♫ Dans la chaleur, de la nuit, le mokkori est toujours puni ♫

2018 et 2019 ont été fastes pour City Hunter puisque l’œuvre phare de Tsukasa Hojo a eu droit à rien moins que deux adaptations en long métrage, qui plus est visibles sur nos écrans.

Il y a d’abord eu l’année dernière le film de Philippe Larcheau, Nicky Larson et le parfum de Cupidon. Projet à la base hautement improbable et puant le nanar à plein nez. Malgré tout, le film a été ardemment défendu par des fans du manga original, fans dont on aurait pu penser qu’ils n’allaient pas se priver de cracher leur fiel sur une telle entrprise. C’est tout le contraire qui s’est produit tant ce film respirait le respect du manga dans son dosage particulier entre humour et action. Quand il est sorti en DVD j’y suis allé de ma tentative et j’ai bien compris ce qui a pu susciter cet engouement. Après, j’avoue aussi avoir été rapidement rebuté par ce que proposait Larcheau. Qu’il y ait une vulgarité dans City Hunter, vulgarité émanant surtout du caractère lubrique de Ryo Saeba est une chose, et j’ai même tendance à en raffoler. Mais qu’à cette vulgarité s’ajoute une fine couche de cette vulgarité gouailleuse émanant quasi systématiquement des comédies françaises actuelles, j’ai été tout de suite moins client. Du coup j’ai eu du mal à tomber dans un trip nostalgique même si, encore une fois, ce qu’a réalisé Larcheau m’a semblé honorable compte tenu du côté casse-gueule d’une tel projet.

Bref, entre la version live et la version anime, vous aurez compris quel camp j’ai choisi. Sorti cette année, City Hunter Shinjuku Private Eyes colle à une recette éprouvée qui ne décevra pas l’amateur.  Déjà, on trouve à la réalisation Kenji Kodama qui avait largement contribué à la réalisation d’une pléthore d’épisodes de la série originale ainsi qu’à celle de plusieurs OAV. Ensuite, comme Larcheau a pu le faire dans son film, on retrouve avec bonheur des morceaux de la B.O. originale donnant au film une atmosphère délicieusement 80’s. Inévitablement (mais le spectateur aurait été déçu si cela n’avait pas été le cas), c’est Get Wild qui conclut l’histoire.

Et les nostalgiques de la VF n’ont pas été oubliés puisque l’on retrouve dans le doublage Vincent Ropion et Danièle Drouet. C’était une des qualités de la série, son doublage parfois WTF (les fameux « faire bobo ») que d’aucun ont pu trouver contestables (surtout lorsqu’il avait tendance à édulcorer la crudité de certaines situations) mais qui collait pas si mal à l’atmosphère parfois à la Tex Avery  de l’univers de Hojo. Après, même si j’ai aimé autrefois ces voix, j’avoue maintenant qu’entendre les personnages s’appeler entre eux « Nicky », « Laura » ou « Hélène » a tendance à me gonfler un peu. Du coup j’ai opté pour le doublage japonais puisque les doubleurs originaux, Akira Kamiya et Kazue Ikura, ont su avec le temps conserver le timbre de leurs voix.

Concernant l’histoire, c’est comme d’hab’ une auguste bijin qu’il va falloir protéger des manigances d’un méchant.

L’auguste bijin en question en train de prendre sa douche (là aussi, un passage obligé de toute bonne histoire de City Hunter qui se respecte). Pas forcément très utile à la narration mais bon, ça ne mange pas de pain.

Ici, la gentille se nomme Marie Iitoyo, mannequin de son état, et le méchant Shinji Mikuni, ami d’enfance de Kaori et redoutable homme d’affaire œuvrant dans les cyber-technologies. On comprendra au milieu du film pourquoi un tel homme en veut à une telle bijin. Ce sera le début d’une longue (un peu trop à mon goût) séquence d’action dont l’originalité sera de conférer à l’univers de City Hunter une ambiance à la Appleseed (voir dernier article) mais aussi de permettre un cross-over inattendu avec l’aide des trois sœurs de Cat’s Eyes.

Dernière partie un peu longuette donc mais techniquement assez bien foutues. Avec une mention spéciale pour la variété et la précision des décors, notamment lors de la scène où Ryo se rend précipitamment à la Golden Gai :

La qualité des décors n’est pas totalement homogène, certains, très réalistes comme celui-ci, alternant avec d’autres plus rudimentaires. Mais dans l’ensemble le rendu est plus soigné qu’à l’accoutumé.

Quant à l’humour, bon, c’est du City Hunter quoi ! Le terme « mokkori » est prononcé un certain nombre de fois et les mutations libidineuse du personnage sont généreusement montrées à l’écran…

… tout comme les massues et les pièges « anti-mokkori » de Kaori. D’ailleurs un peu trop présents, les massues et les pièges. Et on a connu les scènes lubriques un peu plus corsées. Il faut croire que c’est dans l’air du temps, que #metoo est passé par là et qu’il a donc fallu brider un peu le harcèlement de notre nettoyeur baveux préféré (d’ailleurs on aperçoit à un moment sur l’une des massues de Kaori l’inscription « 2019 »).

Evidemment on pourrait penser c’est tout de même bien du réchauffé et j’avoue lors des premières minutes que je me suis demandé quel intérêt il pouvait y avoir à regarder tout cela. Et puis au bout d’un quart d’heure je me suis aperçu que je n’étais finalement pas si mal dans cet univers. Certes, ça tire un peu en longueur vers la fin. Mais difficile de ne pas succomber au charme de retrouver de vieux amis dans cet univers déconnant peuplés de mercenaires lourdement armés et de petites pépés euh… elles aussi bien armées. Pas révolutionnaire mais pour ceux qui n’ont pas été satisfait par le film de Larcheau, City Hunter : Shinjuku Private Eyes est la petite madeleine que l’on attendait.

7/10

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