Violent Cop (Takeshi Kitano – 1989)

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Je tombe récemment sur une interview de Sion Sono dans laquelle le gars affirme :

1) Que les réalisateurs jap’ actuels, bin, c’est un peu de la merde.

2) Que Miike, vendu au cinéma mainstream, est artistiquement mort.

3) Enfin que Takeshi Kitano lui n’est pas mort : il est plus que mort !

Affirmations imbéciles et on espère sincèrement qu’elles n’ont d’autre raisons de la part de leur auteur que la volonté d’avoir l’air rock’n roll. Parce que si jamais elles étaient sincères, on se permettra de faire remarquer à Sono que :

1) Les trois derniers films de Kitano, à savoir Achille et la Tortue, Outrage et Outrage : Beyond sont quand même loin d’être des daubes.

2) Que si la filmo de Kitano est peut-être depuis quelques années en deçà de ce qu’il avait réalisé dans les années 90, lui, au moins, n’a pas commencé sa carrière en pondant des étrons arty et prétentieux. Contrairement à Sono, il n’a pas à rougir de ses Violent Cop, A Scene at the Sea et autre Jugatsu. Ne croyez pas ceux qui affirment avoir bramé d’extase devant Keiko desu Keko ou I am Sion Sono ! Pure pédanterie, ou pure inconscience, ou encore pure volonté de nuire aux jobards qui appuieraient sur la touche « play » de leur télécommande, le seau de pop-corn à la main, pensant qu’ils vont passer un aussi bon moment que devant Guilty of Romance. Ouais, le Sion Sono du début, ça craint franchement du boudin.

Bref, les habitués de ce blog auront compris que je suis en ce moment d’une belle humeur kitanesque et que je prends plaisir à me remater sa filmo.  Et je continue ma petite rétro consacrée à ses premiers films avec aujourd’hui à l’honneur Violent Cop. Pas son meilleur, loin de là, mais dites-vous bien que peut-être sans lui  on aurait été condamné à se farcir les pitreries télévisuelles de Beat Takeshi au détriment des chefs d’œuvre de Takeshi Kitano. Violent Cop est en effet la première étape de sa filmographie, venant juste après une performance remarquée en tant qu’acteur dans Furyo d’Oshima. Durant le tournage, Kitano a une révélation : être réalisateur, c’est comme être une sorte d’empereur donnant des ordres à une multitude de soldats prêts à tout pour que le film soit une réussite. Et ça, il kiffe le père Kitano. Aussi, quand il s’apprête à jouer dans une comédie intitulée Violent Cop et dirigée par le grand Kinji Fukasaku, et que ce même Fukasaku, alors âgé de 59 ans, tombe méchamment malade et se voit obligé d’abandonner le tournage, difficile de refuser l’offre qu’il se voit proposée pour reprendre le flambeau. J’ignore quelles ont été les circonstances de l’embauche de Kitano en tant que réalisateur, si c’est lui qui s’est proposé ou si on le lui a proposé. Peu importe en fait. Violent Cop, c’est son Spartacus (1), le film qui lui a fait jouer dans la cour des grands et qui lui a permis de se lancer dans une carrière internationale de réalisateur. Et artistiquement de se faire les dents, d’instaurer déjà un style bien à lui. On peut penser que Violent Cop tourné par Fukasaku aurait sans doute été un bon film mais n’ayant absolument rien à voir avec le film de Kitano. Destiné à devenir une comédie, le script est profondément remanié par ce dernier pour en faire un drame. Et pas un petit s’il vous plaît, car le film finira mal, et ce dans les grandes largeurs. Dans Violent Cop, on trouve déjà cette noirceur qui amènera le personnage principal à une auto-destruction plus ou moins intégrée par lui dès le début de l’histoire. Une pure pulsion de mort à laquelle s’ajoute une dose d’eros bien malheureuse. On se souvient de l’épouse malade dans Hana Bi, ici il s’agit d’une jeune sœur pas vraiment bien dans sa tête et qui va tragiquement virer junkie.

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La solution trouvée par le personnage de Kitano pour la guérir sera radicale.

