(The DC Archives) : le professeur Harada et ses merveilleux fous volants (4ème partie)



4ème et dernière partie du fabuleux feuilleton où de splendides bijins le disputent à des viennoiseries et des mandales dans la gueule. Dernière et pourtant il ne s’agit pas de la fin puisque, un peu comme le père Schubert et sa huitième, le professeur Harada et ses merveilleux fous volants restera un chef d’oeuvre à jamais inachevé ! C’est que, vu la direction que prenait l’histoire, il devenait un peu dangereux, aussi bien pour ma santé mentale que celle de mes lecteurs, de continuer à narrer les aventures de ces zozos. 

Pour les curieux qui se demanderaient d’où proviennent tous les screenshots du feuilleton, il s’agit d’un faux documentaire intitulé Ski Jumping Pair : Road to Torino 2006, de Riichiro Mashima. Il raconte vraiment le projet d’un éminent scientifique, le professeur Harada donc, d’inventer un nouveau sport, le saut à ski en tandem. Après, j’ai évidemment arrangé tout cela à ma sauce. A l’origine je voulais faire un article sur d’étranges vidéos sur lesquelles j’étais tombé dans un magasin de gadgets au Japon: des vidéos en images de synthèse, totalement délirantes, où l’on voyait des exemples de ces sauts à ski. Ça aurait pu être torché vite fait mais je ne sais plus quelle perversion de l’esprit m’a amené à évoquer cela en faisant un récit à rallonge. Juste le fait d’écrire pour Drink Cold j’imagine.

 

(article paru sur Drink Cold le 10 mai 2010)

Afin de vous faire plaisir et surtout de nous aider à rembourser les dégâts engendrés dans nos locaux durant la grève, la rédaction vous propose ce magnifique tee shirt et ce joli sac, idéal pour aller faire vos courses au Carouf du coin. Vous pourrez ainsi faire preuve d’érudition pour répondre aux questions que l’on ne manquera pas de vous poser à propos de ces étranges motifs. Savant fou, glaces ionisés, expériences sur des gerbilles, Finlandais boulangers, Allemand drogué au sexe, soyez assurés que vous vous paierez une solide réputation de grand malade, à défaut d’intellectuel.

Le tee shirt : 5000 yens.

Offre spéciale : 2 pour le prix de 12000 !

Le sac (design conçu par Mme Harada) : 15000 yens (100 exemplaires numérotés et signés).

Une boîte de préservatifs à l’effigie de Koda Kumi vous est offerte. Dépêchez-vous !

Envoyez vos chèques, libellés à mon nom,  à l’adresse suivante :
Olrik, Gran Mayan Hostel, 8 Av. Costera de las Palmas, Acapulco, Mexique.

And now…

 

CHAPTER IV

LE SURPRENANT POUVOIR DU « GENKI DESU KA »

Résumé de l’épisode précédent Le professeur Harada est parvenu à réunir 8 athlètes pour faire face à l’effarant défi du Comité Olympique : organiser une rencontre de SJP durant laquelle 108 sauts de plus de 120 mètre devront être effectués en moins de deux heures ! Malheureusement, il est dit que chaque succès d’Harada est immédiatement contrebalancé par un bon gros pépin. Cette fois-ci, le chat noir est incarné par un Allemand baraqué drogué au sexe : Stefan Widhoelz, alias Tyrant Widhoelz. Ce qui devait être un camp d’entraînement organisé par ses soins s’est en effet avéré être une sorte de Jeux sans Frontières du sexe, jeux remportés haut la main par l’Allemagne. Nos huit champions ont bien pris leur pied, mais ont aussi bien pris dans la gueule moult taloches distribués par un Harada excédé de voir que ses huit athlètes étaient aussi vidés que des footballeurs de l’équipe de France après une soirée à Pigalle. Plus que quelques heures avant la compétition. Que faire ? C’est alors qu’un nom refait surface dans le génial cerveau du prof : Antonio Inoki.

Bon Dieu, mais c’est bien sûr !

