Back to Ithaque (3) : le bus de l’angoisse

Résumé de l’épisode précédent : après un voyage sans encombre quoique pollué par les bruits d’une famille espagnole à la Séraphin Lampion, la Olrik Family arrive enfin à Roissy. Arriveront-ils à prendre de justesse leur TGV (prévu à 18H09) ou bien les Dieux décideront-ils de leur faire subir une nouvelle avanie ?

17H17 : l’avion se pose sur la piste. Sept minutes de retard in ze babe. Je croise les doigts pour qu’il se gare rapidos.

17H27 : le rapidos, je l’ai dans les gencives puisque l’avion vient juste d’arrêter les moteurs. On se tient debout, prêts à évacuer l’avion avec nos bagages de cabine.  Il va falloir être terriblement chanceux.

17H30 : nous découvrons que, comme de bien entendu, l’avion ne s’est pas garé le plus près de la gare ferroviaire mais à l’autre bout. Nous devons prendre la navette pour rejoindre le terminal principal. Je suis de plus en plus crispé.

17H37 : arrivée à la douane. Je précise : la douane française. Il faudra que je songe la prochaine fois à prendre des photos pour faire le comparatif entre la japonaise et la française. Au Japon, ç’a été à peine cinq minutes d’attente, presque autant de voyageurs que de flics dans leurs cabines en plexiglas. En France, eh bien… trois à quatre cents personnes massées devant les cabines. À vue de nez, on en avait pour vingt minutes d’attente. Je mis le grappin cependant sur une brave dame qui s’occupait de gérer le flux, lui expliquai le problème. Compréhensive (après le service conciliant à la japonaise, je redoutais une autre réaction), elle nous fit passer devant tout le monde. Derrière moi, j’entendis un ou deux vieux, excédés par l’attente, émettre de ces rouspétages bien de chez nous. La peste étouffait ces deux barbons ! Ils n’avaient pas une valise bourrée de photobooks à se trimballer, eux !

17H46 : sortie de la douane, direction les tapis roulants pour récupérer nos bagages. A cet instant-là, je me dis que s’ils sortent parmi les premiers, on peut y arriver et choper le TGV de 17H09.

17H48 : arrivée à l’espace pour récupérer les bagages. Je jette un œil à l’écran pour le planning des récupération et là, coup de tonnerre ! je lis que les bagages de notre vol seront disponibles à partir de 18H20 ! Grinçant des dents, je me poste malgré tout juste en face de l’endroit où vont arriver les bagages.

17H52 : Surprise ! Des bagages arrivent déjà ! Le problème est que je ne sais pas s’il s’agit de ceux de notre vol ou d’un autre. Autre souci : personne ne vient les récupérer. Au bout de quelques minutes ils occupent l’ensemble du tapis roulant qui circule en boucle et ne laissent plus d’espace pour permettre aux nouveaux bagages d’arriver (cela se fait avec un système de détection, s’il n’y a pas d’espace libre, les bagages attendent). Au Japon, il y a souvent du personnel pour s’occuper justement du problème en brassant les bagages pour faire de la place. Mais voilà, nous sommes en France, à Paris où l’art du osef style n’a pas de limites. Enervé, je m’approchai des bagages et fis alors le job de ces deux employés japonais que j’avais vus à Narita, aidé par un autre voyageur qui devait lui aussi avoir un train à prendre.

17H55 : Deuxième coup de tonnerre ! Positif celui-là ! La première de nos quatre valises vient d’arriver ! Par quel coup du sort ? Aucune idée. Je me contentai de saisir les 23 kilos et les plaçai sur mon charriot.

17H57 : la deuxième arrive, suivi aussitôt de la troisième !  La chance était revenue ! Si le quatrième radinait dans la foulée, ça pouvait le faire !

18H00 : J’avais parlé trop vite. La dernière valise mit un peu de temps à arriver et, bien évidemment, resta un moment bloqué à cause du tapis qui était bourré de bagages que personne ne choppait. La cause n’était pas à chercher bien loin : leurs propriétaires étaient très probablement toutes ces bonnes gens que j’avais grattés à la douane. En bloquant certaines valises pour libérer un espace, je parvins cependant à la récupérer. Mes 70 kilos de valises installées sur le charriot, je bandai mes muscles avant le suprême effort. Direction : la gare TGV, et au pas de course !

