Bijins de la semaine (39) : les Cobra girls

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C’est une chose que je crois avoir souvent radoté sur ce site : la fascination de découvrir à la TV, alors que j’étais encore à l’école primaire, le tout premier épisode de Cobra sur Antenne 2. La tartine de nutella dans le beignet, je suivis médusé et captivé ces 25 minutes de bruit et de fureur qui tranchaient méchamment avec les autres productions. D’emblée je pigeai que Cobra, ça allait être cool à mater (dans tous les sens du terme). Pourquoi ? Parce que le cocktail était (et continue à l’être trente ans plus tard) imparable de par ses ingrédients.

D’abord un graphisme et une animation de qualité, avec une impression de déjà vu, et pour cause : le sieur aux commandes de la réalisation n’était autre qu’Osamu Dezaki, monsieur Rémi sans famille (dont j’ai déjà évoqué ici les qualités) et l’Île au trésor, magnifique adaptation de roman de Stevenson qui, elle aussi, est largement recommandable et appréciable et 2014 (testé et approuvé par Olrik Jr l’année dernière). On y retrouve notamment la technique propre à Dezaki de l’arrêt sur image à la fin d’une scène et de la transformation du plan montré en un tableau (technique du « postcard memories ») :

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Autre ingrédient : l’atmosphère space opera qui a souvent fait recette dans l’animation japonaise diffusée en France. Déjà, Capitaine Flam, ç’avait été quelque chose mais là, Cobra, deux ans après la sortie du Retour de Jedi, à une époque où le space opera, nanar ou pas, était prisé (Galaxina, Flash Gordon ou la série Buck Rogers) c’était du rêve en barre, surtout lorsqu’à l’origine on a un mangaka à l’imagination débridée tel que Buichi Terasawa. Si les pirates de l’espace constituent une invention banale, difficile de nier que l’univers de Cobra est un univers foisonnant de personnages délirants et d’objets géniaux en tout genre (aibnsi le « trésor » dans l’arc du trésor du capitaine Nelson).

Impossible aussi d’oublier la B.O. signée Yuji Ono et Kentaro Haneda. Tout comme il était impossible de ne pas ressentir un petit frisson de plaisir lorsque retentissait « shi no koushin » :

Et puis, il y a la violence. Sans aller jusqu’aux hauteurs qu’atteindra plus tard Hokuto no Ken, la série nous présentait à chaque épisode son lot de bourre-pifs et de morts qui contrastaient avec les série de l’époque genre Jayce et les Conquérants de la Lumière (bousiller les pelleteuses des Monstroplantes, ouais ! trop dur !). Evidemment, le petit bouffeur de nutella en culottes courtes avait l’impression de suivre quelque chose d’un peu interdit et de forcément attrayant.

Et, last but not least, pour rester dans le subversif, il y avait, évidemment, ceci :

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Oui, tous ces strings, ces joufflus, ces gros seins, ces bouches faites à peindre bref, toutes ces pulpeuses créatures qui, une fois n’est pas coutume, marquaient la singularité de l’anime par rapport aux autres séries qui se contentaient de présenter des personnages féminins de notre âge. C’était bien gentil Flor (dans Jayce) et Zia (les Mystérieuses Cités d’or) mais enfin, vous avouerez que Jane, Catherine et Dominique, c’est quand même autre chose hein ?

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Oh que oui !

Regarder Cobra, c’était l’assurance de voyager dans un monde étrange, un monde peuplé de vaisseaux spatiaux et d’extraterrestres, mais aussi un monde où l’on ne trouverait pas le moindre laideron. La taille mannequin (du genre bien rembourré) y était de rigueur et qu’il fasse chaud ou froid, les personnages féminins ne voyaient aucun inconvénient à se balader en string. Pourquoi ? Moebius s’y est cassé les dents en posant la question un jour à Buichi Terasawa :

Terasawa - Moebius

MOEBIUS – Je me suis maté tous les épisodes de Cobra ! Génial ! Mais comment se fait-il que les personnages féminins soient systématiquement en string et fassent du bonnet 110 minimum ?
BUICHI TERASAWA – …

Pour nous, point de mystère, Terasawa aime juste les femmes occidentales à forte poitrine et dotée d’un valseur rebondi. Il est un peu le Hugh Hefner du space opera et on peut croire qu’il ne s’est jamais remis du Barbarella avec Jane Fonda et que les James Bond Girls ont pu aussi constituer une influence décisive. Quelles qu’elles aient pu être,  c’était en tout cas du pur bonheur de voir de la pin up balancées à l’écran, à la pelle.

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Parfois réellement à la pelle.

Bonheur de voir comment le moindre plan pouvait être prétexte à une gentille polissonnerie :

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Polissonnerie parfois plus entreprenante :

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Action, violence, jolies filles plus ou moins dénudées, le cocktail était parfait et faisait volontiers oublier les voix de cruches dont étaient affublées les personnages féminins dans la VF (anime à voir en VO, qu’importe la nostalgie, les voix y sont meilleures, le langage de Cobra moins policé et, surtout, le générique avec Yoko Maeno a quand même plus de gueule que le générique français signé Antoine de Caunes). Cobra, c’était le goût du nutella mélangé à l’odeur de la poudre et aux fines effluves de délicats épidermes. Il fallait en profiter, la censure n’allait pas tarder à mettre de l’ordre dans tout cela.cobra-girls-7

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13 Commentaires

  1. Aaaaah… Cobra…
    J’avais très vite été fasciné par Lady pour ma part ^^

    (Ce Shi no Koushin a vraiment de beaux relents de De Roubaix.)

