Bulles de Japon se déconfine

Depuis la création de ce site c’est la première fois que la période estivale a été si peu productive. Habituellement, je me love avec délice dans les photos et les vidéos de séjours au Japon afin de restituer certaines expériences, quand je ne suis pas tout simplement au Japon, dans la bicoque belle-familiale de Miyazaki, passant mon temps à faire du vélo, à assister à des matsuris ou à me murger au shochu.

Mais là, je dois dire que le Japon, en dehors bien sûr du regard velouté de Madame Olrik, je m’en suis tenu à la portion congrue durant ces deux mois. Pas le courage de voir le moindre film japonais et encore moins le moindre drama, le moindre anime. Au mois de juin j’étais parti sur une longe de shojos mangas et puis finalement j’ai abandonné. Aussi bien vous comprendrez qu’alimenter ce blog en articles aussi frais que du maguro à Toyosu était du domaine de l’impossible. J’ai suivi avec un certain intérêt le basho d’été qui a vu la victoire du revenant Terunofuji, mais de là à écrire dessus…

Bref, qu’ai-je foutu durant ces deux derniers mois ? Ma foi, j’ai écrit. Plongé dans l’écriture d’un roman qui me permettait de m’évader d’une situation peu avenante, j’ai pissé de la ligne jusqu’à plus soif. C’est qu’il faut vous dire, mes maîtres, que le mois de mars, date du début du confinement, m’a été plus particulièrement traître, avec un important sinistre survenu dans ma maison. Je vous épargne les détails, avec la ribambelle de coups de téléphone et de devis auprès des assurances et des artisans qui ont failli me rendre dingue. J’en suis sorti, Dieu merci ! ou plutôt presque puisque subsistent encore une ou deux opérations pour que tout redevienne comme avant.

Mais c’est là que d’une certaine manière je serai presque reconnaissant à ce coup du sort puisque sans lui je ne me serai jamais plongé avec la même fièvre dans le plaisir de dérouler une histoire et de voir des personnages prendre vie. J’avais bien tenté quelques expériences de ce genre autrefois mais cela n’était jamais allé plus loin que quelques nouvelles, les tentatives de romans ayant toutes lamentablement avorté.

Commencée au mois de mai, la bête s’est achevée hier, avec 750 pages au compteur. L’histoire ? Le genre ? Disons que l’on est dans la chevalerie de fantaisie sérieusement mâtinée de Dumas.  Et le Japon dans tout ça ? Ben, y’en a quand même, que voulez-vous on ne se refait pas, avec deux trois personnages de bijins qui forcément à un moment se trouvent partiellement ou totalement dénudées. Bref le machin est fini dans sa structure, ne reste plus qu’un colossal de travail de relecture. On verra à la fin si cela vaut le coup d’être photocopié pour être envoyé à des éditeurs.

En tout cas petite pause avant de me retrousser les manches de nouveau, et retour au Japon en attendant de savoir si je garde ce site tel quel ou si je le rebascule dans sa forme initiale en wordpress.com.

Pour commencer, je reviens sur une info que j’avais balancée sur FB il y a quelques semaines, celle concernant l’existence d’un bar qu’on aimerait tous avoir à deux pas de chez soi : le Kulture Pop Café, à Saintes. J’ai eu justement habité cette ville il y a maintenant un certain temps mais il m’arrive d’y passe encore de temps à autre. Grâce à la rencontre d’un couple franco-japonais dans ma ville, j’avais appris son existence et il est vite apparu que nous n’avions pas le choix, qu’il fallait absolument prendre la voiture pour découvrir ce lieu. Son principe, à part celui de proposer des boissons ? Être vaste, proposer contre 5€  l’accès durant une heure à des bornes d’arcades, de vieilles consoles et à un étage où se trouvent des milliers de livres (comics ou mangas). Le tout agrémenté d’une multitude de posters, de figurines, d’objets issus de la collection personnelle du patron, collection patiemment constituée au fil de ses nombreux voyages au Japon.

Le gars a ramené pas mal de magazines de mangas, exemplaires qu’il a généreusement mutilés pour faire la déco de comptoir la plus cool de l’ouest !

Bref, vous l’aurez deviné, tout cela fleure bon la passion, comme l’atteste aussi cette vitrine dans laquelle se trouvent l’intégralité des gashapons consacrés à Akira, chose que je n’ai jamais vue, même au Mandarake de Nakano !

Qu’y avait-il encore ? De mémoire une collection invraisemblable de figurines Ultraman, une belle figurine Gavan, le laserdisc original de Ninja Scroll, de chouettes posters en tissu Ashita no Joe, une borne d’arcade avec presque tous les jeux neo geo (gros plaisir tactile à rejouer à KOF 94 !), un distributeur de gashapons (que le maître des lieux m’a avoué avoir acheté sur yahoo auctions), etc. etc. Croyez bien que j’ai passé dix bonnes minutes à tout inspecter avec grand intérêt. Je suis même tombé sur un vieux jouet, une navette spatiale que j’avais quand j’étais encore en maternelle ! De quoi se sentir bien avant de s’installer à une borne pour fritter Olrik the 3rd à Windjammers.