Ici, petite description de la scène :

Madame : occupée à trainer la petite valise embarquée en cabine ainsi qu’un sac à moyen de taille moyenne mais surtout devant courir avec des chaussures pas vraiment conçues pour faire un sprint  dans un aéroport.

Olrik jr : lui aussi une valise de la même taille que celle de sa mère à se trimballer ainsi qu’un petit sac à dos. Pour info, Olrik jr n’a que dix ans et dans sa classe avec ses copains, il évoque encore plus une crevette qu’Olivier Merle.

Olrik the 3rd : Une petite valise un sac Babar sur les épaules. C’était peu mais en même temps ça promettait d’être trop.

Enfin votre serviteur : un charriot bourré de bagages devant moi, trois sacs en bandoulière sur les épaules. Autant dire que si je me faisais mettre le grappin par un démarcheur comme dans Y a-t-il un pilote dans l’avion ? c’était le bourre-pif direct. Si par hasard vous vous trouviez là à ce moment, vous avez peut-être vu un gros blaireau qui faisait un sprint dangereux avec un charriot très lourdement chargé ? Ne cherchez pas, c’était moi ! Totalement déraisonnable, je sais, mais à cet instant je dois dire qu’il y avait presque un certain plaisir à s’identifier mentalement à ceci :

Oui, j’étais plus proche alors de Steve Austin que d’Ulysse. D’ailleurs, Ulysse a le souci de ses compagnons, tandis que moi, je ne visais qu’une seule chose : arriver le premier sur le quai du TGC afin de l’empêcher de partir. Benoît Brisefer l’avait fait, je pouvais le faire ! Un coup d’œil cependant derrière moi : triste spectacle ! Entre Madame empêtrée dans ses chaussures et les kids déjà à l’agonie après trente seconde de course, le spectacle était presque aussi saisissant que les 50 km marche des derniers J.O.

18H10 : j’arrive à la gare, puis à l’esplanade qui permet d’atteindre les quais par les escalators. Intérieurement, je croise les doigts. Si le TGV a un peu de retard, il doit encore être là. Merde quoi ! On n’est plus au Japon, normalement la SNCF se doit d’avoir toujours des trains à la bourre. Cependant je jette un œil  sur les quais : rien ! Tout juste s’il n’y pas une ou deux de ces tumbleweeds de western qui passent sous mon nez pour me narguer. Je reviens en arrière et jette un œil à l’écran des départs : le TGV de 18H09 n’apparaît pas. C’est fini. Mort. Rapano. Et j’ai écrasé avec mon charriot deux vieillards et trois enfants en bas âge pour des clopinettes.

18H15 : Tous un peu groggy par la course et l’échec à l’arrivée, nous nous asseyons pour boire et faire le point. En tant que capitaine de l’expédition, je me dois de rassurer et de montrer que je suis plein de ressources. Je ne veux pas non plus que tout cela se termine comme dans Aguirre. Intérieurement je suis excédé, mais hors de question de me laisser aller comme Klaus :

Permière chose à faire : savoir quel est le prochain TGV pour Angoulême. Direction : la billeterie.