Comment Harada n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Devant les serpillères qui allaient devoir se surpasser le lendemain, il n’y avait bien que lui pour leur botter le cul et recharger leurs accus. Ah, Antonio ! Harada eut une pensée émue pour ce vigoureux gaillard qui l’avait maintes fois secouru lors de délicates séances d’ijime. Invariablement, le scénario avait été le même : au moment où de sinistres galopins s’apprêtaient à enfoncer dans le fondement du prof des objets aussi divers et variés qu’un balai à chiotte, une figurine d’Ultraman ou un manga de Go Nagai, Antonio arrivait, s’approchait des agresseurs et, sans une parole, leur faisait ceci :

Crac Boum Hue !

Invariablement aussi, Harada se relevait, s’approchait d’Inoki pour le remercier et… s’en prenait une non moins vigoureuse que les autres. Aider les faibles oui, mais que lesdits faibles restent des fiottes toute leur vie, non. Et puis Inoki, en digne lecteur de Nieztsche, avait parfaitement assimilé cette maxime :

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

Cette phrase l’avait obsédé longtemps, très longtemps, que diable pouvait-elle bien signifier ? Puis un jour, il comprit : Nietsche pensait bien évidemment aux vertus philosophiques de la mandale en pleine poire ! C’était quelque chose qu’il avait remarqué depuis un certain temps : tous ceux qu’il avait corrigé d’importance, les garçons comme les filles d’ailleurs (sur ce sujet Inoki respecte la parité), avaient mûri, étaient devenus de meilleurs japonais, prêts à recevoir l’enseignement de Miyamoto Musashi (autre auteur favori d’Antonio) pour porter le Yamato toujours plus loin. Aussitôt Inoki se saisit d’un pinceau et traça fébrilement sur une feuille ce qui allait être sa devise :

GENKI DESU KA (=Ça va la forme ?)

Dès cet instant, la voie d’Inoki fut toute tracée : une carrière internationale de catcheur allait permettre à ce ronin de la mornifle de sillonner les continents afin d’injecter de l’esprit samouraï à qui mieux-mieux et de faire ressortir chez tout un chacun ce qu’il avait de meilleur en lui. Il devint très vitre un catcheur de grande classe (au point d’être souvent cité dans les palmarès comme faisant partie des 10 plus grands catcheurs de tous les temps) et Nintendo peut le remercier d’avoir prêté son image pour écouler des stocks de jeux vidéo relativement mal foutus, même pour l’époque :

GRRR ! C’est quoi ce jeu de merde ?!

Mais c’est en 2004 que tombe une surprenante, une étonnante, une assourdissante, une époustouflifiante nouvelle : Antonio Inoki est gay !

All you need is Inoki

Aussitôt tout devint clair dans l’esprit de ceux qui avait payé plus de 6000 yens leur billet pour assister en 1976 au plus grand non événement sportif du siècle :

Si vous n’avez pas peur de vous emmerder, allez voir ici

 

En effet, pendant quinze rounds mortellement ennuyeux, des milliers de spectateurs n’ont eu de cesse d’essayer de répondre, en vain, à cette angoissante question : mais pourquoi diable Inoki passe-t-il son temps à astiquer le ring avec son cul tout en écartant les jambes ? Cela devenait tout à coup lumineux.

Stand up pussy !

Lumineux aussi le fait que de 2002 à 2003 des personnes aient affirmé l’avoir rencontré comme fesseur dans une boîte échangiste spécialisée dans les rencontres de couples de fighters de Pride ou de K-1 :

C’est bon Antonio, tu peux enlever tes lunettes, on t’a reconnu !

Lumineuses encore ces boîtes de préservatifs Inokix vendues dans les années 70 uniquement dans les boîtes gay :


 

Enfin, terminons cette imparable démonstration en évoquant l’eau de toilette Inokix. Pendant des années on ne su expliquer pourquoi elle créait des crises d’urticaire uniquement aux mâles habitués aux rasades généreuses de Mandom. Tout s’expliquait maintenant.

On raconte même que certains furent brûlés au 3ème degré à cause de cette cochonnerie.