Enfin, il y a justement ce personnage que Kitano va n’avoir de cesse de décliner tout le long de sa filmographie (avec des exceptions comme dans Achille et la Tortue) jusqu’aux récents Outrage et Outrage : Beyond. Il s’agit d’Azuma, flic rugueux qui rappelle aussitôt au spectateur un glorieux modèle : Dirty Harry. La scène d’ouverture nous montre d’emblée de quelle étoffe il est fait. Dans une scène très Orange Mécanique, on assiste au tabassage d’un SDF par une poignée de petites ordures. Après avoir passé un bon moment, lesdites ordures se quittent et l’on suit l’un d’entre eux qui regagne ses pénates, une jolie maison dans un quartier résidentiel. Mais juste après qu’il soit rentré, une silhouette arrive et frappe à la porte : il s’agit de notre Azuma qui après avoir montré sa carte de flic demande à parler au jeune homme. Il monte alors à l’étage, toque à une porte affublée d’un masque de démon qui convient bien à la personnalité de l’occupant, entre dans la turne et, sans tambour ni trompettes, lui laboure alors la gueule de mornifles pour lui faire comprendre qu’il a tout intérêt à se présenter le lendemain au poste  pour se dénoncer.

On reconnaît bien là la fibre éducative toute personnelle de Kitano déjà évoquée (et plébiscitée) en ces pages. Un clampin, ça se dresse à la trique. Foin des subtilités à la François Dolto, un bon gros pain dans le museau, il n’y a que ça de vrai ! Et l’on se prend ici à rêver des merveilles que ferait Kitano dans des établissements de ZEP :

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– Donne-moi ton carnet de liaison !

– Nan !

– Si !

– Nan !

– Si !

C’est qu’il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Japanisthan. Dans une autre scène, on voit des écoliers s’amusant à balancer des pierres sur une péniche, envoyant par la même occasion des « baka ! » au brave marin pêcheur qui ne demande rien mieux que de faire tranquillement son travail. Bref, avec un si mauvais départ, ç a promet pour la société de demain. Mais heureusement, il y a des hommes comme Azuma qui veillent au grain, même si cela ne va pas sans quelques soucis. Comme Harry, Azuma est en effet à la limite et l’on devine que son comportement lui vaut pas mal de remontrances de la part de sa hiérarchie. Comme lui aussi, il doit faire équipe avec un petit bleu qui n’est pas sans regarder totalement atterré les méthodes de son supérieur. Mais d’un autre côté, et pour en finir avec les points communs, il partage avec Harry une certaine sociabilité. Tout en étant particulièrement rugueux avec ses supérieurs, il apparaît dans certaines scènes comme parfaitement capable d’avoir des liens amicaux avec ses collègues.

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Même si, bon, c’est pas l’éclate non plus.

Après, là s’arrêtent les points communs car Azuma est tout de même bien plus brouillon et moins gérable qu’Harry. Plus grotesque aussi, comme lors de ces scènes où on le voit marcher pesamment, accompagné de la première Gnossienne de Satie (déjà et en attendant Joe Hisaishi) revue à la sauce grecque folklorique :

Dans ces instants, on a l’impression qu’Azuma est une force que rien ne peut arrêter, un boulet lancée à pleine vitesse dans la ville mais un projectile risible dont on n’est pas sûr qu’il finira le film en bon état (jamais cette impression avec Harry). Affrontant un gang de yakuzas responsable de la mort de son meilleur ami et du viol de sa sœur, il va se lancer à corps perdu dans leur élimination (et non pas leur arrestation, ce serait trop simple) à coups de course poursuite, de baffes et de coups de latte dans les côtes. Comme pour les films à suivre, Kitano met déjà en place cette violence sèche qui éclate à la vue du spectateur et à celle d’enfants qui pourront peut-être reproduire plus tard ce qu’ils ont vu :

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Il n’y a pas encore ces périodes d’accalmie, ces fameuses scènes de plage que l’on trouvera dans les opus suivants. Le personnage de Kitano n’est pas encore déconnecté, blasé de toutes les réalités pour opérer un retour en enfance, même si une scène dans un batting center commence déjà à suggérer un soupçon de désœuvrement dans sa vie :