18H45 : J’en sors avec les infos une demi-heure plus tard. Non qu’elle fût bondée mais, one more time, c’était juste un service à la française, à des années lumières du service japonais. Sachant que Tokyo va s’occuper des prochains J.O., j’avoue que l’idée que certains s’accrochent pour obtenir à tout prix l’organisation des J.O. à Paris me fait sourire. Ça promet d’être un beau bordel. Bref, après avoir pris mon ticket comme à la boucherie, j’attendis, attendis, et attendis encore. Quand mon tour arriva, l’employée – très serviable, je ne peux lui enlever ça – enterra assez rapidement mes derniers espoirs de prendre un dernier train la fin de la journée. Il n’y en avait plus à partir de Roissy. Quant à celui au départ de la gare Montparnasse, elle me le déconseilla : trop tard pour se farcir le RER, le métro, et espérer partir à temps. Il fallait donc prendre un TGV aux aurores le lendemain. Après avoir raqué pour plus de 200 euros de nouveaux billets (je ne précise pas, vous vous en doutez, mais au cas où : les anciens billets étaient évidemment non remboursables), je sortis déconfis de la billetterie mais en même temps apaisé, faisant contre mauvaise fortune bon cœur. Et puis, Ulysse doit savoir comment s’y prendre pour gonfler le cœur de ses compagnons de courage et de certitude. Mes compagnons, je les retrouvais sur un banc à boire des sodas et à grignoter des pickles et de petits sandwichs ramenés du Japon. Tant qu’ils ne faisaient pas l’erreur de sacrifier les bœufs sacrés de Phébus en plein aéroport, ça allait.

Ça allait mais il fallait maintenant trouver un hôtel pour la nuit. Comme mon portable n’avait plus de batterie (je puis penser à charger la batterie de mon appareil photo, beaucoup moins celle de mon téléphone), je pris celui de ma douce. Ah ! Il me fallait aussi la liste des hôtels à proximité de l’aéroport. Le jeune homme au point information me la remit et je commençai à étudier le papelard. Evidemment, après avoir raqué de nouveaux billets à cause de deux putains de minutes de retard, hors de question de dépenser une grosse somme pour une nuit, surtout que nous allions arriver à l’hôtel pour prendre une douche et dormir aussitôt. On allait donc taper dans le fonctionnel cheap genre Formule 1. J’allais faire le numéro lorsque derrière moi une voix mâle retentit :

« SORTEZ IMMEDIATEMENT ! C’EST LE PÉRIMÈTRE DE SÉCURITÉ ! TOUT LE BÂTIMENT EST BOUCLÉ ! »

L’homme qui parlait ainsi n’était pas un balayeur mais bien un policier. Et il ne plaisantait pas.  Là, pour le coup, je me dis confusément que j’avais peut-être fait une erreur en perdant mon temps à prendre de nouveaux billets pour le train et que j’aurais dû en fait prendre des billets d’avion pour retourner au Japon. Qu’était-ce encore ? des terroristes armés de kalachnikovs ? une alerte à la bombe ? un bagage suspect ? Un brin désabusé par cette île dangeureuse, j’allai avec mes compagnons rejoindre ses côtes pour nous éloigner du danger. Sur l’esplanade surplombant les quais, je pus réserver assez rapidement deux chambres pour deux personnes. Il n’y avait plus qu’à prendre le bus navette pour s’y rendre, quand les keufs nous le permettraient. A priori, à voir les autres voyageurs qui attendaient, il n’y avait pas grand-chose à craindre. Ça ne sentait pas vraiment la panique qui serait venue d’une bande armée arrosant tout sur leur passage. Décidant tout de même d’aller à la pêche aux informations, je m’approchai de l’entrée du hall de la gare et là, un policier me dit que c’était effectivement juste un colis suspect qui avait été trouvé. A l’intérieur, évidemment point de bombe, juste des vieilles fripes et des vieux journaux. Ah ! Les no life et leurs bonnes blagues ! Deux minutes plus tard, la zone de sécurité était levée et nous pûmes rejoindre le cinquième étage pour prendre la navette.

19H25 : Toujours le même truc par rapport aux J.O. qui pourraient avoir lieu à Paris. Si on les a, il va falloir méchamment se bouger le cul pour améliorer les infrastructures car cette mini-gare au cinquième étage de Roissy, c’est juste ridicule. D’abord très peu d’espace : une vingtaine de voyages armés de leurs bagages sur les quais suffisent à les encombrer. On est les uns sur les autres, dans la chaleur (après la chaleur japonaise, nous étions étonnés par la française qui la valait bien niveau température), et dans les pots d’échappement des bus. Exténué, Olrik the 3rd s’allongea en chien de fusil contre sa valise. Il faisait tellement pitié à voir que je crois que si j’avais mis à côté une pancarte avec indiqué dessus « A votre bon cœur ! », j’aurais peut-être récupéré un quasi remboursement des billets de train. Cinq minutes plus tard le bus arriva. Nous entrâmes, nous assîmes sans savoir à cet instant que nous montions dans le bus de l’angoisse !