Pendant ce temps Madame Olrik était sortie pour faire quelques magasins et nous a rejoints au bout d’une heure, à la fin du forfait, pour prendre ensemble un verre tout en discutant avec le patron qui, encore une fois, n’a pas construit le projet de ce bar au hasard mais parce qu’il exsudait la passion du Japon par tous les pores. À noter qu’il agrémente la vie de son bar d’activités ponctuelles, comme des tournois de Mario Kart ou la tenue d’ateliers de calligraphie animés justement par la japonaise du couple rencontré par chez nous. Bref, si jamais vous passez du côté de Saintes, vous l’avez compris, le Kulture Pop Café, y’a bon !

Plus apaisé (encore que le café soit calme, le volume des bornes et des téléviseurs accueillant les consoles ayant été réduit chacun au minimum, ce qui est une bonne idée), le Parc Oriental de Maulévrier, près de Cholet, parc ayant la réputation d’être le plus grand jardin d’Europe (29 hectares) d’inspiration japonaise. Ayant souvent l’occasion de me rendre à Saumur où habitent mes parents, j’avais toujours hésité à m’y rendre. D’un côté le site était prometteur. De l’autre, est-ce que cela valait le coup quand on avait goûté à des originaux ? Eh bien après m’y être répondre, je puis répondre, oui, ça vaut le coup.

Du vert, de bleu et le beau rouge d’un tori, allez ! Ça commence pas si mal !

Créé entre 1899 et 1913 puis restauré en 1987, le parc n’a rien de vain dans sa tentative de donner à voir un bout de Japon. Je craignais quelques effets grossiers dans leur exotisme et finalement, je dois bien avouer que tout cela est beau et convaincant. Et agréable car pour avoir arpenté des parcs au Japon l’été, on a ici le plaisir de se ballader et d’admirer sans suer à grosses gouttes au bout de cinq minutes (il est vrai que nous y sommes allées en déhors des journées caniculaires). La parcours fait une grosse boucle autour d’un étang, avant de remonter sur des hauteurs où se trouvent un « pavillon des plantes » où se trouvent une vaste collection de beaux et onéreux bansaïs attendant un acquéreur, mais aussi une « maison de thé » où l’on n’a certes pas le plaisir de se voir offrir un thé vert mousseux concocté par une vieille en yukata mais où l’on peut commander une bière japonaise et la siroter à côté d’un point d’eau dans lequel se trouvent des Koï.

Le petit coin à côté duquel vous pouvez siroter votre boisson.

Enfin l’inévitable boutique avec des souvenirs, de l’encens japonais et des objets de décoration. En poursuivant notre chemin pour gagner la sortie, il y avait aussi une étonnante sculpture représentant deux joueurs de taiko :

Nous n’avons pas fait les nocturnes, pour cela il fallait raquer et surtout rester encore plusieurs heures pour en profiter, chose qui aurait gavé tout le monde à des degré divers. Mais une autre fois, sûrement, le Parc ayant évidemment pour vocation à être exploré de nouveau, surtout à différentes saisons (automne et printemps plus particulièrement). En attendant de vivre un jour un hanami au Japon, j’en tenterai sans doute un à Maulévrier, un jour…

Après l’évocation de ce parc, j’hésite à partager une découverte manga. En fait deux. Bon, je voulais commencer par la plus trash mais finalement, après Maulévrier, je vais d’abord conseiller la lecture de Natsuko no sake :

Créé par Akira Oze et publié entre 1988 et 1991, le manga suit la trajectoire d’une jeune femme, Natsuko, désireuse de reprendre la brasserie de sake familiale afin de produire un des tout meilleurs saké du Japon. Alors que je me baladais dans les rues de Tours et que je furetais dans différentes librairies, je suis tombé sur le tome 2 et j’ai tout de suite été séduit par le dessin, la composition des planches et le propos qui semblait tenir autant du documentaire que de la fresque familiale. Et après m’être procuré le tome 1 et en avoir commencé la lecture, cette première bonne impression a été confirmée. Tout cela sent bon le saké d’exception mais surtout la plongée dans un Japon rural peuplé de personnages hauts en couleurs. L’édition japonaise comprenant douze tankobon, on peut penser que l’édition française comrprendra cinq ou six volumes (le premier tome fait 450 pages). À dix euros le volume, la collec’ de ce titre intéressant se fera sans douleur.