Certains fans lui témoignèrent aussitôt un mépris sans bornes. Ce n’est pas bien. Je dirais même carrément vilain. Tout d’abord parce que l’animal garde aujourd’hui encore une impressionnante vigueur (dans tous les sens du terme), ensuite parce que, en digne lecteur de Kitano et d’Hirata (voir article précédent), il sait montrer aux jeunes générations ce que se doit d’être l’homo japonicus, à savoir un être sans concessions, brutal mais authentique, qui ne doit surtout pas faire dans la demi-mesure. Ainsi, admirez dans cette vidéo comment il n’hésite pas à recadrer direct une vieille teigneuse qui le fait chier :

Et là, on apprécie avec quelle classe il refuse toujours à sa fille d’avoir un petit ami:

Tu as 24 ans ? Et alors ? Moi, à ton âge, je me masturbais, j’explosais des sacs de sable, et c’était tout. Je n’ai rien demandé à personne !

Tout cela pour dire que, malgré ses chemises et ses écharpes roses, Inoki garde encore de cette vista qui fait les choux gras des admirateurs du Japanisthan que nous sommes.

Mais revenons à la date qui nous intéresse, le 30 décembre 1999, J-1.

En deux mots, Harada expliqua aux huit athlètes son plan : en gros, un champion d’arts martiaux allait venir pour leur insuffler de l’esprit samouraï. Avec lui, c’était sûr, la compétition n’allait être qu’une formalité. Ici, Widhoelz, dont on se souvient peut-être qu’il était le seul à avoir échappé à l’ire d’Harada, crut utile d’intervenir :
« Was ? Des arts martiaux ? Teufel ! Mais ne faites rien ! J’ai ce qu’il faut fur uns ! J’ai une autre pontite amie, elle s’abelle Minami Katatori et hapite pas loin d’ici. Elle est eine spézialiste en karaté. Son entraînement est sehr spézial et sehr efficace. Tenez, regardez bitte :

Minami Katatori, en réalité responsable de la section « sport » chez Soft On Demand

Je bense qu’il faudrait la… »


Un météore interrompit sa phrase : c’était la main du professeur. Widhoelz était venu, l’avait cherchée, et l’avait finalement eue sa mandale. Et ce n’était que le début…

 

********************************************

 



31 décembre 1999. Il est 20 heures. Nous sommes sur la piste d’Okurayama, là où une foule hystérique attend fébrilement qu’Harada et son Flying Circus entrent en scène. Malgré la relative confidentialité de l’exploit des frangins Harada, le bouche à oreille fonctionna assez bien pour attiser un sentiment de curiosité assez vif. Surtout, cette équipe d’athlètes, très typée, bigarrée, un peu comme dans un épisode de Captain Tsubasa ou de Slam Dunk, suscita d’emblée une irrésistible sympathie. Parmi les médias, la NHK n’hésita pas à dépêcher ses journalistes pour rendre compte de l’événement, sobrement intitulé « Millenium 108 ». Harada, un peu crispé tout de même, s’efforçait de canaliser les petits lots susceptibles de perturber le cours de l’opération,

La journaliste – Bien, je vais maintenant vous présenter le professeur Harada.
Harada (à part) – C’est ça, reste avec moi, garde ton micro à la bouche, comme ça tu n’auras pas ceux de mes athlètes, tu attendras la fin si ça te chante. Marre de leurs conneries !

… nos huit athlètes, concentrés mais limités physiquement à cause de leurs récents débordements, attendaient le début de l’épreuve,


 … lorsque, soudain, arriva…

 

Un lecteur de Nietzche !

Oui, Inoki, qui allait devenir pour cette équipe de bras cassés ce que Georges Martin avait été pour les Beatles, venait de faire son entrée sur l’air de la Chevauchée des Valkyries. Voilà donc qui était cet « expert en arts martiaux » qu’avait évoqué le prof. Sur le coup, Widhoelz, pourtant le moins fatigué des huit, et malgré son ancienne carrière de boxeur professionnel, sentit un méchant frisson lui parcourir l’échine. Quant aux frères Karismaeki, ils se mirent, sans trop savoir pourquoi, à avoir la nostalgie de leurs épouses japonaises et de leurs planches à pain. Je ne parle pas des frères Harada : eux, ils savaient qui était ce grand monsieur et comprirent qu’ils allaient bientôt avoir mal, très mal, surtout lorsqu’ils le virent se poster en bas de la piste, comme prêt à cueillir ses proies.