19H35 : Je me trouvais assis avec à côté de moi Olrik Jr. Devant nous : un jeune couple qui avait l’air aussi passablement crevé, la demoiselle en particulier, qui arborait teint cireux franchement inquiétant. Comme mon regard croisa celui du jeune homme et qu’une connivence instinctive se fit entre nos mésaventures respectives, nous engageâmes la conversation. Eux venaient de Thaïlande et avaient aussi raté le train. Sa compagne était d’autant plus fatiguée qu’elle était tombée malade le matin. Enorme fatigue donc, et le choc culturel n’arrangeait rien. Ecœurés par le contraste entre un séjour idyllique en Asie et un retour au pays avec les mines renfrognés des Parisiens, ils n’avaient qu’une envie : prendre une douche, dormir et regagner leurs pénates, à Nantes. Ce nom me fit tout de suite réagir : y ayant passé beaucoup d’années lors de mon enfance et mon adolescence, j’engageai la conversation sur cette belle ville pour savoir ce qu’elle devenait en dehors des manifestations et des voitures brulées. Cette petite discussion impromptue nous fit du bien à tous les deux car le voyage dans ce bus n’était pas des plus plaisants. Déjà, pas de clim. Après le Japon où elle est omniprésente, ça faisait tout drôle. Il y faisait chaud donc, et cette impression de chaleur était accentuée par un soleil dans sa phase descendante qui nous cramait souvent la frime. Surtout, avec la multitude de virages que prenait le bus pour s’extirper de la zone de l’aéroport, ça tanguait méchamment et me donnait une vague idée de ce qu’avait pu ressentir Ulysse et ses compagnons en passant devant Charybde. J’espérais in petto qu’on n’allait pas tomber dans la foulée sur une Scylla. Enfin, il y avait derrière nous, debout et le portable à l’oreille, un sympathique jeune homme qui avait avec son interlocuteur une discussion bien particulière. En voici un morceau choisi :

« Ouaiche, j’te jure, si c’bâtard de fils de pute se prend dix ans, ben putain j’m’en bas les couilles, bien fait pour sa gueule ! Hin Hin ! », le tout accompagné de force chuintantes agressives.

Ces paroles navrèrent fort le jeune Nantais, de plus en plus marri par ses premiers pas sur le sol français. Après, comme la conversation nous permettait de faire abstraction de l’imbécile derrière, nous poursuivîmes. Mais alors que je m’apprêtais à dire que j’habitais autrefois à Nantes du côté du quartier du Vieux Doulon, sa compagne se mit à être prise de spasmes et à se transformer en Scylla ! Enfin, pas totalement non plus. En fait elle se raidit subitement, se retourna et se mit à expulser de son corps des cataractes innommables de vomito ! Le tout en pleurant à chaudes larmes, dévastée par une journée qui avait dû être pour elle une journée de merde dans les grandes largeurs, et sans doute honteuse de subir une telle avarie en public. Ce triste spectacle eut au moins deux mérites : faire taire définitivement le crétin au portable derrière et… me redonner la banane ! Oui, je sais, ce n’est pas très charitable de se moquer du bonheur d’autrui mais enfin, comprenez moi bien : il y avait pire que nous dans le malheur et franchement, après toutes les avaries subies, c’en était trop, tout se passait comme si nous étions les personnages d’un film, ou d’un épisode de la quatrième dimension. Quand donc tout cela allait-il s’arrêter ? C’est était presque grisant, voire franchement excitant. Je scrutai le bus, cherchant à débusquer une caméra cachée. A tout moment je m’attendais à voir surgir Marcel Béliveau avant de me rappeler qu’il avait cassé sa pipe il y a quelques années.

« Euh… vous voulez que je m’arrête ? demanda le conducteur.