Le deuxième manga, plus trash donc, bien plus trash, est Starving Anonymous. Le propos : au Japon des groupes de personnes entiers se mettent subitement à disparaître. Le personnage principal est l’un de ces infortunés dans un début rappelant celui de Battle Royale. Alors qu’il se trouvait dans un bus pour rentrer chez lui, il s’aperçoit que tout le monde s’évanouit à cause d’un gaz soporifique diffusé à l’intérieur du bus. Il finit lui aussi par tomber dans les bras de Morphée et à son réveil, il s’aperçoit que tout ce petit monde a été transféré dans un gigantesque endroit dans lequel ont lieu… des expériences bizarres et dans lequel vivent des êtres… ben bizarres, quoi !

Je n’entre pas dans les détails pour vous laisser le (dé)plaisir de la surprise. Disons que si vous aimez les délires de Hiroya Oku dans Gantz, il y a des chances pour que vous aimiez. Sexe, violence et imagination macabre à côté de laquelle celle de Go Nagai dans Devilman ferait presque sourire, voilà ce qui vous attend. Série courte en sept tomes, de quoi éviter tout effet de monotonie.

Voilà voilà pour les mangas. Pour les anime, je conseillerai bien Uzaki-chan wa Asobitai pour son fan service :

… même si je sens qu’à la longue cette série va me gonfler.

J’informe sinon au cas où qu’Aggretsuko va revenir pour une troisième saison à la fin du mois sur Netflix :

Si vous ne connaissez pas, vous pouvez y aller, grosses barres de rires en perspective.

Enfin, pas de meilleure conclusion que de rappeler qu’Akira ressort en 4K sur nos écrans. Olrik jr, 15 ans, m’a fait remarquer il y a quelques jours que notre nouveau cinéma le proposait et en VO s’il vous plaît ! J’ai beau le connaître par cœur, je sens que je vais de nouveau succomber à l’ivresse des jegogs indonésiens lorsque la bande de Kaneda va s’occuper des Clowns. Rasera ! Rasera ! Rasera !

 

 

Lien pour marque-pages : Permaliens.

8 Commentaires

  1. Sympa le Kulture Pop Café!!! On voit aussi fleurir ce genre d’initiative ici en Gelbique, avec le fait que les distances sont moindres, et rendent donc les spots de ce genre plus accessibles pour les amateurs.
    Petite anecdote, pour le Natsuko no Sake: pour l’édition française, chez Vega, ils ont collaboré pour la partie traduction/références « sake » avec Osake, la boite de deux passionnés français qui brassent et importent des sakés japonais et forment aussi au travers de la SSA (Sake Sommelier Academy).
    Chouette ouvrage, très complet, sur le monde du sake, Natsuko date pourtant… première sortie japonaise à la fin des années 80. On a même un drama, sorti en 94

  2. Je me suis souvenu du drama « Liquid » (https://bullesdejapon.fr/2015/07/29/liquid/), que j’avais adoré et franchement, j’en suis à cent pages de Natsuko, je sens que ça va bien se passer aussi.
    Je note pour l’adaptation en drama, ça peut être sympa de voir cela même si je me dis que ce sera peut-être chaud de mettre la main sur les épisodes.

  3. Ah arigatô Olrik-san! J’avais oublié ce « Liquid »!!! mmmh, le voilà ajouté sur ma liste « à visionner » 😉
    Pour Natsuko, toujours pas de date annoncée pour le 3ème volume… Je suppose qu’avec ce fichu Covid, toutes les parutions sont bousculées…
    Du même dessinateur, Oze Akira, tu as aussi « Le disciple de Doraku », sur la thématique Rakugo… à chaque fois que j’y pense ça me donne envie de revoir Tiger and Dragon du génialissime scénariste Kudo Kankuro (petit + non négligeable, une bonne part du drama se déroule dans le quartier d’Asakusa, aux abords du Senso-Ji… que de souvenirs! 🙂 )

    • Oui, avec Natsuko no sake je me suis du coup un peu renseigné sur Oze et j’ai vu cet autre manga. J’essaierais bien mais après, 30 euros le volume, sachant que le tome 3 regroupe les tomes 5 et 6 de l’édition japonaise, édition qui en comprend 18, ça implique un peu d’abnégation et surtout l’espérance que la série ne soit pas abandonnée en cours de route.

  4. Il me faut un mois pour écrire une nouvelle de six pages… Du coup, je t’imagine totalement possédé tel Stevenson lorsqu’il écrivit « L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde »…

  5. Précisons que je raisonne en pages format livre de poche (350 mots) et non au format A4 bien tassé. Mais oui, à 2000 mots par jour, avec des journées d’ivresse dépassant parfois les 6000, il a pu y avoir un effet de « possession », c’est vrai, même si je suis loin de n’avoir consacré mes journées qu’à cela (c’est surtout le matin que ça pissait de la ligne).

  6. Salut, vieux camarade. Comment ne pas être fasciné par ta folie créatrice. Je suis impatient de lire çà (je vais sacrifier quelques cultistes à l’asile d’Arkham, s’il y en a besoin, pour conjurer le sort et avoir la chance d’avoir ce récit entre les mains à jour). Le rôliste que je suis y voit de folles perspectives.
    A très bientôt et bonjour à tes proches !!

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