Bijin de la semaine (29) : Adele Yoshioka

Aujourd’hui une bijin-de-la-semaine sur laquelle je ne m’étendrai pas (mais lors de ses jeunes années, j’eusse aimé, j’avoue) car je n’ai sous la main que très peu de matière à disposition. L’iconographie sera donc bien maigre mais si vous aimez les magnum .44, San Francisco et la musique de Lalo Schifrin, ça devrait suffire à votre bonheur.

La perle oubliée du jour s’appelle Adele Yoshioka. Cette americano-japonaise apparut surtout dans les 70’s dans des rôles très secondaires. Ici une certaine Miss Hoyo dans un épisode de Mannix, là une secrétaire dans un de Banacek. 

Avec ce bon vieux George « Hannibal » Peppard

C’est le premier vrai dur que notre belle croise sur son chemin. Et vous allez voir, ce n’est que le début. Bien plus tard par exemple, en 1987, on l’aperçoit dans une vidéo toute à la gloire de Dolph Lundgren, vidéo sobrement intitulée Maximum Potential (3.6 sur IMDB, yeah !).

A cette divine époque, Dolphy venait de massacrer définitivement la gueule d’Apollo Creed dans Rocky IV et s’apprêtait à endosser le rôle de Nikolai Rachenko dans Dragon Rouge. Une sorte de demi dieu quoi ! qui explique pourquoi il est si fascinant de le voir courir au ralenti sur une plage à 1’55. Et notre bijin du jour me direz-vous ? Ben, on la voit à 1’19 en train de poser sa serviette sur le sable.

Sans doute vous dites-vous ici que cet article sent un brin le foutage de gueule. Mais du calme, attendez un peu, tout va bien puisque maintenant arrive ceci :

Mets la zik et détends-toi. Imagine : tu es un inspecteur du SFPD, tu es à bord d’une Ford Galaxie 500, tu as de grosses lunettes noires sur le nez et tu t’apprêtes à casser du méchant bad guy. Tu vois ? Tu sens maintenant comme l’article va bien se passer ?

2ème opus de la pentalogie Dirty Harry, Magnum Force n’est sans doute pas le meilleur (le premier reste indétrônable) mais demeure le deuxième film à vraiment recommander. Après, malgré un « make my day » par ci et un « Smith, Wesson and me » par là, la série peine à retrouver le même niveau. Il faut dire que les premiers films bénéficiaient de scénarios coup de poing signé John « Conan » Milius (aidé de Michael Cimino pour Magnum Force, excusez du peu) et de la mise en scène d’un Don Siegel ou d’un Ted Post. Ajoutons à cela la musique d’un Lalo Schifrin en grande forme (ses thèmes pour les autres films seront moins convaincants) et un Clint Eastwood quadragénaire dans la lignée de ses rôle chez Sergio Leone, c’est-à-dire campant un personnage viril et qui n’a pas besoin de beaucoup jouer pour être charismatique.

Bref, que du bon, deux excellents polars du début des 70’s, avec cependant une nette différence entre les deux. On le sait, le premier a collé une sérieuse étiquette de facho à Callahan. Pauline Kael, grande critique de cinéma pour certains, simple conne qui n’a rien compris au cinéma pour d’autres (j’en fais partie) se fendit d’un article au vitriol présentant Harry comme un réac raciste, violent et misogyne. Et les moutons de Panurge de bêler en chœur et de jeter l’anathème sur Dirty Harry qui se retrouva avec une sale réputation totalement usurpée puisque le film nous montrait juste un flic certes revêche, mais surtout totalement écœuré devant un système qui laisse en liberté un malade qui a buté une femme, qui a cherché à tuer un noir (symboliquement homo dans la scène en question) et qui finit par détourner un bus de ramassage scolaire :

A ce sujet, Scorpio aurait-il lu les conseils éducatifs de Kitano et d’Hiroshi Hirata ? La question mérite d’être posée.