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Mais il possède avant tout une bonne dose de bile qui l’amènera par exemple à poursuivre, les mâchoires serrées, le regard empli de colère, le gus à la batte de base-ball qui a fracassé le crâne de son collègue. Cette mauvais bile, Azuma devra la purger tout le long du film. Cela coûtera pas mal de dents cassées et de yeux pochés mais à la fin, Azuma sera fin prêt à affronter le chef des yakuzas qui ont violé sa sœur. Sans la moindre colère. Mais aussi sans le moindre sentiment, fin prêt à devenir un fantôme, chose qu’il sera d’ailleurs dans le prochain film où Kitano apparaîtra, Jugatsu. Il faudra attendre Sonatine pour que le personnage kitanesque refasse une résurrection en opérant une miraculeuse correction du brouillon que constitue le personnage d’Azuma. Comme quoi ça valait le coup de le faire, ce Violent Cop.

Sinon mauvaise nouvelle, comme pour Jugatsu, Violent Cop n’est plus édité dans nos contrées. Pour se le procurer, le meilleur moyen est d’acheter en occasion le coffret double DVD chez Studio Canal dans lequel Violent Cop est associé à Kids Return (autre petit chef d’oeuvre du maître, l’investissement vaut le coup).

 

Enfin, je serais indigne d’oublier de préciser que la soeur d’Azuma est jouée par la délicieuse Maiko Kawakami, idol qui eut le bon goût en 2001 de se faire photographier pour un photobook par Kishin Shinoyama :

Maiko Kawakami

Sur cette agréable croupe je vous laisse, un long W-E s’offre à moi pour me préparer nerveusement et mentalement à l’ultime épisode de Breaking Bad. Go Go Heisenberg ! Todd Must Die.

(1) Pour rappel, Kubrick fut appelé par la production pour remplace au pied levé Anthony Mann.

Lien pour marque-pages : Permaliens.

25 Commentaires

  1. Chouette, la suite de la filmo Kitanesque. C’est vrai qu’il y a pas mal de choses en germe dès ce premier opus. On voit même une courte scène où Azuma et sa soeur marchent au bord de la mer. Le comique bouffon mélé de violence dérangeante fait déjà son effet, je ne me lasse jamais de cette scène où Azuma chasse de chez lui le type qui s’est tapé sa soeur, et le fait trébucher dans l’escalier. Kitano aurait pu s’arrêter là, mais non, ça continue dans la rue où Azuma suit le type en le bourrant de coups de pieds au cul, et jusque devant l’arrêt de bus. C’est sec, c’est drôle (sauf pour le pauvre type). La scène de la poursuite du type à a batte est sans doute le point d’orgue du film en terme de mise en scène (et ce malgré la musique jazzy un peu cheapos mais que j’aime bien en fait), d’abord à pied, à la course, puis en voiture, en déambulant dans les rues. C’est non-spectaculaire à souhait, ça s’effoufle, ça prend les mauvais chemin, faut reculer, prendre les sens-interdit. C’est si loin de la façon habituelle dont une filme une poursuite, et pourtant ça doit être plus réaliste dans le fond. Et puis quand elle s’interrompt, avec un plan fixe et silencieux, qui lui-même explose en même temps que la vitre de la bagnole sous le coup de batte, c’est formidable. Pour un premier film dont il a hérité en vol (il me semble que Dionnet dit dans le DVD que c’est le prod qui lui a confié la réal après le désistement de Fukusaku), c’est déjà très singulier et il impose un personnage fort qu’on retrouvera en version très améliorée dans Hana-Bi. Cool article.

    (Quant à Sion, Kore-Eda aussi fait passer le bonjour. J’attends son prochain film avec impatience)

  2. Tout ça me rappelle que je devrais avoir honte de me dire fan de la filmo de Kitano alors que j’ai pas encore vu tous ses films !

    Sinon pour Sion Sono, un gars qui traîne dans le coin et qui a étudié le cinéma à Waseda m’a affirmé que le gars est certainement doué mais que c’est un grand connard.(un peu comme le Kechiche dont on parle beaucoup ces temps-ci probablement), expérience vécue. A priori il s’améliore depuis qu’il est marié à sa bijin à gros bonnet, mais en attendant…

    Zoda, passing by.