Objectif pour ce soir : 8 molaires, 6 pré molaires, 9 canines et 10 incisives.

Plus que cinq secondes… quatre… trois… deux… une… ça y est, il est 21 heures, le premier tandem de SJP, celui des frères Kaurismaeki, a le feu vert pour s’élancer. On regarde la scène :

Et oui, la sanction est impitoyable : toute performance enregistrée en deçà des 120 mètres réglementaires est immédiatement châtiée du terrible « genki desu ka » d’Inoki. Autant vous dire que les compétiteurs suivants, en l’occurrence les frères Ammann, ne faisaient pas trop les mariolles. Regardons leur saut :

Ouch ! S’attendre qu’Inoki fasse le tri entre performances homologuée et non homologuées était aussi naïf que d’attendre de sa part qu’il se mette à déclamer du Lamartine dans le texte. Car le « genki desu ka » repose sur cette notion toute japonaise du dépassement constant de soi-même. Mais je me tais car c’est au tour de Widhoelz et de son coéquipier dont j’ai oublié le nom (et dont de toute façon tout le monde se fout) de s’élancer. Hentaiator VS Antonio « Moeru Toukon » Inoki. Qui aurait jamais rêvé d’une telle confrontation ? Mais chut ! c’est parti :

Et oui, Widhoelz, en digne renard des surfaces enneigées, réussit preque à éviter le sérum de virilitude d’Inoki. En vain. À défaut d’avoir un de ses joues vigoureusement malaxées, c’est sa nuque qui a bénéficié d’une petite caresse vigorifiante. En tout cas, vous aurez remarqué que le duo allemand a lui aussi atterri dans la zone homologable (située entre les deux traits rouges). Harada avait-il vu juste dans le rôle bénéfique que pouvait jouer Inoki ? C’est ce que tout le monde crut durant la première heure. Durant ce lap de temps, 50 sauts dépassèrent haut la main les 120 mètres (et donc au moins 50 beignes furent distribuées). Malheureusement, cette photo des visages tuméfiés des frère Harada :

 


… nous fait aisément deviner qu’à la longue, le traitement infligé par Inoki pouvait avoir des conséquences perverses. Bottez gentiment le cul à un gamin pour qu’il obtempère, cela marchera. Battez-le comme plâtre, il risquera de ne plus être en état pour faire quoi que ce soit, même vous apporter vos pantoufles. C’est un peu ce qui se passa avec nos huit chevaliers d’or du SJP. Après une débauche de cosmos énergie mais aussi quelques dents en moins, les distances commencèrent à rétrécir comme peu de chagrin et à se rapprocher dangereusement de la limite des 120 mètres. Si les baffes d’Inoki étaient bénéfiques psychologiquement, elles étaient évidemment très dommageables sur le plan physique. Voyez par exemple le témoignage d’Aki Kaurismaeki :


 

Tu l’as dit Spanky ! S’en prendre une d’Inoki est sûrement plus dur que de claquer le derrière de madame  Miches Solaires  avec une planche à pain, n’est-ce pas ? Quant à Widhoelz, en bon teuton arrière petit-neveu de Guillaume II de Prusse, il résume ainsi la force du catcheur :


 

Il faut dire que Stefan sortit de l’épreuve un peu traumatisé. D’ailleurs, à trois sauts victorieux de la fin, la paire allemande fut la première à déclarer forfait. Les frères Kaurismaeki tentèrent un dernier saut, le réussirent d’extrême justesse, puis abandonnèrent eux aussi. Il ne restait plus que deux sauts à effectuer. Les frères Annmann, franchement liquéfiés, s’apprêtaient à en faire de même lorsque le professeur Harada, jamais à court d’idées, leur tendit mystérieusement une enveloppe : « C’est pour vous, quelqu’un vient de me la remettre, il a refusé de me dire son nom ». À l’intérieur se trouvaient un câble avec ces sournoises paroles :

Salut les tocards STOP C’est moi votre génie de frère STOP Viens encore de gagner une médaille STOP C’est ça la classe STOP Et vous? STOP Vous vous amusez bien? STOP Bouffer des chocolatines et des culs de Japanisthanaises c’est pas trop dur ? STOP Je vous laisse STOP Sabrina veut se faire troncher STOP À plute les baigneurs STOP
Simon
PS : je nique votre race moi.