–  Oui, s’il vous plaît, je crois que c’est préférable », répondit le Nantais.

Scylla la Nantaise sortit pour expulser du gosier quelques restes de mauvaise bile et surtout être consolée par son compagnon. Elle en avait bien besoin la pauvrette ! En regardant le vomi au sol (plus de la bile et de l’eau que du gros vomi dégueulasse. Excusez d’entrer dans les détails sordides, mais la précision avant tout) qui faisait des dessins étranges (et s’approchait dangereusement de nos valises), je me dis que nous avions eu de la chance : la jeune femme avait eu le réflexe de se retourner plutôt que d’inonder Olrik jr qui se trouvait en face d’elle !

Cependant le jeune couple remonta et le bus repartit. Inutile de dire que la discussion sur Nantes fut mise entre parenthèses et que nous parlâmes uniquement du pouvoir balsamique de la douche et de la literie qui nous attendaient.

20H00 : Enfin, nous étions au Formule 1. Y a-t-il eu de nouveaux coups fourrés ? oui et non. Ceux qui connaissent ce type d’hôtel savent bien combien le confort est relatif et peut receler de petites surprises. Les prises de courant mal disposées, l’absence de climatisation obligeant à ouvrir les fenêtres mais il faut alors composer avec un environnement bruyant. Les douches mal foutues et leur station FM qui se déclenche dès qu’on y entre (est-ce bien raisonnable ? je pose la question au génie qui a conçu ces douches), tout cela me fit un peu penser à Martin Sheen au début d’Apocalypse Now :

Partageant la chambre avec Olrik the 3rd qui s’était précipité pour occuper la couchette supérieure (comme son grand frère à la maison), je m’approchai de la fenêtre, torse nu, un verre à la maison, et regardait le sombre paysage bétonné en marmonnant :

« Paris… merde ! »

Mais nous étions sains et saufs et le gros de la tempête était probablement passé. Le lendemain, nous prendrions un petit déjeuner, monterions dans le TGV cette fois-ci sans encombre, puis le TER, puis le taxi, et enfin nous aurions le plaisir particulier de retrouver la maison après un séjour de quarante jours à l’autre bout de la planète. Je bus une dernière gorgée de ceci :

bouteille-cobra

L’eau Cobra, eau magique capable aussi bien de vous stimuler que de vous apaiser.

… puis allai me coucher. Le sommeil ne fut pas extra mais suffisant pour recharger les batteries.

Le lendemain : tout se passa comme prévu. Les Dieux s’étaient levés d’un meilleur pied ou avaient estimé que c’en était assez, que nous pouvions rentrer à Ithaque sans encombre. Environ quatre heures après avoir quitté l’hôtel, nous nous trouvions devant la porte d’entrée de la maison. Ranger le contenu des valises promettait de nous occuper un certain temps mais qu’importe ! Le plaisir de reprendre le contrôle de sa vie ordinaire était là et la tristesse d’avoir quitté le Japon oubliée. Il allait falloir ranger tous les souvenirs remplissant les valises et surtout ceux occupant les cartes mémoires de mes appareils photo. Je gardai cela pour les froides soirées d’hiver à me remémorer de bons moments ou à concocter de nouveaux articles. En attendant, la farniente s’imposait : après tant d’émotions, il nous fallait suivre la voie d’Ulysse et de Pénélope en allant retrouver notre lit pour un somme réparateur. Oubliés les derniers tracas. Ne restaient plus que des images mentales de matsuris, d’onsens ou de nourriture, images qui allaient atténuer de manière douce le regret de ne plus y être avant d’alimenter l’excitation d’y retourner… lors d’un huitième voyage. « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un long voyage… ». Certes. Mais encore plus heureux celui qui ressentira le besoin irrépressible de retrouver le marbre dur et le Tibre latin. Pour moi, pas d’inquiétude : je sais que les sons joyeux des matsuris et les odeurs des yakinikus dans le jardin d’une certaine maison à Miyazaki seront retrouvées avec le même plaisir intact dans deux ans. En attendant, regardons des films, lisons, et écrivons ce qui permet de continuer à vivre par procuration le Japon à travers les modestes colonnes de ce site. La saison 2016-2017 de Bulles de Japon est ouverte.

bijin-bain-mousse

Ça va buller !