  3. @ lenumerosix : as usual tu complètes bien l’article par tes remarques. Il y a effectivement cette scène nocturne où Azuma et sa frangine longe un petit port et tu fais bien d’insister sur l’originalité de cette courte-poursuite. A la fin du tournage les techniciens affirmaient entre eux que Kitano était un piètre réalisateur. Franchement, quand on voit cette scène et le film dans sa globalité, si c’est ça être un tâcheron de la pellicule !…
    Sinon ouais, on reçoit bien volontiers le bonjour de Kore-Eda. Mais aussi celui de Kurosawa, de Tsukamoto, de Matsumoto, d’Ishikawa et consorts. Très con sur le coup, le père Sono.

    @ Zoda :
    « je devrais avoir honte de me dire fan de la filmo de Kitano alors que j’ai pas encore vu tous ses films ! »
    Bah, rien ne presse. Tu es même chanceux de te dire que tu as encore quelques pépites à découvrir. Perso, je ne peux pas dire que je sois un fan absolu de Kitano mais je prends conscience actuellement que j’ai rarement été déçu par ses films. Je redoute un peu de voir Getting any? et Kantoku Banzai, mais à part ça, un vrai plaisir de remater ses films pour pondre des articles.
    Tu m’intéresses avec ta connaissance qui a cotoyé Sono. Si tu peux récupérer des anecdotes édifiantes, n’hésite pas à les balancer. J’apprécie beaucoup ses films mais Dieu que c’est navrant de voir une telle immaturité dans ses propos ! Et effectivement, il m’a tout l’air de rejoindre la catégorie des réalisateurs dits « grands connards », aux côtés de Kechiche et de Tarantino. On espère que la plantureuse Megumi n’est pas en passe de devenir une desperate housewife. Auquel cas qu’elle n’hésite pas à venir nous voir…

    • Par contre, désolé pour les coquilles, c’est moche. Je devrais vraiment me relire, ça fait tâche…
      Je revois Getting any ? bientôt. C’est vraiment à part dans sa filmo. Quant à Kantoku Banzai, il m’a laissé plutôt un bon souvenir de portnawak, notemment un combat de catch mémorable dans une auberge. Mais c’est vrai qu’avec Takeshi’s il est vraiment réservé aux inconditionnels vu que ça tire vers le pastiche/déconstruction de son propre style et de ses propres stéréotypes. Vu comme ça à froid je ne sais pas ce qu’on peut en penser.
      Kechiche, no comment. Je ne peux pas saquer ce type ni ses films (à part L’Esquive, c’est à dire avant qu’il se prenne pour un autre). Quentin je suis revenu vers lui avec Django (et un peu aussi le précédent) après m’être copieusement emmerdé depuis Kill Bill. Mais pour Pulp et Jackie Brown, je lui dis merci.

      • Tout bien réfléchi c’est peut-être Aniki que je redoute surtout de revoir. Pas honteux non plus comme film, mais j’ai souvenir d’un film à l’utilité très discutable dans la filmo de Kitano, sorte de resucée de ses thèmes pour plaire aux sirènes d’Hollywood.
        Sinon, si Kantoku m’avait emmerdé, je me souviens avoir adoré Takeshis’. Là aussi, le prochain revisionnage va peut-être apporter son lot de déconvenues (ou de bonnes surprises.

        J’ai revu récemment Jackie Brown, le film vieillit plutôt bien. Même Reservoir Dogs reste assez irrésistible. J’attends avant d’en dire autant de Django. Sur le coup le film m’a plu, mais la bonne impression a été moins vive que pour Inglorious Basterds. Et le choix des musiques, pourtant un point fort de Tarantino, assez foireux et destiné à vieillir le film assez vite. On verra…

  4. Je vais essayer d’apprendre des choses avec mon contact oui, si d’ici la fin de l’année il se débrouille en français (à condition qu’il arrête les beuveries toutes nuits avant d’aller en cours !) je te l’envoie buller sur le blog. 😉

    • Oui, que ton contact n’hésite pas à balancer. On veut tout savoir : les écarts de comportements, ce qu’il fume, boit et surtout s’il est à la hauteur au lit avec Madame. On a là-dessus quelques craintes. Les grandes gueules, on les connaît hein ! le service trois pièces donne bien souvent l’impression de sortir d’Emmaüs.