Et à ces mots guère civils était jointe cette ignoble photo accompagnée au verso d’un autre message :

Devinez dans le troufignon de qui je vais mettre cette médaille ce soir ?

En prévision d’une petite baisse de régime des Hélvètes, Harada avait cru bon de demander à l’un de ses étudiants de préparer un petit fake de derrière les fagots pour les stimuler. Cela marcha au-delà de ses espérances. Leurs visages passèrent par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Le cœur de Marco, surtout, saignait méchamment. Il avait beau avoir fait une croix sur la douce Sabrina, l’imaginer avec une des médailles d’or de son frère dans l’anus était pour lui le comble de l’hérésie, de la profanation. À côté, les libertins du divin Marquis qui s’amusent à placer des osties à un certain endroit avant de pratiquer la sodomie, c’était aussi inoffensif que d’imaginer la Patrouille des Castors en train de faire un concours de teubs sous la tente. Non, il fallait faire quelque chose. D’abord reconquérir le cœur de Sabrina (enfin, « conquérir » serait plus adapté) puis atomiser Simon. À ce sujet, je ne raconterai pas dans ces pages le sanglant fait divers qui eut lieu quelques jours plus tard à Zurich, fait divers qui valut à Simon un billet pour un aller simple en hélicoptère au CHU le plus proche de chez lui, et à Marco trois mois de prison pour coups, blessures, et enfonçage de 13 médailles dans le rectum de son frère. Tout cela est à vrai dire un peu laid. Focalisons-nous plutôt sur Marco au moment de la lecture du message :

Zawa Zawa

Tout à coup, l’aura d’Antonio Inoki fut comme absorbée par celle de Marco. D’ailleurs, notre catcheur, devant ce regard torve, cette mâchoire serrée et ces narines frémissantes comprit qu’il y avait là une blessure d’honneur bafoué. Un p’tit coup de « genki desu ka » n’était peut-être pas opportun, aussi décida-t-il de s’écarter prudemment. Sans doute bien lui en prit.
135 mètres. Oui, 135 mètres, c’est la distance que parcoururent les deux Suisses, deuxième meilleure performance de la soirée.
145 décibels. Oui, 145 décibels, c’est le volume sonore atteint par le hurlement de rage poussé par Marco en plein vol, meilleure performance de la soirée. Pour bien imaginer la scène, voici le visage de fou que les spectateurs nippons virent dans les airs :

 

Et leurs oreilles perçurent distinctement ces sons : « simɔ̃ɔ̃ɔ̃  ããããkyyyyleeeeeee !! »
J’utilise ici l’alphabet phonétique international par soucis de réalisme. Les spectateurs japonais entendirent ces sons, mais ne les comprirent pas. Beaucoup crurent qu’il s’agissait d’un cri de guerre helvète ancestrale, une sorte de « Montjoie Saint-Denis ! » quoi. Cela plut beaucoup sur l’instant, moult « sugoi ! » et autres « kakkoi ! » fusèrent dans l’assistance. Mais il est vrai qu’il y en eut un peu moins devant le poste de télé des parents des frères Karatastrophes.
Plus qu’un saut. Plus qu’un saut et Harada n’aura pas à tenir son pari tenu avec un de ses collègues de l’institut : chevaucher à poil la statue d’Hachiko à Shibuya, avec à la main une pinte de Sapporo, un gode-michet électrique dans l’autre.
Pour cela, il ne restait plus en piste que ses deux rejetons. Et, comme dans tout bon manga qui se respecte, le suspense battait son plein car il n’y avait plus la place que pour un saut. Les deux jeunes hommes étaient vidés et il ne restait plus qu’une minute au temps imparti. Impossible de faire un deuxième saut, c’était maintenant ou jamais. Mais un peu à la manière de beaucoup de sportifs français qui échouent au moment de monter la dernière marche, les frères donnaient l’impression d’être frappés de plein fouet par le syndrome de la lose. La tête basse, l’œil hagard, nos deux drôles semblaient rongés par l’enjeu.
C’est à cet instant qu’Ichinori ressentit un picotement sur son sexe. C’était curieux, il ne l’avait pas ressenti au début de l’épreuve. Il se la tâta discrètement et comprit : c’était un des coins d’une photo qu’il avait placé tout contre son cœur mais qui, avec tous ces frottements et mouvements brusques dû aux atterrissages, était descendue tout contre son engin. Cette photo, inutile de dire qu’il y tenait, il s’agissait de Chihiro Tezuka, la plus jolie fille de sa classe :