Le pire, c’est que ce pataquès a eu raison de la particularité du personnage d’Harry. Dirty Harry se terminait sur la mort de Scorpio et ce plan où l’on voit Harry jeter à l’eau son badge d’inspecteur, Magnum Force nous le montre finalement toujours flic, toujours radical dans sa façon d’agir (la scène du détournement d’avion) mais bien plus humain qu’autrefois. Plutôt amical, moins taciturne avec son coéquipier noir. Plus montré dans sa sphère privée aussi. Dans Dirty harry, c’était pas la gloire : on se rappelle cette scène où il matait par la fenêtre un couple en train de baiser. Dans Magnum Force, on comprend assez vite qu’Harry plait aux femmes. En fait, c’est plus Magnum Force mais carrément  Mandom Force ! Il y a d’abord cette scène dans laquelle il rend visite à la femme d’un collègue dans une mauvaise passe, femme qui lui fera ouvertement du gringue et ira même jusqu’à lui coller un p’tit baiser sur la bouche avant qu’il parte. 

Harry pourrait protester, la repousser gentiment en lui disant un truc du style « calme-toi Carol, je comprends tes sentiments mais on ne peut pas faire ça, ce serait déloyal vis-à-vis de mon ami. Formons plutôt une équipe pour le soutenir moralement, OK ? ». Mais non, au lieu de cela, il accepte bien volontiers la galoche, rien à foutre de l’ami Charlie ! C’est ça quand on se parfume au mandom, les gueuses affluent comme des mouches, rien à faire, il faut bien l’accepter et contenter ces femmes qui n’ont jusqu’à présent pas eu le plaisir de connaître un mâle, un vrai. Et il n’en ira pas autrement avec LA scène qui nous intéresse, celle dans laquelle, s’apprêtant à regagner son appartement, il tombe sur cette intéressante voisine :

La prise de contact n’a pas duré plus de dix secondes que l’asiat’ pose sans ambages une intéressante question :

« Comment faut-il faire pour coucher avec vous ? »

Harry a beau être mandomisé jusqu’à la moelle, il en reste quand même comme deux ronds de flan :

Uh ?

Il reprendra cependant rapidement ses esprits et lui susurrera, sourire en coin, un « ben, en frappant à ma porte ». Puis il regagnera son appartement sans rien ajouter. Chez lui, on le découvre ainsi :

Oui, Harry sirotant pensivement sa roteuse en regardant le portrait de sa défunte femme (tuée jadis par un conducteur ivre). Otoko wa tsurai yo comme disait l’autre, c’est dur d’être un homme. Ou plutôt un guerrier solitaire. Heureusement que l’on peut compter sur les Japonaises nymphomanes pour redonner un peu de vigueur car à ce moment, quelqu’un frappe à la porte. Harry se lève, ouvre la lourde et découvre, devinez qui ?

 

Miss Sunny

Harry la laissera bien évidemment entrer et lui proposera une bière, en attendant sans doute de la laisser jouer avec son autre magnum caché dans son pantalon. Las ! le téléphone retentit alors : il s’agit du lieutenant Briggs (le félon du film) qui lui demande de venir toute affaire sexante à la morgue pour voir un truc. Otoko wa tsurai yo hein ! Callahan s’exécutera et regagnera bien plus tard son appart’ alors aussi vide que sa chienne de vie. Vide ? Non car à peine entré la porte de derrière s’ouvre et…

All the world loves a lover
All the girls in every landom and
To know the joy of loving is live in the world of
MANDOM

Miracle du bluray, chose que l’on ne pouvait pas forcément distinguer sur un DVD et encore moins sur une VHS, on remarque bien qu’Adele est le buisson au vent. Et bien fourni le buisson ! n’oublions pas que nous sommes dans les 70’s. Bref, la suite on la devine. Sans aller jusqu’à montrer Harry cul nu, la scène nous le montrera rejoindre la belle qui sans façon est allée au pieu puis échanger un langoureux baiser préludant à autre chose.

On retrouvera Adele plus tard dans le film à travers deux scènes plus anecdotiques (notamment une où son rôle semble se limiter à celui d’un porteuse de bibine pour son cher mâle). Plus intéressantes sont celles que je viens d’évoquer car elle témoigne d’une chose, le foutage de gueule dont pouvait faire preuve John Milius.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’animal, rappelons que John Milius, c’est ça.

