Memory and Desire (Niki Caro – 1997)

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Aujourd’hui direction la Nouvelle Zélande. Il ne sera pas question du surf ou de rugby mais d’étreintes passionnées et… de demi molles. Car oui, les deux personnages de Memory and Desire, c’est un peu Armance et Octave dans Armance, de Stendhal. L’amour entre Keiji et Sayo, jeunes gens fraîchement mariés (contre l’avis de la mère de Keiji qui trouve cette femme trop vieille pour son fils unique) et passant leur voyage de noces en Nouvelle Zélande, cet amour donc est pleinement partagé et fusionnel sauf que la fusion ne peut se concrétiser qu’à 95% puisque Keiji, pour le dire sans moquerie, « n’y arrive pas ».

Ce n’est pourtant pas faute d’être entre les mains d’une jeune femme qui, sans être experte, brûle de désirs et fait tout pour essayer de stimuler son époux mais rien n’y fait, Keiji bande mou et le début du séjour devient un brin mélancolique.

L’histoire peut prêter à sourire et pourtant la réalisatrice, Niki Caro, parvient à rendre ce couple de Japonais s’exprimant en anglais assez attachant. Loin de toute esthétique pinku avec une chair volontiers montrée dans tous ses états, le film se limite à quelques scènes alternant désir frénétique et retombée déprimante. Pour Keiji, en effet, « la chair est triste » comme cette scène où le beau corps de sa femme, disponible, semble l’attendre en vain :

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Screenshot juste pour bien vous faire comprendre, hein !

Mais la chair est aussi nébuleuse, onirique, comme lorsque Sayo, à travers la paroi vitrée de la salle de bain, lui donne un long et désespéré baiser, créant un déclic chez le jeune homme et lui permettant, enfin ! De gouter au plaisir de la cave humide !

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Well done pal !

Cave humide justement, c’est l’autre endroit en dehors de leur chambre d’hôtel où les deux tourtereaux vont réitérer leurs ébats intimes comme si les deux jeunes gens devaient s’extraire de toute pesanteur sociale (durant leur voyage de noces ils sont accompagnés d’autres touristes parfois un peu pénibles) pour exercer pleinement leur amour. Une nouvelle fois, Armance et son mal du siècle se rappelle à notre souvenir, d’autant que le film nous montre des passages au Japon dans lesquels les personnages n’apparaissent pas nécessairement à l’aise dans leur société.

 Du coup, ce sera moins le Lagon Bleu que Love Story. Un événement tragique plane au-dessus de ce couple qui ne pourra poursuivre son amour en dehors de l’écrin magnifique q’offrent les paysages de la Nouvelle Zélande. Ici je ne spoile pas puisque c’est la première scène du film : Keiji sera découvert sur la plage, noyé, laissant derrière lui une Sayo inconsolable.

 Dans la deuxième partie, on verra Sayo retourner au Japon pour les funérailles de son bref mari puis revenir en Nouvelle-Zélande où elle sombrera dans la folie. Folie qui sera annoncée dès son séjour au Japon où on la voit dans un train embrassant la vitre, volonté mimétique de retrouver un passé qui a été fugitif mais heureux.

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En Nouvelle-Zélande, cela passera par la cave où ses délires mentaux susciteront aussi bien la moquerie de certains autochtones que la compassion d’un jeune homme. Sayo sortira malgré tout de sa grotte (un peu tardivement car ce passage n’est pas sans quelques longueurs), guérie totalement ou partiellement, ce sera toute la question lors des dernières images…

Pour un premier film, Memory and Desire dégage indéniablement une ambiance et une certaine maîtrise qui sera confirmée dans Whale Rider, considéré comme son meilleur long métrage. Film mélancolique intéressant, on pourrait surtout lui reprocher un usage de la musique un peu trop dans l’effet facile. Reste une opposition très forte entre un Japon claustrophobique et une Nouvelle-Zélande exaltant l’âme, opposition que Caro ne met pas en scène sans talent, ainsi qu’une histoire d’amour finalement forte et convaincante, échappant à tout ridicule, ce qui n’est déjà pas si mal.

 6/10

Etonnamment, le film se trouve en DVD zone 2 pour une poignée d’euros.


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2 Commentaires

  1. Je ne connaissais pas du tout la cinéaste. Marrant de voir une néo-zélandaise mettre en scène à l’écran un couple japonais. Du coup, je découvre tout en même temps qu’elle est passée par Cannes avec ce film.

    A part ça, il devait mener où ton « (1) » après le blaze de la cinéaste ?

  2. Euh, à une évocation de Whale Rider mais comme je l’ai fait à la fin de l’article, il n’est plus d’aucune utilité et je le vire de suite. Relecture transversale, quand tu nous tiens !

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