  5. D’après le papelard de Delorme sur le mag HK, c’est effectivement les producteurs qui ont demandé à Kitano de s’occuper de la réal’, sa condition étant d’avoir un droit de regard sur le script (rappelons d’ailleurs que le scénario est le fait du romancier Hisashi Nozawa, retrouvé pendu dans son bureau en 2004) . D’ailleurs après le tournage, il était bien conscient de ses limites de cinéaste. Marrant aussi parce que dans l’interview du même mag’, il disait que le clown blanc du cirque l’avait beaucoup inspiré pour ses compo’ à l’écran, ce côté mélancolique en surface, et la souffrances en lui. Une style qu’il a gardé depuis.

    En tout cas, bien sympa ce coup de projo’ sur cette première réal’. Je mettais pris une sacrée claque à l’époque et l’avais redécouvert sur grand écran lors d’une rétro : une société qui semble en déliquescence, des perso’ qui semblent comme déjà mort, Kitano en « marginal intégré », l’ambiance avec le pessimisme qui s’en dégage, le fait que tout soit un éternel recommencement… et punaise (!) cette scène de course-poursuite dont vous avez causé. Pour moi, c’est l’une des meilleures que le cinéma ait enfanté.

    **

    Quant à Sono, on sait qu’il joue beaucoup de la provoc’, qu’il aime s’inventer une vie, exagérer et tout et tout. Ces propos sur ces cinéastes, il me semble qu’il les avait tenu aux alentours de 2010. Depuis, il est revenu dessus en disant qu’il ne les partageait plus. Ils les aiment bien maintenant et leur trouve des qualités en plus. Bref, ça fait partie du personnage. Ce n’est pas quelqu’un qui doit être intéressant en itw parce que foutraque dans ses dires, ne répondant que quand ça lui chante. C’est parfois marrant ses délires, ses « digressions », etc mais j’ai un peu de mal avec ce genre d’énergumène qu’on a véritablement du mal à cerner. Je préfère ses films que le bonhomme (rien vu de ses travaux avant son « Suicide Club » mais vu de ce que tu en écris Olrik, je vais attendre encore un peu).

  6. Tu m’y fais penser, faudrait qu’à l’occasion je mette la main sur ces HK magazines, ils m’ont tout l’air de regorger de précieuses informations.

    Sinon, pour Sono, je viens de rejeter un oeil à l’interview et stupeur ! l’article a purement et simplement été sucré (apparemment, Sono aurait gueulé sur Twitter). Pour le voir il faut avoir recours au cache :
    http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:v8qshU2zZQgJ:m.twitchfilm.com/2013/09/venice-2013-sono-sion-talks-about-his-latest-masterpiece-and-what-he-thinks-about-takashi-miike-and.html+&cd=2&hl=fr&ct=clnk
    Et effectivement, si on regarde attentivement en bas de l’article, on remarque un malhonnête « Venice 2013, with some excerpts from a previous unpublished interview we’ve done in 2010 ».
    Le petit remix qu’a concocté le mec de chez Twitchfilm n’est pas très glorieux. Mais l’attitude de Sono qui consiste à dire tout péteux « oui, mais non, attendez là, en fait Kitano et Miike je les aime bien » ne l’est pas vraiment non plus. Et du coup on a envie de la ranger dans une autre catégorie de réalisateurs : celle des réal’-branleurs qui devraient soigneusement éviter d’ouvrir leur gueule. Comme Lars Von Trier tiens, autre grand réalisateur mais malheureusement doté d’une coennerie à couper au couteau.
    Tout cela me donne singulièrement envie de réentendre la voix du maître :

    Pour la période pré-Suicide Club, tu peux tenter quand même mais c’est à tes risques et périls. Y’en a qui aiment. Après, pour ce qui est d’expliquer pourquoi ils aiment, là y’a plus personne. Plus intéressant est son « Into a Dream ». C’est un peu son Jugatsu à lui. Imparfait mais annonçant pas mal de trucs à venir. Ça me fait penser que l’article est tout prêt depuis un mois, je le mettrai en ligne la semaine prochaine.

    Olrik, toujours un article d’avance.

    • Lors de la première de Why don’t you play in hell à l’Etrange Festival le présentateur nous a gratifié de cette phrase soit disant prononcée par Sion lui même quelques jours auparavant : « Kitano, Miike morts, Kitano encore plus mort regardez toute sa filmo. » Donc heureusement que vous corrigez car le type avait sacrément l’air sûr de lui à parler de Sono son grand pote !

