The Excitement of the DO RE MI FA Girl (Kiyoshi Kurosawa – 1985)

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The Excitement of the DO RE MI FA Girl, film le plus WTF?! de Kiyoshi Kurosawa ? A n’en pas douter. Si le réalisateur partait pourtant sur une bonne base avec le foutraque Kandagawa Pervert Wars, sachez que cela n’est rien en comparaison de son deuxième opus, lui aussi réalisé avec deux bouts de ficelle malgré un casting un peu plus étoffé et la présence de Juzo Itami en prof de psychologie. L’histoire est quant à elle on ne plus basique :

Akiko est une jeune provinciale qui monte à l’université de Tokyo pour y retrouver Yoshioka, son ancien soupirant. Avant de le retrouver en la personne d’un étudiant je-m’en-foutiste en diable, elle prend connaissance de l’ambiance du campus et de ses personnages, aussi bien du côté des professeurs que celui des étudiants…

Dans quel genre classer the Excitement ?… Film érotique ? On ne peut pas dire que les scènes du genre soient légion et quand elles sont présentes, c’est souvent pour montrer une paire de seins :

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Avec ici un effet de va-et-vient comme pour donner un effet caricatural d’excitation bon marché.

Les scènes de cul ne vont pas plus loin que des plans montrant des étudiantes se masturbant :

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 … et quand Akiko surprend des chenapans en train de le faire, c’est souvent court et désolant de banalité :

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Clairement, Kurosawa se fout des scènes de sexe et cela d’ailleurs ne plut guère à la Nikkatsu qui refusa de distribuer le film en salle. Il faut dire que les quelques plans polissons semblent être là pour donner le change de manière paresseuse. Nous sommes très éloignés des films tels que Chasseur de Vierges où toute l’histoire s’acharne à dévoiler le plus possible des petites culottes ou des étudiantes en fâcheuses (ou jouissives) postures. Bref, amateurs de chairs rebondies filmées de manières esthétique, passez votre chemin.

Alors, un film comique ? On ne peut pas dire que Kurosawa soit connu maintenant pour manier l’humour. Pourtant, c’est l’option qu’il a choisie pour faire cette petite chronique estudiantine. C’est parfois très simple, le temps de deux lignes de dialogue :

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Voire même d’un plan fixe sans dialogue :

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Et ça suffit pour faire sourire. Mais c’est aussi parfois long, laborieux, fatigant de frénétisme, comme les chansons chantées et dansées par Yoshioka et Emi.

Bref voir the Excitement, c’est l’assurance d’alterner sourires et bâillements. On peut prétexter que l’humour lourdingue est voulu, qu’il ne doit pas être pris au premier degré mais au contraire comme une volonté de forcer le trait satirique, il n’en reste pas moins que cela contribue à donner une impression de gloubi goulba indigeste et loin d’être maîtrisé. The Excietment est une comédie, sans aucun doute possible. Après, pour ce qui est de dire s’il s’agit d’une comédie réussie, vous me permettrez de passer mon tour.

La seule facette qui permettrait à mon sens de sauver le film, facette qui est d’ailleurs paradoxalement à rattacher à l’humour, est celui de la satire qui permet éventuellement d’éprouver un certain plaisir. Par la caméra de Kurosawa, la vie étudiante nous livre tous ses ridicules, même si le film n’est pas sans donner l’impression d’une certaine tendresse vis-à-vis de ses personnages. D’abord, l’étudiant se doit de fumer. Mal, mais qu’importe il doit pomper entre ses lèvres cette petite tige de tabac :

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Ensuite, l’étudiant se doit d’être en lutte contre quelque chose, si possible l’ordre établi. Dans la dernière scène nous verrons les différents personnages avancer dans un champ, mitraillette à la main, et se faire finalement descendre un par un.

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L’étudiant arrive aussi à un âge où il doit être capable de penser par lui-même, d’expérimenter le réel, voire de compléter, de dépasser les enseignements d’un professeur. Leur professeur de psychologie ayant bâti son cours sur les limites de la honte, nos personnages décident-ils de tenter une bien belle expérience sur l’une de leur congénère. Ça commence avec quelques électrodes sur les tempes :

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Mais lorsque suivent d’autres électrodes sur les tétons qui provoquent d’imparables gémissements, nos chers étudiants ont tôt fait d’oublier la noblesse de leur démarche scientifique pour s’adonner à une pratique plus primaire :

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Une partouze dont Kurosawa ne nous montrera que le résultat.

