Wall of shashin #1 : les couvertures de Heibon Punch

Nouvelle rubrique aujourd’hui. Les collectionneurs compulsifs de belles images issues du pays du Mikado le savent, ce passe-temps est un puits dans fond, un perpétuel délice, une suite sans fin de nouvelles pépites que l’on découvre et que l’on se précipite de sauvegarder dans des fichiers qui avec le temps deviennent un capharnaüm sans nom mais aussi une plaisante reconstitution fantasmatique d’un Japon révolu.

En ce qui me concerne, tout ce qui vient des 60’s et des 70’s, un peu de la première moitié des 80’s, a donné lieu à de plaisantes heures de chasse sur mon écran, chasse aux images, aux couvertures de magazines, aux photos de starlettes ou aux pochettes de vinyls. Bref, pour cette nouvelle rubrique, c’est tout naturellement que j’ai choisi le magazine qui fut le plus plus populaires des hebdomadaires japonais durant les années 60 et 70, à savoir Heibon Punch. Destiné à un lectorat de jeunes hommes, le mag était une sorte d’équivalent japonais de Playboy, alternant articles, photos de charme et publicités. Lancé au milieu des années 60, Heibon Punch était totalement dans l’air du temps, en pleine expansion économique, avec pour les jeunes gens un nouveau pouvoir d’achat, plus de temps libre, notamment de temps à consacrer à ces créatures subtiles que sont les bijins.

« Viva girls ! » : programme lapidaire mais limpide.

Sur cette mutation de la jeunesse, un film me revient tout de suite en tête, le Sabre de Kenji Misumi (sorti juste un an avant le premier numéro de Heibon Punch), dans lequel un jeune homme soucieux de suivre une voie rigoureuse faite de don de soi et de travail fait face à l’incompréhension d’un rival pour qui la vie doit dorénavant n’être qu’une suite de plaisirs : alcool, jeux avec les potes et galoches à rouler aux petites-amies.

Bref, on voulait du sexe qui ne soit pas sale, relégué à de sombres étagères d’obscures bouquinistes. Apparaissant dans les présentoirs des librairies, le magazine ne tarda pas à trouver sa clientèle avec 550000 exemplaires vendus pour le premier numéro, du jamais vu dans l’industrie de la presse japonaise. Quelques craintes se firent sur sa viabilité à cause des tentatives du gouvernement d’alors de donner une « bonne image » du Japon à l’approche des jeux olympiques. Mais Heibon Punch échappa à toutes perturbations, mettant en avant le fait que son imagerie était plus « sexy » que « sexe ». Ajoutant que sa ligne éditorial était composée d’articles traitant de sport, de voiture ou de mode, le journal n’eut aucune peine à éviter les pressions puis à s’imposer et à amplifier son succès : un an après son lancement, les tirages atteignaient le million d’exemplaires ! Le cocktail trouvé par les rédacteurs de Heibon était décidément le bon.

Alcool et peau satinée, quoi de mieux en effet ?

Approchant de la fin des années 60, le ton devint un brin insolent, avec cette histoire de photographie prise par Osamu Nagahama sur laquelle on voyait une bijin ouvrant son manteau pour offrir sa nudité à des policiers surveillant une manifestation d’étudiants (photo que je désespère de voir un jour de mes propres yeux). Durant les années 70, Heibon Punch commença à perdre de son aura, la nudité qu’il proposait n’étant plus perçue comme originale. On pouvait trouver croustillant de voir que telle idol accepte d’y apparaître dans le plus simple appareil, mais la formule vint peu à peu à s’user et c’est en octobre 1988  (tout de même vingt-trois années d’existence) que sortit l’ultime numéro, laissant derrière lui les regrets nostalgiques des baby-boomers mais attisant aussi les désirs de collectionneurs fascinés par le charme de ses couvertures et l’esthétique softcore particulière de ses photographies.

Voici donc une sélection de cinquante couvertures de Heibon Punch. Je gage qu’un jour un autre numéro de « Wall of shashin » lui sera consacré.

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