Pink Box, de Joan Sinclair

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Pink Box est un recueil de photographies qui propose au lecteur non pas une descente aux enfers mais une descente au paradis du sexe. Logiquement, j’aurais dû écrire « montée au paradis » mais puisqu’il s’agit d’une visite guidée des boîtes de strip-tease, des soaplands et autres image clubs, on a bien l’impression d’un voyage dans un milieu underground.

Et pourtant, on est frappé en feuilletant les pages de voir l’absence de sordide. C’est coloré, clinquant et souvent réjouissant, drôle.  Il y a un côté « Disneyland sexuel » qui fait plaisir à voir et qui nous fait envier le sort du mâle Japonais, nous qui n’avons plus nos belles maisons closes d’antan. Cette différence est expliquée par un client d’un de ces endroits : « Je crois que l’homme est universellement pervers mais nous, au Japon, nous faisons quelque chose pour cela ». Aussi tout semble être fait là-bas pour soulager l’homme de cette douloureuse tare, la perversité. Et quand j’écris « tout », il faut penser au savoir-faire japonais qui a tendance à faire dans les grandes largeurs. On ne peut nier à celui-ci une grande qualité : l’imagination. Car réserver une chambre pour partager un moment avec une hôtesse serait trop simple. Il y en a pour tous les goûts, tous les fantasmes, tous les portefeuilles. Encore une fois, on pourrait craindre du glauque. Et pourtant, la façon qu’a la photographe de présenter cette diversité dans les fantasmes suscite immédiatement le sourire indulgent. Ainsi cette photo montrant un salary man, vêtu de son costume de travail, le visage rayonnant de bonheur, assis sur un lit entre deux jeunes femmes, nues… et dépassant allégrement chacune les cent kilos. Le sexe est bon, le sexe est drôle, le sexe est normal, le sexe n’a rien à voir avec la honte semble nous dire cet ouvrage. C’est sa qualité, mais aussi sa limite.  On aurait aimé que Joan Sinclair touche un peu du doigt l’envers de ce décor trop acidulé pour être honnête, donne un contrepoint en montrant une prostitution moins clinquante, mais plus crue et moins réjouissante. Peut-être la photographe avait en magasin de telles photographies mais son parti pris semble de ne pas garder cet aspect du sexe au Japon. Tant pis, ou tant mieux. « Pink Box » est une ode à la fesse légère et artistique façon japonaise.

La qualité des photos ? Disons que Joan Sinclair a su parfaitement exploiter sa chance d’être admises dans les différents établissements pour en tirer une grande variété de clichés à travers une grande variété de situations : image clubs, strip tease, bar à hôtesees, etc. On est parfois à la frontière du porno, le plus souvent c’est soft, avec une image bien colorée, bien lisse., comme la peau d’une poupée gonflable. Quelquefois, une image terriblement bruitée vous saute à la gueule. On a l’impression d’un défaut, que cela fait soudainement un peu tâche. Mais ces clichés sont intéressants en ce qu’ils donnent l’impression de dépasser brutalement le clinquant de ces vitrines. On se dit alors que Sinclair n’était pas très loin de donner un tout autre visage à ce monde du sexe à la fois trouble et déroutant de candeur.

Quelques exemples de photos que l’on trouve dans Pink Box sur ce lien :

http://www.pinkboxjapan.com/index.html

pinkbox_pg130-131

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Un Commentaire

  1. « Le sexe n’a rien à voir avec la honte semble nous dire cet ouvrage. C’est sa qualité, mais aussi sa limite. »

    Très juste. Et la littérature japonaise traditionnelle nous sert de l’amour platonique.

    Pas mal cet ofuro en plastique orange. Tant le contenant que le contenu.

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