Les Aventuriers du salon de thé perdu (part 1)

30 juillet :

Nous avons décidé d’occuper cette journée à Kyoto. Je dis « nous » c’est-à-dire moi et les enfants, Madame allant à Kobe en solitaire pour rencontrer et papoter avec une cliente de son entreprise. Me revoilà donc promu chef de meute, bien décidé à faire découvrir à mes deux louveteaux les magnifiques temples de l’ancienne capitale tout en profitant du beau temps avec de belles et vivifiantes marches qui allaient remettre d’équerre leur constitution par trop avachie par les jeux vidéo et les mangas.

Les mangas justement : si leur lecture ne remplace pas un bon footing d’une heure entre deux sessions de lecture d’A l’Ombre des jeunes filles en fleurs  (en ce moment mon programme matinal durant l’été en plus de taper ces articles), je leur reconnais bien volontiers des qualités qui ont su et savent encore faire mon bonheur. Et comme mes deux louveteaux (appelons-les Tanuki Gourmand pour Olrik the 3rd et Hibou Paisible pour Olrik jr) sont particulièrement adeptes de ce style de lecture, je décidai, après avoir tout de même passé un petit quart d’heure dans la majestueuse gare de Kyoto afin d’y prendre quelques photos…

… de prendre le métro pour me rendre là :

C’est-à-dire au…

Bon, pas vraiment une nouveauté en ce qui me concerne, ce devait être la troisième fois que je m’y rendais mais l’endroit est plaisant et comme il y a toujours une exposition, c’est l’occasion d’en profiter. Pour ce qui était de prendre des photos, je déchantais cependant : des panneaux disséminés un peu part tout étaient sans ambiguité : les photos étaient interdites, chose que l’on pouvait faire autrefois. J’ai bien fait du coup d’en prendre lors de mes précédentes visites, cela me permis notamment de garder une trace de la main de Moebius. Durant cet été, le musée consacrait une expo très fournie Eguchi Hisashi, illustrateur que les amateurs d’Otomo connaissent un peu puisque c’est lui qui a dessiné les différentes illustrations pour les posters japonais de Roujin Z :

Intitulée « King of pop », l’expo était donc truffée de jeunes femmes belles et élégantes, stylées vestimentairement et du meilleur effet dans les magazines de mode (pour lesquels Higashi a travaillé ).

Nous restâmes au musée deux bonnes heures, le temps de voir l’expo, de saluer le Phénix de Tezuka :

… mais aussi de bouquiner tranquilou dans la salle de lecture principale.

A la fin, il fallut bien inspecter la boutique du musée pour en rapporter quelques souvenirs. Les kids portèrent leur dévolu sur des médailles-souvenirs du musée (à l’effigie de tezuka et de certains de ses personnages, la classe !) afin de les arborer fièrement autour du cou.

Toutes ces lectures avaient creusé l’appétit. Il fallait donc trouver de quoi nous sustenter avant notre prochaine destination située à quelques kilomètres de marche.  Juste à la sortie j’en profitai pour mettre dans la boite deux cosplayeuses…

Sur le panneau : « veuillez demander aux cosplayeurs la permission avant de les prendre en photo ». Oups ! 

… puis nous allâmes juste en face du musée où je savais que se trouvait ceci :

Un Sukiya, ça ferait largement l’affaire, on n’était pas là non plus pour faire bombance !

Et une demi-heure après nous partîmes pour rejoindre le centre-ville. Quelque peu inquiet, Hibou Paisible me demanda si c’était loin, il eut même l’outrecuidance de s’étonner du fait que l’on ne reprenait pas le métro. Ce à quoi que je répondis que non, nous n’étions pas très loin, qu’il s’agissait juste d’aller au bout d’une avenue avant de rejoindre une arcade commerciale nous permettant d’atteindre le centre. En gros, ça donnait ceci :

Quelques kilomètres en plein air le ventre chargé de gyudon n’ont sûrement jamais tué personne. Mais au bout de cinq minutes, je sentis que ça allait être un sale moment, en particulier pour Tanuki Gourmand qui avait peut-être mangé trop rapidement et qui semblait avoir du mal à digérer. Les premières minutes, l’équipée faisait penser à ceci :