Vé la pitchoune !
(photo garantie 100% élégante et sexy, parce que sur Drink Cold, mesdames qui peut-être nous lisez, il n’y a pas que d’innommables images comme celles que nous a récemment servies l’abominable Meganekun).

Capitaine de l’équipe féminine de volley de son lycée, elle s’était depuis peu rapprochée de notre jeune héros. Leurs lèvres étaient même entrées en contact. Puis leurs langues. Puis, et puis, et puis voilà : la belle refusait de le faire tant qu’Ichinori ne lui prouvait pas la solidité de son amour. La dureté, la raideur de cet amour, ça, c’était clair, elle ne le contestait pas. Mais cette Guenièvre attendait de son Lancelot qu’il mouille le maillot, qu’il se sorte les doigts du dargif, qu’il réussisse enfin le pari fou de son père. En cas de succès, elle lui promettait de réaliser son fantasme n°1 : ôter la virginité d’une jeune femme habillée comme Fujijko chan dans l’épisode 26 de la saison 2 de Lupin the 3rd :

Par contre, pour la ressemblance mammaire, l’illusion risquait d’être un peu plus difficile

En cas d’échec, c’était le retour de la veuve devant d’ignobles dojinshis.
Tout à coup, Michinori sentit revenir en lui le mojo. Et comme les jumeaux ont tendance à ressentir mutuellement certaine choses, Ichinori fit fi de sa fatigue (fi, fi !). Ils s’élancèrent, prêts à aligner un combo de décamètres qui allait leur faire pulvériser le high score de la soirée, et se propulsèrent dans le vide. Enter the Void pour ainsi dire, et enter the legend. Le saut fut hallucinant de pureté, tout le monde dans l’assistance eut alors en tête cette chanson magique de R. Kelly,I believe I can fly, le corps de Tani Naomi excepté peut-être, on s’accorda à dire qu’il n’y avait rien de plus beau. Les frères entamèrent la phase ascendante, c’était du gâteau, les vioques du CIO pouvait d’ores et déjà se le prendre, s’asseoir dessus et faire l’avion ! Il ne restait plus qu’une vingtaine de mètres lorsque soudain (oui, vous l’avez vu venir de loin ce « soudain », hein mes chéries ?) un OVI (Objet Volant Identifié) traversa la piste et percuta de plein fouet le tandem !

Il s’agissait de Tadanobu Asano, parti de Tokyo à 17H pour assister à Sapporo à l’avant-première de son dernier film.

Les carcasses des frangins heurtèrent brutalement le sol à 119,69 mètres (Widhoelz fut bien le seul à trouver ce « 69 » rigolo).
C’était foutu. Le SJP ne serait pas reconnu comme sport olympique. Et le prof allait devoir se faire photographier à oilpé sur la statue.

À suivre

Prochain épisode :

 

CHAPITRE V :

J’arrête de donner des titres à l’avance puisque de toute façon je ne sais jamais où je vais avec ce feuilleton

Dans cet épisode absolument génial, Henry Rollins :

 

… viendra faire un petit coucou aux lecteurs de Drink Cold, et vous découvrirez, totalement abasourdis, l’origine et le pouvoir des dernières brioches magiques inventées par les frères Kaurismaeki :


 

Cela dans deux ou trois semaines (comprenez, plutôt trois, voire quatre). Entretemps, la Dernière Séance Japanisthanaise reviendra et, suite à l’excellente idée du non moins excellent Evelyn Tremble, j’annonce donc de quel film il sera question. Il faudra bien vérifier que vos braguettes peuvent contenir une pression de 100 bars car ce sera:

 

Après Michinori Harada, ce sera donc au tour de Naomi Tani de sentir des picotements sur la peau, plus pour notre plus grand plaisir que le sien.

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