White Lily (Hideo Nakata – 2016)

Une année après leur sortie au Japon, il est temps maintenant de songer à faire un retour des cinq films chargés de faire l’opération « Roman Porno Reboot » de la Nikkatsu. Commençons avec White Lily, de Hideo Nakata :

Après la mort tragique de son mari, Tokiko, une potière réputée, continue de vivre dans son atelier et à donner des cours à des élèves en compagnie de Haruka, jeune femme qu’elle a recueilli à l’époque de son mari et avec laquelle elle entretient désormais une liaison. Mais de tempérament volage, cela ne l’empêche pas de tomber dans les bras d’un homme quand ça lui chante. Ainsi, quand arrive un beau jeune homme à qui elle propose de vivre chez elle le temps de son apprentissage, Haruka commence sérieusement à paniquer…

A priori, rien de commun avec le réalisteur de Ring et de Dark Water avec des films de fesses et pourtant, ce serait oublier que des cinq réalisateurs choisis pour l’opération Reboot, il est sans doute celui qui connait le mieux la geste nikkatsesque du film rose. Il a en effet  réalisé un documentaire sur la question, Sadistic & Masochistic, et, surtout, a été dans sa jeunesse l’assistant de Masaru Konuma, un des maîtres du genre. Bref avec un tel pedigree, on peut penser que Nakata a dû se sentir tout auréolé d’un immense honneur d’avoir été choisi pour réaliser un film.

Tourner des scènes de cul avec de magnifiques actrices, je kiffe !

Honneur et respect car au visionnage de ce White Lily, on sent qu’il n’a pas été question pour lui de faire quelque chose de neuf et de radical. Inspiré d’un film de Konuma sur le lesbianisme (Lesbian World : Ecstasy), le film exploite la thématique sur le schéma du triangle amoureux constitué d’un jeune homme et de deux femmes dont l’une expérimentée, triangle largement éprouvé dans les roman porno (je songe à Kashin no Irezumui : Ureta Tsubo). J’ai pu voir pas mal de critiques lui reprochant son aspect sage, très éloigné des approches plus audacieuses (notamment Sono avec Antiporno) effectuées par les autres réalisateur du Roman Porno Reboot. Cela a du sens si l’on considère que ces nouveaux films se devaient forcément de repousser les codes du genre, mais après, si l’on a juste envie de s’asseoir confortablement dans son canapé pour voir un roman porno qui n’invente rien mais qui se contente d’utiliser avec application des recettes éprouvées, avec des acteurs  convaincants et des scènes érotiques bien réalisées, White Lily peut suffire à votre plaisir.

Et si les horribles scènes de poterie dans un certain film de Sono vous ont dégoûté de cet art ancestral, c’est l’occasion de le réhabiliter à vos yeux en admirant la confection d’un objet sous les doigts graciles d’une bijin.

Pour reprendre une expression à la mode (seule et unique fois sur ce site, promis !) : Nakata a fait le job. Sans doute les autres réalisateurs ont-ils pris plus de risques, mais son White Lily n’a rien de déshonorant et est même plus intéressant qu’une pléthore de roman pornos réalisés autrefois. Nakata a très bien choisi ses actrices, notamment Kaori Yamaguchi qui, avec ses 43 ans bien conservés, sait donner à Tokiko une séduction et une énergie sexuelle qui rend parfaitement crédible sa liaison avec un jeune homme qui pourrait être son fils.

A noter qu’en femme d’expérience qui à l’oeil, son personnage a vite fait de repérer combien l’agilité digitale de son élève peut être appliquée – avec bénéfice – à un autre type de vase.

Evidemment, on songe à Naomi Tani et sa plastique indépassable mais enfin, il fait reconnaître que Yamaguchi, avec un corps bien moins voluptueux que celui du glorieux modèle, charme favorablement les pupilles du spectateur. A cela s’ajoute des scènes de fesses particulièrement soignées, notamment celle donnant au film son titre. Le « white lily » en question, c’est évidemment la délicate fleur du sexe féminin que les deux femmes du film vont humer et lécher lors d’une scène baignant dans un blanc onirique et sur un sol recouvert de lys blanc. Là aussi, c’est un délire visuel parfaitement raccord avec ce qui a pu être fait dans certains vieux roman porno (1).

Le film fait 80 minutes (c’était un critère imposé par l’opération Reboot) et parvient à tenir éveillé l’attention du spectateur sans problème, alors même que les scènes érotiques sont en nombre limité. Il me reste à voir maintenant les quatre autres films pour pouvoir comparer mais White Lily peut d’ores et déjà apparaître comme une entrée en matière sage, faite d’un certain conservatisme mais d’un conservatisme à l’image des lys du film…

bien léché.

De quoi donner envie de voir d’autres films du genre signé Nakata, et si possible d’autre incursions de Kaori Yamaguchi dans l’univers du pinku.

7/10

(1) A comparer aussi avec le Lesbian World : Ecstasy de Konuma, qui possède peut-être une scène de ce type. Du reste je ne sais pas si White Lily est un hommage ou un remake de ce film.

 

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