Shoukichi Kina and Champloose – The Music Power from Okinawa

Après la musique traditionnelle d’Okinawa revue et corrigée par Ikue Asazaki, voici celle de Shoukichi Kina (喜納昌吉). Né en 1948 à Koza (sur l’île d’Okinawa donc), Shoukichi est un musicien de rock qui, durant les années 70, a monté son propre groupe, Champloose. Leur premier album, paru en 1977, est considéré comme un classique du folk-rock japonais. En fait, Kina est un peu à la musique d’Okinawa ce qu’était Marley au reggae (j’ai lu d’ailleurs quelque part que Marley connaissait et admirait Kina).

     Très festives, les 11 chansons qui composent l’album donnent l’impression d’être plongé dans un matsuri d’été à Okinawa. Ceci grâce notamment aux voix féminines, typiques de la musique traditionnelle de l’île. Le morceau le plus célèbre est le premier, « Haisai Ojisan » (interprétée dans la deuxième des vidéos ajoutées plus bas), écrit à l’âge de 16 ans. Il devint un hit alors que son auteur était en prison, en train de purger une peine pour possession de drogue. Petite erreur de jeunesse semble-t-il tant l’ensemble, qui baigne dans une joie de vivre communicative, nous semble incompatible avec une personnalité torturée. En tout cas, un regard sur le documentaire constitué par les trois vidéos qui suivent (en japonais sans sous-titres, désolé) fait bien sentir que Kina est quelqu’un d’attachant, entièrement dévoué à la musique d’Okinawa. Et l’on imagine bien volontiers aussi qu’il devait être réjouissant de danser sur sa musique dans les salles de concert, le ventre bien rempli de la fameuse nourriture d’Okinawa et de quelques « Asahi ». Oh, rectification : aux dernières nouvelles, le bonhomme est toujours en activité. Donc, si un jour vous êtes dans les parages, n’hésitez pas à vous renseigner sur d’éventuels concert. Un coup d’oeil sur son site pour vous faire définitivement envie : http://www.champloose.co.jp/index.html

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6 Commentaires

  1. Merci pour cette superbe et rare page que je viens de découvrir…qui me rappelle bp de souvenir…: La musique de Champloose dans mon walkman m’a aidé a supporter des heures de trajet dans le métro à Tokyo dans les années 80…!! Ai découvert cet extraordinaire groupe par des amis sur l’île de Yakushima… puis par Hélène C., auteure du guide « Japon » (Delta-Flamarion 1985) pour qui j’ai rédigé les chapitres « Minami-Kyushu »…
    Grace à vous je peux enfin reécouter ces musiques perdues…
    Des ressemblances aussi avec musiques « Pacifiques-Sud (Vanuatu, Nelle-Calédonie…) parfois…
    Il y a aussi à préciser que Ryuichi Sakamoto a fait un disque avec 2 ou 3 morceaux »remixés / adaptés » de Champloos (ou des mêmes traditionnels d’Okinawa que Champloose) vers 1985-90 (« Neo Geo » ?)
    Merci…

    • Merci pour ce commentaire (c’est si rare sur ce blog), et même doublement merci pour cette sympathique évocation de ta vie tokyoïte. Les sonorités de Shoukichi Kina en plein milieu de l’environnement urbain de Tokyo, ça doit faire son petit effet.
      Sinon, je ne suis pas un grand connaisseur de l’oeuvre de Sakamoto. Mais vérification faite, il apparaît qu’un des morceaux de l’album « Neo Geo » s’intitule « Okinawa song – Chin nuku Juushi ». Il est possible que l’on y trouve les remixes de Champloo dont tu parles. Merci pour le tuyau, cela m’intéresse.
      « Minami Kyushu » ? Hum, j’imagine que tu as bien connu des coins comme Kagoshima ou Miyazaki ?

  2. Merci pour cette si rapide réponse (qui montre que ce blog pas si inactif que cela…?!…) Si j’ai bien compris, tu serais le rédacteur de cet article « érudit »… sur Champloose & Shoukichi Kina ?
    Serais curieux d’en savoir plus…
    Oui, ai habité 2 ans à Kagoshima & autour…avec bp de séjours sur Yakushima…
    Précision-Additif a mon précedent mail sur Champloose: Le Guide « Japon » évoqué précédement parlait de Champloose dans son chapitre « Okinawa »…
    Pour « Neo geo », j’ai le disque mais ne l’ai pas sous la main actuellment.

    • « érudit » est un grand mot. Je me suis contenté de récolter ici et là des informations. Mon seul mérite est finalement de connaître sa musique.
      2 ans à Kagoshima, quel souvenir cela doit être. Je connais un peu (enfin, plutôt un tout petit peu) le coin, je suis allé deux fois dans un Onsen non loin de Kirishima, si je me souviens bien du nom de la petite ville. En fait, plus que Kagoshima, je connais surtout Miyazaki, pour des raisons familiales. Dans les deux cas, c’est un Japon raisonnablement urbain, à proximité de la nature, que j’adore.

  3. J’arrive un peu tard, mais si tanuki17 repasse par ici, il sera peut-être content de savoir que l’album qu’il cherchait est Beauty (aussi édité en occident), sur lequel on trouve Asadoya-yunta et Tinsagu nu hana, deux mélodies parmi les plus célèbres d’Okinawa. Sakamoto manque un peu de voix sur Asadoya Yunta mais son arrangement n’est pas désagréable !

    L’album entier est d’ailleurs très bon et n’a pas si mal vieilli que ça, malgré ses vingt ans. De même que Kina qui a fait plusieurs concerts en Europe (il a même enregistré un de ses albums les plus connus à Paris : Earth Spirit), Sakamoto s’est déjà produit sur scène à Paris avec des chanteuses d’Okinawa dont Yoriko Ganeko et Misako Koja, qui sont aujourd’hui de grandes chanteuses de chanson traditionnelle.

    Quant au père de Kina Shoukichi (Kina Shouei) qui était très connu, notamment pour avoir inventé deux-trois concepts importants dans la musique d’Okinawa d’aujourd’hui mais aussi pour avoir transcrit pas mal de musique en danger de disparition, il est décédé à Noël.

    J’en ai un peu parlé sur mon blog (cliquez sur mon nom si vous voulez vous y rendre).

    Pour ce qui est de l’admiration de Marley, je crois que Kina a comme créé une légende, mais je n’ai pas sous la main le livre qui évoque cet épisode (The power of Okinawa, par John Potter).

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