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6 Commentaires

  1. Bon retour à la maison, bonne réacclimation en Douce France, et grand merci pour ces récits de voyage toujours aussi drolatiques.
    Au Japon, la saison des typhons n’est même pas encore terminée que celle des akisame – pluies automnales – a déjà démarré. Donc tout autant une atmosphère de fin d’été, une impression de de vacances terminées: grisaille pénible et ciel complètement bouché prévus à Tokyo pendant au moins toute la semaine à venir.
    Mais mais mais… la saison des matsuri, elle, continue à battre son plein, sans doute pour rendre un peu plus douce cette transition de saison – bien.

  2. Quelle saga !
    Entre la galopade dans la gare et la zombie vomissante,
    j’ai eu l’impression de revoir « Dernier train pour Busan ».

    Je comprends mieux l’idée d’un voyage un an sur deux.
    Il ne manquerait plus qu’un appartement cambriolé à la fin pour en faire un film catastrophe.

    Bon retour parmi nous quand même.

  3. @ Bern : à peine remis de mes émotions japonaises que ton commentaire me rendrait déjà presque nostalgique, en dépit du mauvais temps que tu décris. Ça sent le verre d’umeshu à l’apéro pour surmonter cela.

    @pasabre :
    « Il ne manquerait plus qu’un appartement cambriolé à la fin pour en faire un film catastrophe. »
    Tais-toi, à une époque ç’a été ma grande crainte. J’ai réglé le problème depuis en filant les clés à la voisine pour qu’elle ouvre quotidiennement les volets.
    Après, les bons moments passés au Japon annulent largement les petites crasses de la fin. Et puis, on apprend forcément des petites erreurs. Une heure entre un avion et un train, je sais que ça ne se reproduira plus. Tout comme les touristes espagnols en avion : pour être tranquille, penser à faire comme Schwarzie dans Commando :

  4. PS @Pasabre : ton allusion au « Dernier train pour Busan » me rappelle que ça fait une paie que je n’ai pas vu de films kimchisthanais. J’essaierai de voir ce film prochainement.

  5. Bien le bonjour cher Olrik.
    Voilà quelques années maintenant que je suis ce blog en mode furtif sans laisser de commentaires. Par peur ou pure fainéantise, je ne sais pas. Mais vos derniers articles m’ont poussé à sortir de l’ombre pour vous remercier pour vos billets toujours informatifs, drôles et intéressants. À l’origine j’étais venu pour les bandes dessinées, je suis resté pour les bijins.
    Ayant moi-même vécu plusieurs années au Japon et ressentant souvent de la nostalgie pour les sanctuaires, rues bondées, cigales et jambes arquées, ce site m’a toujours livré une dose salvatrice de nippon.
    C’est donc avec grand plaisir que je serai à nouveau visiteur régulier de Bulles de Japon dans la saison 2016-2017 pour, comme vous l’avez si bien dit, vivre le Japon par procuration.
    Merci pour tout et à bientôt!

  6. Eh bien merci quant à moi d’avoir pris le temps pour écrire ce commentaire, ça fait toujours plaisir, et doublement même lorsqu’il s’agit des tels éloges.
    Et oui, pour le « je suis resté pour les bijins », c’était fatal, elles sont un peu les sirènes enjôleuses de ce site, Ulysse approved.
    En espérant que les articles de la nouvelles saison continuent de vous donner autant de plaisir à lire qu’ils m’en donné à les écrire, bonne lecture et du coup, comme je vois que vous avez eu largement votre quota en matière d’expérience japonaise, n’hésitez pas à partager dans les commentaires. Ici, on est toujours réceptif lorsqu’il s’agit de partager sur l’émotion qu’une magnifique paire de jambes arquées a pu susciter au détour d’une rue bondée (surtout s’il y a photo à l’appui).
    Ja mata.
    Olrik.

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