries sont à plat) et mes 250 cartes pour jouer à Dragon Ball Heroes à l’Aeon du coin. Parfois un peu lourd à porter, surtout avec une chaleur moite tournant autour des 30°C mais enfin, avec cela j’étais paré pour passer une belle après-midi. Toujours le même topos : à 15H30 je sortais de la chambre climatisée pour supplier madame de garder trois heures les rejetons pendant que j’allais me la couler douce sur mon bicloune avant de traîner mes guêtres sur le bitume du centre ville. « Mes chaussures, mon vélo », comme disait l’autre :

A la différence que là, pas de cailloux dans la godasse, de pneu crevé où de chaîne qui déraille. Juste un sentiment de plénitude et le plaisir de n’être là que pour transpirer et prendre des photos. Et le retour à la base ne faisait que parachever le bonheur de ces quelques heures : quoique crasseux et malodorant, j’arrivais pour aller m’asseoir recta sur les tatamis de salon afin de m’enquiller une bière fraîche dont le potentiel réparateur était multiplié par dix. Je passe sur les bon petits plats que belle-maman faisait ensuite surgir de nulle part et que j’engouffrais avec à chaque fois la même crainte, celle de ne pouvoir repartir sur Tornado pour une équipée nocturne. Mine de rien, outre le plaisir d’avoir fait défiler devant mes yeux des kilomètres de Japon, Tornado peut se vanter de m’en avoir procuré un autre : celui d’avoir fait fondre ma graisse et de m’éviter le désagrément de retourner au pays totalement obèse. En revanche, pour ce qui est du Japon que j’ai ingurgité quarante jours durant, il est toujours en moi, attendant d’être recraché via mon clavier. Ce dernier est encore sur le petit braquet. Patience ! Je n’ai jamais su tenir une petite cadence bien longtemps.

Pour marque-pages : Permaliens.

3 Commentaires

  1. Aaah, ce sentiment de n’être jamais partie. Content de voir que je ne suis pas le seul à le ressentir aux retours des vacances tout en m’interpellant sur un possible rêve au goût bien réel. En tout cas, je comprends ton état d’esprit du moment, tes interrogations et j’en passe. Faut que ça macère, que ça fermente pour que la gicle future soit meilleure.

    Sans ça, sacré matos l’ami !

    Minami, oui il faudra. Question de santé publique en ces temps de crise…

    P*tain de paysage encadré par le hublot ! Ca vaut pas mal de vieux films SF. 😉

  2. Joli(s) tableau(x)…. Et bien fourni(s) avec ça !!

    Dis donc, 3 heures de vélo par jour ??

    Mais tu dois nous avoir sculpté un corps d’athlète !!

    « 250 cartes pour jouer à Dragon Ball Heroes »

    Me faut compter, mais je dois en avoir tout autant….

    A.rnaud, Pantani Spirit…

  3. @I.D. :
    Un « sacré matos » qui ne m’a pas toujours pleinement convaincu, pas mal de défauts sont apparus en cours d’utilisation. Mais enfin, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse de capter sur le vif des instants qui ne se produisent qu’une fois.

    @A.rnaud :
    « Mais tu dois nous avoir sculpté un corps d’athlète !! »
    T’as pas idée. Le nombre de bijins que j’ai pu croiser et qui regardaient alternativement mon corps et mon gros zoom avec une lueur pas très net dans le regard !
    Et je ne parle pas de la méduse qui m’a électrocuté dans le Pacifique et qui m’a laissé une cicatrice. Robert Shaw dans Jaws, en comparaison c’est Dupond dans l’Etoile mystérieuse. Avec un corps qui respirait autant l’aventure, il m’a été bien difficile de réfréner les ardeurs de l’infirmière de la plage qui était partie pour me tartiner avec ses loches la pommade anti-inflammatoire !

    Non chérie, inutile d’insister, j’ai mes 25 km brasse papillon quotidiens à faire. Et range ce clystère, tu vas te faire mal.

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