Le Meurtre du Commandeur (騎士団長殺し)
Allez, j'inaugure un fil Murakami qui ne demandera qu'à être largement complété tant je suis loin d'avoir tout lu puisqu'à vrai dire, je n'avais encore il y a quelques jours à mon tableau de chasse que
1Q84. Ce qui n'était déjà pas si mal compte tenu la longueur de la bête mais enfin, cela faisait peu compte tenu de la bibliographie conséquente de Murakami.
Cela va mieux depuis aujourd'hui puisque je viens de terminer
Le Meurtre du Commandeur et que je compte en lire un autre prochainement.
Le narrateur, un peintre spécialisé dans l'art du portrait, voit sa petite basculer le jour où sa femme décide de le quitter. Déboussoulé, il entreprend un périple dans sa petite Peugeot qui le conduit jusqu'à Hokkaido. Et puis, il finit par tourner la page, à la fois dans sa vie privée et sa vie professionnelle. Il arrête les portraits de commandes et décide de se retirer dans la maison familiale d'un ami. Particularité de la maison : elle appartenait au père de l'ami, Tomohiko Amada, grand maître du Nihonga, un type de peinture traditionnelle. Très vite le narrateur prend goût à cette vie solitaire dans cette belle demeure. Avec parfois son lot de rencontres étonnantes. Il fait ainsi la connaissance du mystérieux Menshiki, homme habitant non loin dans un luxueuse villa et qui le paye rubis sur l'ongle pour qu'il entreprenne un portrait de lui-même. Surtout, il découvre dans le grenier une curieuse toile d'Amada intitulée "Le Meurtre du Commandeur"...
Difficile pour moi de faire un retour pointu du MDC tant je suis finalement assez peu familiarisé avec les thématiques de Murakami. Une chose est sûre, ce retour à Murakami s'est avéré pleinement satisfaisant. Tout le premier tome présentant l'installation du narrateur dans sa nouvelle vie a été très vite dévoré. Je ne me souviens plus trop ou j'avais lu une comparaison entre l'univers de Lynch et celui de Murakami. Mais il y a effectivement un peu de Lynch dans cette atmosphère quotidienne dans laquelle s'insinue un onarisme fantastique et feutré. La première moitié du deuxième tome m'a moins convaincu, me rappelant ce qui avait été à mes yeux un défaut de
1Q84 : une impression au bout d'un moment d'une dilution de l'intrigue. Le narrateur va voir Menshiki. Puis c'est Menshiki qui va voir le narrateur. Puis c'est la belle Shoko qui va rendre visite au narrateur, etc. Mais c'est lorsque la monotonie arrive que Murakami nous sort de derrière les fagots un étonnant voyage que fait le narrateur et qui nous amène très vite à la conclusion. Avec peut-être une légère impression de déception, la faute à des formules conclusives à la fin de plusieurs chapitres jouant un peu trop l'effet d'annonce percutant. Il n'en demeure pas moins que le MDC, avec ses pages érotiques, cultivées dans leurs références à la musique classique, gustatives dans les descriptions de plats que mitonne Menkishi, et parfois étonnantes dans leur manière de donner à voir l'élaboration d'une peinture, réussit parfaitement à happer le lecteur dès les premiers chapitres et à lui faire tenir le choc de 900 pages menées à un rythme lancinant.