Missing
Keisuke Yoshida – 2024
Saori est une mère dévastée et il y a de quoi : alors qu’elle rentrait de l’école, sa petite fille a subitement disparu. Dès lors, entre crises de larmes et lectures de commentaires haineux à son égard sur les réseaux, Saori passe son temps à distribuer des flyers pour tenter de la retrouver, aidée par son mari et les médias… même si l’aide de ces derniers est à double tranchant.
Trois ans après Intolerance (film parfaitement recommandable), Keisuke Yoshida remet le couvert avec un drama familial dans lequel se mêlent les médias. Et de nouveau, c’est un film réussi, notamment grâce à l’excellence de l’interprétation de Satomi Ishihara. En 2024, j’avais été marqué par le portrait de femme réalisé par Yumi Kawai dans Ann, on peut dire qu’il y a ici sérieuse concurrence avec celui d’Ishihara qui se livre de manière totale, à la fois larmoyante, hystérique, injuste (quand elle envoie des messages haineux à son frère, coupable de ne pas avoir accompagné la fillette jusqu’à son domicile) et touchante. Et les autres acteurs ne sont pas en reste, notamment Tomoya Nakamura qui joue un reporter déchiré entre sa sympathie pour la famille, son désir de garder une certaine déontologie dans sa manière de l’aider, et le besoin de préserver l’intérêt du public, quitte à jouer la carte du sensationnalisme.
On comprend assez vite qu’il ne s’agira pas de construire un drame policier, comme Kurosawa dans Entre le Ciel et l’Enfer. Les parents retrouveront-ils leur fille à la fin ? On l’espère, mais on sent bien qu’il s’agit avant tout de restituer des ressorts psychologiques et sociaux. Une chose parmi d’autres bien restituée : le côté « la vie continue » qui est évidemment terrible pour Saori. Lors d’une scène sous une arcade commerciale, elle s’aperçoit qu’un fâcheux a mis des punaises sur la photo de sa fille du flyer, à la place des yeux. Elle les ôte tout en entendant deux jeunes gens s’invectiver à côté pour une broutille, évidemment inconscients de son drame à elle. Le contraste la fera pousser un cri déchirant. Quant aux dégeulasseries des haters, disons juste qu’ils trouveront une conclusion satisfaisante.
Film à la fois éprouvant et captivant, Missing montre une nouvelle fois la capacité de Yoshida à traiter de sujets lourds avec finesse et, parfois, de réels moments de grâce.
7/10