Il faisait chaud, mais la troupe encaissait stoïquement. Les deux louveteaux, dopés par leur repas et leur médaille Tezuka au cou, marchaient crânement et pouvaient faire penser à Kwai Chang Caine au milieu du désert. Empli de fierté, je me comparais mentalement au maître vénérable du « petit scarabée », de quoi vous fouetter l’imagination juste avant d’admirer des temples bouddhiques séculaires. Hélas ! cette impression en dura pas car très vite la marche évoqua plutôt cette scène :

Evidemment moins glorieux, même si j’avoue qu’être dans le rôle de Tuco avait tout pour me réjouir.  A chaque passage piéton, Hibou Paisible se risquait d’un « c’est là qu’on doit traverser, hein ? » que je balayais à chaque fois d’un « nan, c’est le prochain ! », un brin goguenard mais en même temps satisfait de fortifier ces constitutions que notre époque moderne avait beaucoup trop affaibli.

Nous arrivâmes cependant à l’arcade commerciale puis au bout de celle-ci. Comme il était un peu tôt pour faire une pause dans un endroit où se rafraîchir, je proposai de nous rendre à Gion où je savais que l’on pouvait prendre des glaces dans joli endroit de ma connaissance. Problème, j’avoue ici que ma mémoire me joua un tour puisqu’il s’agissait de parcourir cette distance à pied :

Soit deux fois plus que d’après mes souvenirs. Mais bon, il faisait beau et comme la shijo dori avait une activité distrayante, je ne doutais pas que mes clampins allaient oublier leurs ampoules aux pieds. Malheureusement, juste après le pont, alors que nous attendions un feu vert pour traverser, « chute à l’arrière ! » (comme disait Jean-René Godart) :

?!

Alors que nous étions à cet instant entouré de beauté du fait d’une nuée de bijins en yukatas colorés, voilà que Tanuki Gourmand décide de faire la grève de la marche ! Devant son air désespéré et sa breloque pendant lamentablement autour du cou, je m’apitoie un peu, essaye de faire repartir la machine avec quelques mots d’encouragement mais rien n’y fait : Tanuki Gourmand n’a plus de gaz !

Ici le piège se referma quelque peu sur moi puisque la seule solution était de faire un bout du chemin… avec Tanuki Gourmand dans les bras ! J’aurais pu faire une halte quelque part, ce n’était pas les cafés qui manquaient mais comme je tenais à faire la pause dans le salon de thé que je connaissais, je pris le paquet dans mes bras et continuai jusqu’au bout de la shojo dori, ne tardant pas à transpirer plus fort que dans le sauna de mon sento préféré de Miyazaki.

La suite au prochain épisode. Au programme : errance, désespoir et résurrection mystique.

 

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3 Commentaires

  1. Suspens insoutenable..!

    Je ne savais pas pour la gare de Kyoto 🙁

    Faut dire que ça a énormément gagné en renommée depuis quelques années, et du coup tous les touristes ayant un vague penchant pour la photo architecturale ou de rue avaient un peu trop tendance à prendre leurs aises, ce qui dans un tel lieu de passage est forcément problématique.

    • Rofl, my bad. Ça faisait référence à l’expo, ça me paraissait un peu drastique pour un lieu public quand même.

      • Oui, la photo de rue peut commencer à être compliquée à pratiquer dans certains pays mais je crois qu’au Japon on a encore de la marge ^^
        Cela dit interdire les photos dans des lieux comme le marché de Tsukiji n’aurait rien d’impensable (peut-être même que c’est déjà le cas, ça fait très longtemps que je n’y ai pas mis les pieds). Perso, ce que j’interdirais serait surtout l’usage de la perche à selfie mais ça, c’est un autre débat.

        Sinon, j’imagine que l’interdiction dans le musée du manga (et pas que l’expo) vient d’une question de droits d’auteur et de droit à l’image, les quidams venant pour lire tranquillement des mangas et pas pour être photographiés par des gaijins).

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