  7. Effectivement, y avait des choses pas mal dans les HK mag’. Maintenant, je n’étais pas toujours convaincu par certains parti-pris, propos tenus, etc. Mais c’était sympa d’autant plus que ça ne s’arrêterait pas qu’au cinoche hkgais, justement.

    Sinon, j’ai un pote qui m’a fait tourner ce cache de cette itw trafiquée l’autre jour, avec Twitch qui se confond en excuse et qui fout au pugilat l’auteur qui faisait ça bénévolement. Vrai que c’est pas glorieux tout ça.

    Pour la filmo’ Sono, je note.

  8. Si tu continues dans la filmo de Kitano jusqu’aux films où il ne fait que jouer, j’aime beaucoup son (petit) rôle dans l’excellent No More Comics ! de Takita avec Uchida.

    http://img11.hostingpics.net/pics/294464NMC01.jpg
    Kanpai !

  9. Excellent film des 80’s, en effet.
    On verra plus tard. En attendant il y a la critique de Tokyo Eyes dans les archives du blog et j’évoquerai sûrement le glacial Blood and Bones où Kitano est hallucinant de cruauté. Pour un peu, son perso dans Violent Cop, c’est Casimir !

    • Ben du coup, 24h après je réalise que ça aussi ça m’a un peu surpris dans ce film, j’ai pas trouvé le personnage de Kitano très méchant. Violent un minimum, mais je trouve surtout réactif.

      • « j’ai pas trouvé le personnage de Kitano très méchant. Violent un minimum, mais je trouve surtout réactif ».

        Zoda san, vous m’avez tout l’air d’être un gaijin sur les biceps duquel on peut compter. J’aime ça. Demain, c’est samedi, et je termine ma journée à midi. Venez me chercher et allons ensemble au karaoké, ne ? ^^

        Miyabi chan, secrétaire particulière d’Olrik sama.

        • Ah, c’eût été avec plaisir, d’autant que j’ai aussi une certain talent de chanteur de J-pop, mais je viens à peine de me réveiller…
          Si vous êtes toujours disponible en fin de journée… Je pourrai vous emmener après dans un endroit tranquille pour vous montrer mes muscles divers et variés. Vous avez mon email. 😉

          • Ureshiii ! (((o(*゚▽゚*)o)))
            Je viens d’échapper à Olrik sama, trop occupé à finir son article sur Kids Return pour me mettre la main dessus (ou plutôt « les mains dessus » ( ̄□ ̄;)!! ). En fin de matinée je me suis endormie :
            null
            Je dors souvent au bureau. Ne riez pas s’il vous plaît, Olrik sama me fait très durement travailler ! ((((*。_。)_

            J’ai rêvé qu’un spirituel gaijin aussi musclé que Yasuaki Kurata me prenait dans ses bras et me chantait un air de Tatsura Yamashita ! J’ai hâte d’entendre ça ! (✿ ♥‿♥)

            S’il vous plaît, soyez gentil. Je vous chanterai peut-être ce soir Rainy Days blues de Reiko Ike. (づ ̄ ³ ̄)づ

  10. J’ai revu Getting Any ? et faut bien avouer que le film reste encore aujourd’hui un ovni. Trop long, parfois vraiment foireux (volontairement certe, mais du coup je trouve que la satire de ses propres gags ne prend pas toujours), tellement Japonais qu’il y a un truc qui est « lost in translation » comme ils disent. Mais à côté de ça, il reste quelques gags vraiment hilarants qui m’ont encore une fois plié de rire, par exemple toute la série de braquages qui culminent avec le coup du « ninja » qui escalade le mur pour contourner le rideau de fer (deux fois), là c’est juste le grand gagman Kitano au sommet de son art. J’avais complètement zappé l’apparition du Beat lui-même dans la dernière partie en savant fou, ça reste un peu surréaliste pour moi de le voir ainsi qu’il se présente dans ses shows télé débiles. Cette partie là n’est clairement pas la meilleure, assez bassement graveleuse (sauf le porno pour animaux, allez, tellement idiot que les Nuls auraient pu le faire), même si Kitano lui-même reste un personnage rigolo. Le final scato avec chant traditionnel et démonstration de taikos (il me semble) me laisse toujours assez pantois, entre admiration et consternation, mais le dernier gag d’après le générique est objectivement très drôle (et très con). On dirait un mélange entre Luc Moullet, Collaro et la veine perso de Kitano lui-même. Vraiment un drôle de truc. A plusieurs en descendant des bières devant le film, l’expérience doit être plus satisfaisante.