  2. « des beaux relents de De Roubaix »
    Tu penses à quelles musiques de films en particulier ?
    Univers sonore assez riche que celui de Cobra, entre les balades, le disco ou les emprunts au classique (Dvorak notamment). Comme je ne connais pas vraiment, cette référence à de Roubaix m’intéresse.

  3. C’est vraiment une impression générale sur le morceau même si je pensais à Adieu l’Ami en particulier :

    http://www.youtube.com/watch?v=N2OAw4Ia-20

    Francois De Roubaix, c’est bon, mangez-en !
    (Dernier Domicile Connu, Les Caïds, Le Vieux Fusil, La Scoumoune, Le Samouraï, Les Lèvres Rouges…)

  4. J’ai vu un bon paquet de fois le Samouraï et je n’ai jamais fait gaffe au nom du compositeur de la musique, sobre mais excellente. Faudrait que je vois cet « Adieu l’ami », un Delon de 1968, ça ne se refuse pas.

  5. C’est drôle, j’ai pas trop de souvenir de Cobra, pas du tomber dessus tant de fois que ça. Par contre c’est Lupin III (enfin euh, Edgar de la Cambriole quoi…) qui m’avait fait un peu le même effet rapport aux morts et au sexe. Disons que ça contrastait pas mal avec ce qu’on pouvait voir ailleurs, il était impossible de figurer la mort dans les trucs américians même avec grosses explosions et catastrophes à grande échelle (Transformers, casualties = 0). De Capitaine Flam le souvenir le plus marquant était une ambiance assez glauque avec surtout cette BO de jazz-fusion spatiale typique de l’époque (me demande avec le recul si elle ne sonnait pas un chouia porno sur les bords, à vérifier).
    C’est quoi exactement qui c’est passé avec la censure ? Des coupes franches ?

    • Oui, le lien avec Lupin est évident (je lui avais d’ailleurs consacré un article du même tonneau que celui-ci). Et oui, le rapport à la mort n’a rien à voir avec les « trucs américains » comme tu dis (il n’y a pas d’autres expressions en effet). Bien avant Hokuto no Ken, je me souviens de Judo Boy qui dans sa violence était assez gratinée. Souvenir d’un méchant qui balance un nourrisson sur les piques d’une fourche… juste avant que Judo Boy ne le rattrape, ouf !
      J’adore la musique de Capitaine Flam (d’ailleurs du même Yuji Ohno). Pour le côté porno, ça doit sûrement provenir des saxos. Va savoir ce que faisait le capitaine avec Johann une fois l’épisode terminé.
      Cobra a été bien préservé niveau censure. Tout au plus une édulcoration dans les dialogues, des chansons japonaises virées et une poignée de scènes. Perso je n’en connais que deux (s’il y a des spécialistes, qu’ils n’hésitent pas) : lorsque, lors de l’épisode avec le génie, une femme se met gonfler comme une montgolfière et à exploser ; et lors du dernier épisode, lorsque ce bon vieux Canos fait des choses avec une dame dans le train. C’est surtout avec le Club Dorothée que dame Anasthasie y est allée franchement de ses ciseaux dès que la violence était trop forte ou qu’une paire de seins apparaissait. Pas que le club do d’ailleurs, sur la Cinq ça y allait aussi à fond apparemment (voir le premier commentaire ici)

      • Alors Cat’s Eye aussi a été censuré ? Je n’ose imaginer ce que j’ai raté, et à quel point mon poulet froid/mayonnaise dominical aurait été encore meilleur si les impitoyables et prudes ciseaux de la censure n’avaient pas eu droit de cité. Argh.

  6. Mais en fait, ce générique dans sa quasi-intégralité fut bel et bien diffusé en VF. Y compris le plan fesso-nichonal qui nous émerveille tant. On peut le constater ici :
    http://www.dailymotion.com/video/x7klp5_cats-eyes-generique-non-censure_shortfilms

    Bien sûr, c’est de la VHS qui accuse son âge, donc les contours manquent peut-être un peu de définition, mais… Ces passages qui vissaient bizarrement mon père à la télé, lui qui n’était guère porté sur les dessins animés d’ordinaire, sont là et bien là (on ne soulignera jamais assez combien la production TMS de l’époque a rapproché les générations).

    • Bienvenue à toi.
      Effectivement, on avait eu droit eu générique de la deuxième saison mais je crois que ça n’avait pas duré et qu’un générique plus soft avait été mis à la place. Des mères de familles, inquiètes de voir leurs enfants avec de grosses bosses au niveau de la braguette au moment du quatre heures, avaient dû menacer de porter plainte j’imagine.

      Par contre plus trop de souvenirs pour le générique de fin. Là aussi, le japonais en mettait plein les mirettes :

      « Shake your hips » ! Et comment !

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