Bref, être étudiant, c’est cool. C’est se donner l’impression de retrouver le fil à beurre alors qu’on fait, on ne cherche qu’à jouer avec certains petits pots de beurre. Après, il faut être juste, le corps professoral n’est guère mieux loti avec ce professeur de psychologie qui trouve inutile de répondre aux pourquoi? de ses étudiants, qui s’endort en cours et qui rêve d’être humilié par une jeune femme. Par ailleurs lui aussi a le goût des belles expériences réalisées sur l’épiderme d’une étudiante :

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Y’a pas, la vie à l’université est une vie très active, mais d’une hyperactivité bien régressive, toute tournée qu’elle est vers le touche-pipi derrière un coulis de guimauve exaltant le sentiment amoureux. Pour la révolution, on revient finalement aux deux dindes de Kandagawa Pervert Wars. On peut se trouver une révolte à fomenter, cela sera forcément dérisoire, noyé par un monde décérébrant où il n’y a rien à détruire, tout à accepter. Lors de la dernière scène, Akiko se tournera vers la caméra et chantera ces paroles :

 Dors ! Dors !

Les Anges t’observent à travers tes rêves,

Dors maintenant, oublie tout,

Et souris au pays des rêves.

Encore et toujours chez Kurosawa cette tentation du rêve contre le réel.

4/10

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6 Commentaires

  1. Elle fait quoi avec le combiné rouge ? Aujourd’hui avec un smartphone elle aurait pu mater Pornhub ou l’utiliser en vibreur, mais là, je vois pas…

    • Un combiné rouge, Olympia de Manet, et une bijin qui vérifie si une certaine tuyauterie est fonctionnelle : en fait c’est facile de faire des scènes pinku. Même si ladite scène dure 5 secondes avant que Kurosawa revienne à son « histoire ». Frustrant même si c’est toujours plus sympa que le téléphone pleure.

      Sinon le film date de 1985, on peut avancer une hypothèse sur l’utilisation du téléphone rouge : un coup de fil express à Tonton, chaud lapin s’il en fut !

      • Plutôt au Maire de Paris, non ? Grand nippophile s’il en fût.
        L’image avec le tirage de langue (qu’elle a fort agile) à un côté un peu flippant sur les bords où c’est moi ? Un effet du filmage Kurusawesque ou bien c’est le caractère intrinsuèquement grotesque des scènes de cul (ou du cul en général, en fait) qui donne cette impression ?

        • Oui, juste pris comme ça, le screenshot est un peu flippant, j’avoue. Mais rien de tel dans les micro scènes de cul : on est plus dans le navrant (voulu par Kuro) que le flippant.

  2. Au vue des chroniques/notes, tu aurais peut-être mieux fait de continuer les Satô Hisayasu finalement 😀
    Côté Kurosawa, j’ai une certaine sympathie pour ces films (et les Suit Yourself or Shoot Yourself !) et n’accroche plus vraiment à sa filmo à partir de Cure.
    Le film qui le précède, le plus que regardable Sweet Home, est un peu à part là-dedans à cause du remontage par Itami.

    • Petite pause Kurosawa en ce qui me concerne. J’ai une critique de House of Bugs dans mes cartons mais que je sortirai d’ici deux semaines. J’ai aussi sous la main les six films de Suit yourself and Shoot Yourself! mais j’attends un moments propice pour me les enquiller. Faut que je revoie aussi le diptyque Eyes of the Spider/Serpent’s path, souvenir d’une histoire pas trop mal. Sans compter les Barren Illusion, Charisma et autre Jellyfish. Bref y’a encore de quoi faire. Pas autant qu’avec Hisayasu, c’est sûr, mais avec l’assurance d’avoir une santé mentale à peu près intacte.
      Demain on cause taxi, prostipute et flûte péruvienne !

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