  11. Hey ! Gardes-en un peu pour lorsque je publierai un article sur Getting any ?
    Cela dit ce que tu en dis refroidis un peu mes ardeurs pour le revoir. La scène dont je me souviens très nettement : l’avion dans lequel les hôtesses offrent un service particulier au client.
    L’allusion à Collaro : dure mais il y a un peu de ça.
    Je pense qu’à la revoyure, il devrait quand même être moins douloureux que Kantoku Banzai.

    • Ah, la bonne nouvelle c’est qu’il y aura un article sur Getting any ?.

      • En fait il est très probable que tous les films de Kitano soient passés au crible. Le prochain sera Kids Return. Pour les autres, ce sera très probablement à raison d’un par mois.

        Au fait, puisque j’évoque Kids Return, t’es au courant de ce truc ?

  12. Une suite de Kid’s Return réalisé par un ancien assistant de Kitano et produit sous l’égide de l’Office ? Sur le papier ce n’est pas le genre de projet qui m’enthousiasme (pas fan des suites tardives), mais enfin faut voir. Dans la bande-annonce les deux n’ont pas l’air d’avoir vieilli tant que ça…
    C’est cool que tu fasses la filmo (bon même si je pense qu’on aura nos divergences aussi), je revois Kid’s Return bientôt, et il y aura une chronique de la BO dans la foulée.

  13. Bon je me suis regardé ce film et j’ai été assez déçu au final. Ça manque un peu d’humour finalement, la musique est un peu cheap…. Mais si c’était son premier film, ça fait effectivement sens par rapport à la suite de sa filmo. La critique un peu en fond des yakuza et des policiers, les gamins insupportables, les bijins qui finissent mal…
    Bref, c’était instructif et j’ai pas perdu mon temps parce que je voulais écouter parler japonais mais bon je risque pas de le re-regarder de sitôt.

    • Violent Cop fait partie des films réservés aux acharnés. Je me souviens que la 1ère fois je n’avais pas été emballé plus que cela. C’est en le revoyant bien des années après, et après avoir vu tous ses autres films que je l’ai plus apprécié.

  14. > 1) Les trois derniers films de Kitano, à savoir Achille et la Tortue, Outrage et Outrage : Beyond sont quand même loin d’être des daubes.

    Pas vu Achille mais franchement la trilogie Outrage est très dispensable. Aucun intérêt si on connaît déjà les autres Yakuza de Kitano. Ici, il n’y aucune surprise, aucun renouvellement, aucune poésie. C’est bien filmé parce que c’est Kitano mais l’histoire est complètement nulle.
    En regardant le premier Outrage, j’ai trouvé que c’était un enchaînement de scènes d’exécution avec un très vague fil conducteur pour les relier entre elles.
    Surprise, c’est exactement ce que Kitano déclare avoir fait dans une interview.
    Si vous voulez tout savoir: un personnage se fait tuer (ou gravement agressé c’est pareil), ses proches (lieutenants, alliés) veulent le venger et tuent d’autres personnages qui vont se re-venger à leur tour et tuer tout le monde.

    Kitano joue son rôle habituel: impassible, violent, autodestructeur, à une exception près. Dans les autres films il est intelligent. Dans Outrage il est complètement con. Il se laisse manipulé par tout le monde, flics comme les chefs de clans amis ou ennemis. Or ça, le spectateur le voit tout de suite venir. Je vais spoiler la fin mais à moins d’être neuneu je pense que vous savez qui est derrière tout ça dès la première demi-heure.

    Un bain de sang sans âme. Les scènes de violence sont juste le plus choquant possible. Or être le plus choquant possible n’a rien d’original à notre époque, surtout pas au Japon.

    Je suis même demandé s’il n’avait pas fait ça pour de purs raisons commerciales, ses derniers films – sans yakuza et avec plus de poésie; ayant subi échec sur échec.

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