On retrouvera Adele plus tard dans le film à travers deux scènes plus anecdotiques. Plus intéressantes sont celles que je viens d’évoquer car elle témoigne d’une chose, l’espièglerie dont pouvait faire preuve John Milius. Il faut ici revenir aux protestations des hordes de fâcheux trouvant qu’Harry était l’incarnation du réac macho et raciste. Beaucoup de lettres étaient alors parvenues aux producteurs pour s’en plaindre. Mais à côté des monceaux  de lettres de féministes effarouchées, se trouvaient des lettres d’un tout autre type, des mots enflammés de fan girls demandant à Harry de leur faire les pire choses qui soient et, chose étrange, beaucoup de ces propositions humides émanaient de femmes d’origine asiatique. On imagine alors un Milius goguenard ayant eu vent de l’info et bien décidé à jouer un mauvais tour aux chiennes de garde d’alors. « On reproche à Harry d’être macho ? Et les asiatiques mouillent pour Harry ? Attends, on va rire. » Et de rire effectivement en prenant le contrepoint de la supposée misogynie d’Harry, c’est-à-dire en montrant une femme asiatique un brin nympho qui se rue littéralement sur l’engin de notre inspecteur. Faisant par là d’une pierre trois couilles : d’un côté en montrant un Dirty Harry pas si raciste que cela et plutôt respectueux de la gent féminine (il y a un côté bondien dans ces scènes de séduction), de l’autre en disant merde aux viragos du genre Pauline Kael et compagnie, enfin en contentant nombre de spectatrices asiatiques en leur permettant de matérialiser à l’écran la cause de leur émoi utérin.  Tout cela n’empêchera pas d’infléchir en bien le personnage d’Harry, mais l’utilisation du personnage jouée par Adele Yoshioka n’en demeure pas moins un réjouissant pied de nez. 

Terminons cet article (finalement plus long que je le pensais) avec le quatrième dur à cuire qu’Adele croisa dans sa modeste filmographie. Après George Peppard et Clint, et avant Dolph Lundgren, le quatrième larron n’est rien moins que…

 

David « Kung Fu » Carradine !

1975 : c’est la grande époque de Kung Fu qui en est à sa troisième saison. Et c’est dans cette saison que va apparaître Adele dans un épisode intitulé « The Forbidden Kingdom ». Et ce ne sera pas pour jouer une marie-couche-toi-là mais un vrai personnage, un des rôles principaux, une Chinoise que Carradine va rencontrer et aider contre des vilains. Dans cet épisode, il faut reconnaître qu’Adele est bien belle :

Et il faut toute la concentration du petit scarabée pour garder le contrôle de ses corps caverneux :

 

– Comment faut-il faire pour coucher avec vous ?

– Humpf ! Ça marche avec Harry mais avec moi, tu m’auras pas !

Reste que, pouvoir de la bijin oblige, Kwai Chang Caine ne pourra pas résister longtemps aux beaux yeux de Po Li et l’épisode se terminera sur un plan qui laissera entendre que oui, un moine Shaolin peut être capable de fourailler de la menteuse la bouche d’une bijin :

Et c’est sur ces belles images que l’on va se quitter. Moi, tout ceci m’a furieusement donné envie de relire du Martial :

Pour l’amour, laquelle est la plus douée ? Est-ce Adèle ?

Ou est-ce Léda ? Certes Léda est plus belle,

Mais Adèle a le feu quelque part, ah ! un feu

A faire se retendre le cuir le plus vieux, à vous redonner des jambes à un cul-de-jatte,

Un feu comme j’en souhaite à vos petites chattes,

Un feu que peuvent éteindre, seuls, certains pompiers.

Or Léda ne sent rien, ne dis rien pour aider ;

On la croirait ailleurs ou changée en statue.

Dieux, si vous voulez être bons sans retenue,

Donnez à Adèle le beau corps qu’a Léda

Et à Léda, ah ! le feu au cul qu’Adèle a !

 

 

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4 Commentaires

  1. Harry le charognard

    J’adore cette capacité à transformer un pauvre caillou en pépite. Grâce à toi, Adele Yoshioka a enfin un article valable sur le net. C’était pas gagné avant.

  2. Oui, tout à fait juste. Franchement, si je n’existais pas, je crois que je m’inventerais.

  3. Dans la liste des conquêtes de l’ami Clint , j’ai une tendresse particulière pour son coach dans la Sanction ( film de montagne et d’espionnage de lui et avec lui en 1975 ) , non pas George Kennedy mais l’autre George , Brenda Venus ! 😉

    • La sanction… vu il y a longtemps, mais si j’ai un peu oublié l’histoire, je garde un souvenir précis d’une certaine scène.
      null
      On peut comprendre qu’Henry Miller l’ait choisie comme muse.

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